1765 Néocapitalisme et privatisation en Oisans

Cristal de roche de l’Oisans.
Collection privée.

1765 : NÉOCAPITALISME ET PRIVATISATION EN OISANS

Gazette du commerce
1765 Extrait d’une Lettre d’Oisans en Dautphiné.
Graphie originale respectée.

Les Montagnes d’Oisans en Dauphiné, Monsieur, renferment des Cristaux de roche d’une assez belle qualité, qui de tout tems ont été exploités par les Habitans de ces Montagnes. Les premiers qui travaillerent les mines de Cristal en tirerent un assez grand profit :
les Cristaux étoient rares & chers, & leur petite quantité les rendait exempts d’impôts dans le commerce qui s’en faisait. Bientôt les Travailleurs se multiplièrent, & les Cristaux devenus plus abondans, & formant un objet remarquable de Commerce, furent assujettis aux différens droits des Fermes tant dans l’intérieur, qu’à la sortie du Royaume.
En 1755, un Arrêt du Conseil du 13 Avril, supprima tous les droits sur ces cristaux, & cette opération bienfaisante aurait sans doute assuré la prospérité du Pays en favorisant son Commerce , si dans le même tems une Compagnie n’avait obtenu le privilége exclusif de l’exploitation de ces Mines. Cette Compagnie a ruiné les Montagnes où elle voulait s’enrichir, & a fini par se ruiner elle-même, & par abandonner l’extraction des Cristaux aux Habitans des lieux à qui elle l’avait arrachée. Ces Habitans en tiraient autrefois leur subsistance ; présentement la liberté de l’extraction du Cristal, dont ils ont été privés pendant dix ans, leur sera long-tems inutile ; d’autant sur-tout que l’on a rétabli les droits qui avaient été supprimés en faveur de la Compagnie : & les Cristaux, dont le prix est avili par l’abondance, sont moins que jamais dans le cas de supporter ces droits qui passent actuellement la valeur réelle de la chose.
Mais il y a tout lieu de croire que le Gouvernement leur rendra la franchise dont la Compagnie jouissait.

Note de Bernard François sur ce texte :  La compagnie en question avait été autorisée en 1746 pour une durée de 30 ans. La Société des mines du haut Dauphiné fut par la suite connue sous le nom Cie Bruno MICOUD, mais celui-ci n’était en fait que le gérant, l’affaire étant entre les mains de très importants personnages du Dauphiné, dont la marquise de Sayve. Le sieur CULET de la Garde fut mandaté pour gérer le dépôt qui était au Bourg-d’Oisans, ce qu’il fit plus ou moins à son profit et au détriment des cristalliers locaux. La compagnie avait effectivement obtenu l’exclusivité de la vente des cristaux.

J’ai traité de façon très exhaustive cette question des cristalliers de l’Oisans dans mes 2 tomes « Mémoire du Bourg-d’Oisans ».

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