1979, Freney-Besse, deux maires face à face !

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À gauche M. Barthélemy, maire de Besse, à droite M. Raymond maire du Fréney-en-Oisans

1979, FRENEY-BESSE, DEUX MAIRES FACE À FACE !
Document transmis par M. Jean-Marc ROCHE, dont le beau-père était le maire de Besse.

Grenoble. — Face à face, mais pacifiquement, amicalement, M. Émile Raymond, le doyen, maire du Fréney-d’Oisans (SIC) et le cadet, M. Robert Barthélemy, maire de Besse, deux élus de montagne qui se retrouvent parfois autour de la même table et de dossier identique.
L’un et l’autre répondent à nos questions.

Êtes-vous l’enfant de l’Oisans ?

M. Reymond : je suis né au Fréney et j’y ai grandi jusqu’à trois ans. Ensuite je suis parti puis j’ai fait ma carrière… ailleurs sans jamais abandonner l’Oisans. Je suis maire depuis 1974.

M. Barthélemy : Mes parents mes grands-parents son nés à Besse, une commune où les Barthélemy sont encore nombreux. Je me partage entre mes occupations professionnelles à Grenoble et mes devoirs de maire.

Comment décrivez-vous votre commune ?

M. Reymond : Au Fréney, vivent environ 133 sédentaires. Nous sommes placés entre deux stations de sports d’hiver ; les Orgières (NDLR: Auris) et les Deux-Alpes. Dans le pays, nous avons 24 personnes âgées de plus de 70 ans et assez peu de jeunes. Pas suffisamment à mon sens qui, l’hiver, vont travailler aux Deux-Alpes et qui l’été bricolent en quelque sorte à la maison. Il y a cinquante ans toutes les maisons étaient occupées et par exemple, les hameaux de Puy Haut et Puy Bas étaient habités. Maintenant, c’est devenu des résidences secondaires ouvertes quelques mois dans l’année.

M. Barthélemy : Besse-en-Oisans, village de haute montagne, compte une centaine de sédentaires, mais 180 électeurs. Il y a cinquante ans, la commune avait une centaine d’habitants supplémentaires. Les gens vivent essentiellement de la petite agriculture : élevage et aussi de la production de pomme de terre réputée. Côté cheptel, une centaine de bovins et cinq cents ovins.

Puisque nous parlons agriculture, on ne doit pas négliger les alpages ?

M. Reymond : C’est en effet important, dans nos alpages, nous pouvons accueillir quatre mille transhumants et nous souhaitons pouvoir augmenter leur capacité. Il faut bien admettre que l’activité agricole a presque disparu chez nous. Je crois qu’il reste deux vaches au pays et un seul éleveur de moutons.

M. Barthélemy : Oui, les alpages pendant l’été maintiennent dans nos montagnes une activité intéressante. Ils maintiennent la vie. Nous pouvons accueillir près de 8000 ovins et nous avons en projet la création d’une association Foncière Pastorale qui devrait nous permettre de mieux exploiter encore les terrains qui ne le sont pas.

Dans vos communes, peut-on parler de sang nouveau, par le biais de constructions nouvelles ?

M. Reymond : En un an, nous avons délivré dix permis de construire demandés par les gens « étrangers » au pays et notamment originaires du Midi. Ils sont passés chez nous, le coin leur a plu. L’essentiel pourtant, semble la restauration de maison plus ou moins abandonnée. Nous avons par exemple l’ancien presbytère loué en été à une association et l’ancienne gendarmerie dans laquelle nous espérons voir s’installer une autre association de Vendée.

M. Barthélemy : Chez nous, à Besse, pas de constructions nouvelles, mais seulement un effort de longue haleine dans la rénovation de bâtiments anciens, pour le neuf, les terrains font défaut.

Quelles sont les ressources de vos communes ?

M. Reymond : On peut à peine parler de ressources tellement elles sont limitées. IL faut en créer de nouvelles, créer des activités nouvelles. Je pense, moi, à la réalisation d’un caravaning qui serait très utile en toutes saisons. Mais les propriétaires de terrains ne veulent pas. Du moins pour le moment. Nous possédons trois hôtels avec une cinquantaine de chambres. C’est insuffisant. Comme je le disais tout à l’heure, notre situation géographique entre deux stations attire une clientèle potentielle. Mais nous n’avons pas assez de capacité d’accueil pour la retenir. Nous avons aujourd’hui un épicier, un tabac, un marchand de chardon-fuel. Il n’y a pas si longtemps, il y avait trois boulangers et trois bouchers.

M. Barthélemy : À Besse, également, nos ressources sont très faibles. Notre budget est alimenté par le produit de l’impôt et des locations d’alpages. Nous avons un hôtel avec trois chambres et maintenant, un gîte qui est situé sur les parcours de la Grande traversée des Alpes. Depuis deux ans déjà. Il n’est pas rare de voir une vingtaine de personnes y faire halte le soir en bonne saison. Nous avons en projet l’aménagement de deux gîtes ruraux au presbytère et de l’ancienne école en classe de nature. Il faut de l’argent pour cela.

Avez-vous un personnel permanent pour vous aider dans la gestion de la commune ?

M. Reymond : Nous sommes dans l’obligation de dépenser le moins possible donc de faire le maximum nous-mêmes. Au Fréney, un agent communal travail trois jours par semaine et une secrétaire un jour par semaine, on se débrouille.

M. Barthélemy : Nous n’avons que des temporaires, dont une secrétaire, quelques heures par semaine, un remonte-horloge (mais oui) qui intervient une fois par semaine pour remonter l’horloge, comme son nom l’indique, et un garde que l’on paie à la vacation. Nous ressentons la nécessité urgente d’améliorer la situation et d’avoir une secrétaire à mi-temps payée par la commune. Même dans une petite commune, le nombre de dossiers ne cesse d’augmenter.

Avez-vous des projets ?

M. Reymond : Fort peu, faute de moyen financier. J’ai parlé de caravaning, mais pour l’instant, l’idée ne débouche pas. Ce qui nous préoccupe, c’est le financement du projet d’adduction d’eau potable qui va nous coûter cent millions de centimes. C’est important, notamment pour posséder une réserve en cas d’incendie.

M. Barthélemy : Nos projets consistent, essentiellement, à poursuivre l’aménagement du village avec une nouvelle tranche d’électrification et la mise en place d’une antenne TV communautaire.

Dernière question, êtes-vous confiants, optimiste pour l’avenir ?

M. Reymond : pour l’être, il faudrait que nos gens soient plus compréhensifs et partagent davantage encore nos soucis. Ma commune malheureusement n’est pas dans la zone du Parc des Écrins, ce qui est un handicap et le Syndicat intercommunal des Grandes Rousses ne nous apporte pas grand-chose. L’avenir est assez bouché pour les communes de montagne. Et pourtant, on fait beaucoup de discours.

M. Barthélemy : Optimiste ? Oui, je le suis et le reste pour nos communes de montagne. Ne croyez-vous pas, malgré tous les problèmes qui sont les nôtres et ceux des montagnards, que la qualité de vie, ici, n’est pas meilleure que dans les concentrations urbaines ? Il faut savoir se satisfaire d’une certaine conception de l’existence. Tenez, il y a des étrangers qui l’ont bien compris et qui n’hésitent pas à se rendre propriétaire de maisons qui tombent en ruines.

Propos recueillis par S. Ribeaud.

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