Fête de la charité au Bourg-d’Oisans

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Carte postale d’une fête costumée au Bourg-d’Oisans vers 1910.

FÊTE DE LA CHARITÉ AU BOURG-D’OISANS
Le Bourg-d’Oisans organise une fête pour ses pauvres. 

Publication, les Alpes Pittoresques.
Septembre 1905

La Saison dans les Alpes septentrionales s’achève. Déjà les premières neiges argentent les monts et les hiverneurs, en hâte gagnent les rives ensoleillées et fleuries de la Côte-d’Azur. Et, avec cet exode, un peu précipité en raison du précoce hiver, nous parviennent les derniers échos de nos dernières fêtes estivales. Il ne sera point trop tard pour parler encore d’une de ces manifestations qui, au sein d’un de nos plus célèbres massifs, fut entre toutes, animée pittoresque et brillante.

En vérité, ce fut une journée charmante que cette fête champêtre, habilement organisée dans l’une des plus pittoresques stations de nos Alpes Dauphinoises : au Bourg-d’Oisans, capitale de cette région superbe et grandiose que l’on a dénommée « L’Oberland français ».

La fête a pleinement réussi et ce succès fut, en somme, la juste récompense du dévouement sans bornes dont firent preuve, un mois durant, les membres de la Commission organisatrice, choisis parmi les plus distingués et les plus aimables fonctionnaires de cette station estivale, et qui ne nous en voudront pas, sans doute, de les avoir ainsi rassemblés, en un groupe des plus sympathiques, comme un hommage à leur intelligente et généreuse initiative.

Il serait oiseux de revenir en détail sur chacune des parties d’un programme très judicieusement et très éclectiquement compris, qui fut suivi de point en point sans la moindre anicroche. Les Commerçants du Bourg-d’Oisans, au surplus, secondèrent ainsi qu’il convenait les organisateurs. Les maisons, les avenues, les rues du Bourg disparaissaient sous d’abondantes guirlandes de sapins, piquées par ci, par là, de fleurs alpestres et cela formait un tout gentiment chatoyant joliment enchâssé dans un cadre merveilleux et sévère que limitent, d’une part, le Signal de Prégentil et les blanches cimes de Belledonne, et, d’autre part, la Chaîne des Rousses et le pic de Pied-Montet (Sic). À l’aube naissante, le canon, perche sur le Belvédère qui domine le Bourg annonça la fête et tout aussitôt éclatèrent de joyeuses fanfares… C’étaient les intrépides « Sonneurs de l’Oisans » qui, sous la direction de leur habile chef, M. P. Pélissier, sonnaient un réveil endiablé, mettant tout le monde aux fenêtres.
Dès lors, le programme se déroula tel qu’il avait été prévu.
De toutes parts, les visiteurs affluèrent, plusieurs trains successifs déversèrent des flots de voyageurs, les habitants des montagnes avoisinantes firent irruption, parés de leurs habits de grandes fêtes et Messire Phébus, lui-même, daignant sourire, du haut de la nué, prêta son concours à cette riante journée. Tout fut parfait.

Le matin, tandis , que le sympathique maire du Bourg-d’Oisans, M. le Docteur Girard, faisait procéder à des distributions de vivres aux indigents, sur les quais de la Rive, majestueux, un aéronaute partit dans la « Liberté » et s’en fut au gré des vents… L’après-midi, la fête reprit plus animée. Une cavalcade très heureusement conçue fit dérouler à travers le Bourg tout un cortège de voitures et de chars pleins d’originalité. À l’issue de ce défilé, le jury réuni, examina, approfondit, discuta très sentencieusement et, finalement, rendit un jugement, accordant le premier prix des voitures fleuries à la victoria de Mlles Bayoud et le premier prix de chars aux Sonneurs de l’Oisans. Nous avons le plaisir de reproduire ici ces deux « premiers prix ». Durant la cavalcade ce fut, sur toutes les promenades, une bataille de confettis acharnée, soutenue, à la queue prit part toute la colonie étrangère qui, à cette époque de l’année, était au grand complet dans les quatre grands hôtels de l’Oisans : Terminus, Oberland, Milan et Ramel. Partout les flocons multicolores voletaient, égayant de leurs vives couleurs les toilettes des dames et des jeunes filles et les habits des très graves commissaires… Cette bataille, très pacifique en somme, ne prit fin que faute de munitions et le défilé de la cavalcade se termina longtemps après que le soleil eut disparu derrière les montagnes de l’Alpe d’Huez.
Le soir, un brillant feu d’artifice, tiré sur l’avenue de la Gare, mit en joie tout le monde et un bal champêtre très animé, clôturait cette soirée qui, en réalité se prolongea jusqu’au petit jour… Le lendemain, pour parachever cette fête de la Charité, le tirage d’une loterie eut lieu dans la salle des fêtes de l’Hôtel-de-Ville, sous la présidence de M. le docteur Girard ; toujours empressé, toujours infatigable. L’excellent maire du Bourg-d’Oisans, en une improvisation charmante remercia au nom de ses concitoyens les membres du Comité des Fêtés, il les félicita de l’oeuvre entreprise, il les félicita aussi du triomphe remporté, et qui permettra, grâce aux quelques billets bleus tombés dans l’escarcelle des pauvres de faire oublier à bien des malheurs ses gens les rudesses de la mauvaise saison.
Nous sommes heureux de profiter de l’occasion qui nous est offerte pour nous associer pleinement à la vibrante parole de M. le Docteur Girard pour féliciter à notre tour les membres de ce Comité des fêtes de bienfaisance :  MM, Couget, percepteur, président ; F: · Siaud, huissier, vice-président ; R(?)met, agent-voyer (?), secrétaire; Michalloud, percepteur, trésorier; E. Ramel pharmacien, trésorier-adjoint ; le Docteur G Daday, Barthelon, receveur de l’Enregistement et P. Pelissier, notaire, membres.

Il convient de louer sans réserve tant d’initiatives, tant de bonnes volontés tans de grands cœurs qui sont souvenus avec le poète : 
Qu’en tombant dans la main des pauvres l’or apporte
Un reflet scintillant du plaisir qu’ils n’ont pas.

-L. Ch. BERNARD.

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