Le saviez-vous ?

LA GRAVE EN OISANS

grave_oisansNe vous êtes vous jamais demandé pourquoi La Grave et Villar-d’Arène, dans le département des Hautes-Alpes (05), ne faisait pas partie du canton de l’Oisans.
Pourtant, Dame Nature a tout fait pour les réunir par leurs proximités, par la similitude des paysages, des roches et des vallons, de la faune et de la flore…
Et bien ce que Dame Nature avait si bien rassemblé, une poignée d’hommes et une pincée de promesses vont le défaire.
L’histoire commence en 1790, au lendemain de la révolution Française le pays voit de nombreuses réformes gommer les traces de la monarchie. Certains changements ont cependant une véritable finalité pratique pour aider le pays dans son nouveau départ. C’est le cas de la création des départements.

Dès 1665, une proposition de division du territoire en zones fiscales avait été faite au roi Louis XV, mais le premier découpage de la France en territoires uniformes date de 1788. Le chef lieu de chaque département devait être « central » et accessible équitablement à tous les cantons qui le forment.
Le 22 décembre 1789, les départements furent validés par l’Assemblée constituante. Et c’est le 26 février 1790 que les limites précises des 83 départements furent déterminées.
C’est sans doute cette journée du 26 que la Grave et Villar-d’Arène quittèrent officiellement le mandement de l’Oisans en Isère pour devenir le canton à part entière de la Grave (constitué de deux communes, celle de la Grave et Villar-d’Arène) du département des Hautes-Alpes.
Mais que s’est-il passé ?
Certains livres nous parlent d’une distraction administrative. Cette réponse semble pour le moins simpliste.
D’autres affirment que c’était une décision des habitants. Ils auraient été charmés par la garantie du passage sur les deux communes du tracé de la route qui vient de Grenoble pour aller vers Briançon. Cette route sortirait ainsi les deux villages de l’isolement et d’une position en « cul de sac » du Canton de l’Oisans. Cette hypothèse ne convainc pas non plus car depuis l’antiquité, la Grave est le lieu de passage d’une voie commerciale connue figurant sur de nombreuses cartes.
Il aurait été aussi question de dispense à une conscription a la milice, d’un allègement de taxe sur le sel, mais surtout d’un partage des forêts du Briançonnais en échange du ralliement des deux communes aux Hautes-Alpes. Cette affirmation nous semble la plus plausible. La Grave ne dispose pas de forêts ce qui n’est pas sans poser d’importants problèmes à la commune. Dans un document du milieu XVe siècle il est mentionné :
« Si l’on veut construire une maison dans cette paroisse, il est impossible de trouver les matériaux nécessaires pour la construction.« 
Le bois est une matière première primordiale pour la commune et ses villageois. Cet appât était bien trop alléchant pour le laisser filer. C’est par une pétition que les Gravanchons firent connaitre leur souhait qui fut exaucé le 26 février 1790.
Pourquoi ce désir des Hautes-Alpes d’absorber les communes de la Grave et de Villar-d’Arène ? Il semblerait qu’une question de largeur de territoire soit à l’origine de toute l’histoire. Les représentants des Hautes-Alpes, trouvant le dessin de leur département bien trop étroit par rapport aux départements voisins, auraient alors imaginé ce plan pour gagner un peu d’embonpoint.
Mais l’appât n’était qu’un leurre, jamais la Grave ne vit la couleur des forêts promises. Dès 1795, les Gravanchons firent la demande de retourner au canton de l’Oisans, demande répétée en 1800. Les deux demandes furent rejetées par le département des Hautes-Alpes qui refusait catégoriquement de se faire « décapité » de son canton de la Grave.

Pour conclure, on peut affirmer sans se tromper que les représentants des Hautes-Alpes, parvenus à convaincre les Gravanchons, parlaient fort bien la langue de bois.

Sources :

Guide du Voyageur de l’Oisans, J.H.Roussillon
ISBN : 2 7061 0167 9

Noms de Lieux quelle histoire, Pierre Barnola,
ISBN : 978 2 9532210 0 8

Souvenirs des montagnes de l’Oisans, Marius Hostache
ISBN : inconnu (1976)

L’Oisans dans les troubles de la fin du moyen âge, Bernadette Di Fant – Mogenier
ISBN : 2 84424 066 6

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