Le facteur amoureux de beaux quartz

Entrée de la Mine de la Gardette, Hippolyte Muller, vers 1900. Fonds d’archives Musée Dauphinois.

LE FACTEUR AMOUREUX DE BEAUX QUARTZ
Extrait du Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Lyon, n°6, juin 1970, 39ᵉ année,
Texte coécrit par : Pierre Termier Alexis Chermette 

Voici un texte très court, relatant la mésaventure d’un facteur du Bourg-d’Oisans qui aimait trop les minéraux.

[…] 
C’était avant la guerre (la grande !).
Depuis les amateurs ou les professionnels sont venus nombreux et l’on ne voit plus que les restes de ce qui devait être de belles géodes. Plus d’un d’ailleurs a dû en ramener des souvenirs douloureux tant il y a à La Gardette de quoi glisser, tomber, se couper, se taper… et nous ne retiendrons, à titre d’exemple, que l’aventure survenue à ce facteur du Bourg-d’Oisans qui, amoureux de beaux quartz a payé d’un séjour prolongé dans la mine l’exclusivité qu’il apportait à sa quête.

Parti seul, comme il avait coutume de le faire, notre « préposé » avant la lettre, s’était armé de son courage, d’un lumignon et d’une corde de chanvre (le nylon n’existait pas encore). Il descendit, après avoir par couru la plus longue galerie, dans le puits au fond duquel se trouve un conduit qui amène à « la grande géode ».
Sans doute la corde qu’il avait emportée était-elle juste suffisante pour lui permettre de descendre les 15 mètres du puits.

Arrivé au bas du puits, on imagine facilement notre facteur s’enfonçant dans le boyau qu’on ne parcourt qu’accroupi et, arrivé aux cristaux, usant de la masse et du burin pour détacher quelque bel échantillon et demeurant là quelques heures.

Mais quelle fut l’intensité de son émotion lorsque revenant, les bras plus ou moins chargés de cristaux, au pieds du puits, il découvrit que sa corde était inaccessible ; du fait de l’eau qui court toujours le long de la paroi du puits, elle avait rétréci de un ou deux mètres. Il dut sans doute chercher longtemps les moyens de l’atteindre jusqu’à ce que, épuisé et sans lumière, il se résigne, gagné par une panique que l’on comprend facilement, à une bien triste fin.

Il ne dut son salut qu’à des amis du Bourg qui connaissaient son goût pour les cristaux et vinrent le délivrer 48 heures plus tard.
On dit d’ailleurs qu’il garda longtemps les traces indélébiles de son aventure…

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