Les colporteurs herboristes

LES COLPORTEURS HERBORISTES ET DROGUISTES DE L’OISANS.
Merci à Marie pour sa relecture et ses bons conseils.

elixirEn Oisans, ils n’étaient pas très nombreux à pratiquer ce colportage très spécialisé et souvent à la limite de la légalité. Dans les livres on en recense à la Garde, Auris et Oulles…
Les herboristes ou droguistes quittaient leur « pays » pour une courte tournée, pas plus de 3 mois. Juchée sur leurs épaules, une balle d’osier compartimentée ou une caisse en bois à tiroir. Savamment placées des bouteilles, des fioles contenant toutes sortes de décoctions, liqueurs, herbes à tisane, y trouvaient leurs places. Réalisées avec des plantes cueillies tout au long de l’été sur les pentes des montagnes de l’Oisans, ces préparations n’avaient en règle générale aucune propriété médicinale avérée. Le talent de l’herboriste et le boniment qui agrémentaient chaque vente rendait sa liqueur très attractive. Ces préparations, à l’époque où l’apothicaire n’existait qu’en ville, composées de plantes reconnues médicinales (coucous, pulmonaire, violette et autre tussilage pour les affections pulmonaires, bronchiques ou rhumes) pouvaient en l’occurrence, s’avérer curatives. La dilution exagérée des principes actifs de chaque plante ne tenait qu’au sérieux du colporteur.  

Certes, les préparations locales n’étaient pas aussi efficaces que le thé suisse ou les biscuits purgatifs ou dragées laxatives qui faisaient partis des rayonnages de l’herboriste, elles offraient cependant l’énorme avantage de ne pas coûter un sou pour leur fabrication. Un peu d’eau, du sucre, deux trois plantes odorantes, parfois une étiquette ou un pseudo diplôme honoré d’un prix prestigieux et le miraculeux médicament était prêt pour la vente.
En règle générale, le colporteur herboriste préférait arpenter les coins reculés de la campagne profonde ou des croyances bien ancrées pouvaient l’aider à épaissir son discours de vendeur.
Le client naïf ou trop poli pour refuser l’abordage du volubile camelot n’y voyait que du feu. Le colporteur l’envoutait dans un tourbillon de paroles et de formules ou de mots plus savants les uns que les autres. Pour enfoncer le clou, il racontait des histoires vécues où la prise du médicament avait provoqué le miracle devant ces yeux… Pour les plus margoulins, ils n’hésitaient pas à faire participer un comparse qui exécutait le « miracle » devant les yeux d’une foule médusée.
Plus qu’une consultation, c’est un spectacle que donnait l’herboriste. Les meilleurs vendaient presque à coup sûr après chaque représentation.
Certains s’autoproclamaient Docteur et consultaient dans une chambre d’hôtel qu’ils louaient spécialement pour l’occasion. Un prospectus très explicite ou un bouche à oreille (savamment orchestré) suffisait à leur assurer toute la publicité nécessaire pour leur garantir une clientèle.
Les herboristes et les droguistes traitaient aussi les maladies les plus courantes dans les campagnes profondes comme le chaud froid (bronchite ou pneumonie) le sang tourné (choc émotionnel, perte de connaissance ou dérangement mental) ou les vers (parasites chez l’enfant). À la longue, et avec du repos, un peu de réconfort ou une diète ces malades finissaient par guérir tout seul, sauf complications.
D’autres, en plus de leur spécialité d’herboriste, détenaient un savoir vétérinaire, et savaient soigner, mettre bas, penser un animal blessé. D’autres encore s’improvisaient arracheur de dents, mais je gage qu’il fallait être aux portes de l’agonie pour faire appel à leurs services.
Tous n’étaient pas des charlatans, certains colporteurs avaient développé un véritable savoir-faire et de véritables connaissances des plantes transmises par leurs aïeux. On les appelle aujourd’hui d’une manière péjorative « recettes de grand-mère ». Certaines plantes aux propriétés curatives et médicinales préparées avec application favorisaient ou accéléraient la guérison. En 2004, Denise DELCOUR a rencontré ces quelques spécialistes (ou leurs descendants) de ces plantes de montagne et notamment celles de l’Oisans et a recueilli leurs témoignages pour l’écriture de son livre « PLANTES ET GENS DES HAUTS » Usage et raison de la flore populaire médicinale haut-alpine (éditeur: Les cahiers de Salagon 9 Les Alpes de lumière, ISBN 2-906162-68-X).

Je vous propose de découvrir les recettes de ces préparations grâce au formidable travail de Paula de la Balme notre herboriste en chef.
Cette page sera mise à jour à chaque nouvelle recette préparée par Paula.

Cliquez sur les images pour connaître la recette.

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