Les conditions de vie des maîtres d’école d’antan au XIXe siècle

Maitre d’école

LES CONDITIONS DE VIE DES MAITRES D’ÉCOLE D’ANTAN AU XIXe SIÈCLE.

Extrait (p. 119) du livre d’André Baroz, « Les maitres d’école d’antan, Des régents à Jules Ferry ».

Édition : 1996
ISBN : 2-9507772-0-1

L’obtention nécessaire d’un brevet en 1816 et la création des Écoles. Normales ont considérablement  amélioré la situation des maîtres. Certes les traitements n’ont pas été immédiatement importants, mais les communes qui doivent assumer cette dépense ont fait un gros effort même si ~elles ne sont pas riches (ou du moins elles le disent).

La loi du 28 juin 1833 fixe le salaire du maître à 200 frs par an. Si certains conseils municipaux sont d’accord pour payer ainsi l’instituteur comme Saint-Pierre de Chartreuse, d’autres, tout en considérant que c’est peu (c’est le cas de Pinsot) estiment ne pouvoir faire un tel effort et réclament même un secours du Département ou de l’État. Fort heureusement pour l’enseignant, la rétribution scolaire c’est-à-dire la part mensuelle que doivent payer les parents vient améliorer la situation. Dans la plupart dés communes, on verse chaque mois une somme qui correspond à ce qu’apprend l’enfant : en général 1 fr pour celui qui apprend à lire 1 fr 25 pour écrire et 1 fr 50 pour connaître la « chiffre » (à Huez, on dit cela d’une façon pittoresque). 1 fr pour les « écrivains » et « septente cinq » centimes pour les « commansant ». Évidemment les parents ne paient que pendant les mois où les enfants fréquentent l’école et, durant la belle saison, le maître doit, se contenter de son salaire fixe qui est payé mensuellement.

Les closes s’améliorent au moment du vote des lois Falloux où il est décidé que le traitement du maître ne doit pas être inférieur à 600 frs et ce en 1850 et 700 frs en 1862 (après 5 ans d’ancienneté).

Pour avoir un point de comparaison, sachons qu’en 1860 environ, le lait vaut deux sous le litre le vin 3 sous, la douzaine d’oeufs 4 sous, le beurre coûte 5 sous la livre ; le paysan vend 25 frs l’hectolitre de blé. (Nous rappelons que le sou vaut 5 centimes).

Les maîtres d’école devaient cotiser à une Caisse d’Épargne et de Prévoyance.

Nous avons découvert qu’à Oulles, l’instituteur Jean Juillard qui a enseigné de 1839 à novembre 1847, effectué des versements de 97 frs 06, et il est mort à 30 ans. Sa veuve, Marguerite Chaix de Villard-Reculas demande remboursement de la somme. Nous apprenons que la retenue est de 10 frs sur le traitement annuel soit 5%. Dans le cas précédent, nous constatons que les intérêts devaient se capitaliser.

Les cours d’adultes sont un moyen d’apporter un supplément bien que les maîtres les aient assurés bénévolement, conscients de la nécessité d’enseigner à ceux qui n’ont pu aller à l’école, mais les conseils municipaux et les comités locaux d’instruction publique estiment que ·ce travail doit être rémunéré.

À Autrans de 1866 à 1868, le maître Chalvin « ne veut pour cela aucune rétribution », mais le maire demande une indemnité de 100 francs.

À Allemont, le 18 octobre 1871, le Conseil municipal accepte le principe d’une indemnité de 72 frs pour ces cours rendus obligatoires par le Comité départemental et ce pour les sieurs Baral Jean-Pierre, instituteur au chef-lieu et Guillet Hilaire, au Rivier, mais « la commune est obérée de dettes (sic) et n’a pas les ressources suffisantes pour faire face à ces dépenses ». Il faut donc que l’État ou le Département se substitue à elle ( les dépenses pour la défense nationale ayant été trop importante).

Au Freney-d’Oisans, pendant l’année scolaire 1874 – 1875 et pour les mois de décembre, janvier et février, seize garçons ont fréquenté ces cours et parmi eux, dix de 13 à 17 ans allaient à l’école le jour et complétaient le soir leurs connaissances. Le maître Monsieur Delesty reçoit pour cela 35 frs. Son épouse fait de même pour neuf filles de 12 à 22 ans et elle  est payée 30 frs.

Il y avait pour ces adultes trois classes de deux heures par semaine et on leur enseignait l’orthographe, la géométrie pratique, la lecture des manuscrits, la géographie et le style.

À Huez, la commune est mise en demeure par le ministère de payer l’institutrice, madame Barthélemy qui en 1874 a réuni dix-huit adultes pendant quatre mois. Le Conseil appelle cela « École d’adultes de nuit ». Les adultes avaient 15 heures de classe par semaine.

Une autre ressource, c’est le secrétariat de Mairie, mais il faut en obtenir le droit : en 1878 à la Ferrière « Le sieur Fenouillet est autorisé a être secrétaire de mairie par lettre du Conseil départemental de l’Instruction publique ». Fenouillet est dans ce poste depuis 1875.

L’épouse de l’instituteur est souvent « Directrice des travaux d’aiguille » et la nomination est faite par l’Inspecteur d’Académie. Au Rivier d’Allemont, Madame Philomène Gillet obtient ce poste en 1871 avec un traitement de cinquante francs. Le Conseil municipal arguant toujours des questions de la défense nationale demande que les parents paient. Finalement, après cette participation, le Conseil municipal accepte de payer Madame Guillet.

À Oulles en 1879, le Préfet à nommé, d’office Madame Eynard femme de l’instituteur au traitement annuel de 80 fr. La commune faisant des difficultés, l’inspecteur d’Académie insiste et obtient satisfaction.

Finalement, le maître d’école qui enseigne la jeunesse et même les adultes, rends service à tous en étant secrétaire de mairie, règle beaucoup de conflits quand il est géomètre, devient des la seconde moitié du XIXe siècle, avec le maire et le curé ou le pasteur un personnage dans la commune. Il se sent supérieur par le savoir. Tout cela fait que les candidats sont nombreux aux diverses Écoles Normales.

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