Incursions des Mandrins en Oisans.

Illustration d’après nature de Louis Mandrin, emprisonné à Valence, dessin réalisé quelques heures avant son exécution.

INCURSIONS « DES MANDRINS » EN OISANS.
Première publication, 4 mars 2017, mise à jour le 20 novembre 2022.

1er Extrait : L’Oisans,
Recherches historiques, par Louis CORTES, P. 127 et 128.

Source : Gallica
Bulletin de l’académie delphinale publié en 1927. 

2e Extraits :
La contrebande à main armée en Dauphiné au alentour de 1750
Discours de Réception à l’Académie Delphinale du Marquis de MARCIEU, séance du 28 octobre 1927

UN ÉCHO DE L’HISTOIRE DE MANDRIN.
Louis Mandrin lui-même ne fut pas inconnu en Oisans. Personne n’ignore que l’une des occupations du célèbre aventurier était d’opérer la contrebande entre la Savoie, le Dauphiné, les États du pape à Avignon et la. Provence.
Ceci ne l’empêchait pas, entre temps, de piller quand il en avait l’occasion les caisses publiques, en malmenant ou pis encore ceux qui les gardaient. Il traversait ainsi le Dauphiné, se défendant s’il était attaqué, mais la plupart du temps se conduisant à peu près correctement, afin de ne pas s’aliéner les populations.
Dans leurs chevauchées à travers l’Oisans, les contrebandiers sont surtout dirigés par le lieutenant de Mandrin, Louis Cochet, dit Manot.

Nous rapportons plaisamment à son sujet une savoureuse anecdote, extraite des archives de la guerre, V. 3406, page 315, publiée par M. Rey, ex-inspecteur d’Académie de l’Isère.

Les contrebandiers passants cie Savoie en Dauphiné « descendent sur Clavans, franchissent le col de Besse, Mizoën, le Freney et s’abattent comme une trombe sur Bourg-d’Oisans. À leur vue, les employés des fermes, au nombre de 14, pris d’une soudaine panique, s’enfuient affolés, abandonnant registres, papiers, caisse, et la population du Bourg fut tellement terrifiée par l’apparition des mandrins que, malgré les ordres formels du comte de Marcieu, les consuls apeurés oublièrent de faire sonner le tocsin et d’avertir les communautés voisines et les autorités du passage de ces bandits.
Poursuivant leur route sans s’arrêter, Manot et ses cavaliers, au nombre de 24, courent de toute la vitesse de leurs chevaux jusqu’à la Paute, franchissent le col d’Ornon et, par le Périer, se dirigent vers le Comtat-Venaissin et la Provence. Le comte de l’Hospital, maréchal de camp, dont le quartier général est à Voiron, écrit à ce sujet au Ministre de la Guerre, le 11 juin 1755 : « A l’égard de la « bande de Manot, on a enfin découvert qu’elle avait pris route par le Bourg-d’Oisans, où les employés ont pris la fuite en l’apercevant, et sans avoir averti sur le champ qui que ce soit, ainsi que les communautés où cette bande a pu passer. Le temps nous en apprendra plus au juste la route, et j’espère que Monsieur de Marcieu sévira contre les communautés qui ont négligé ou ralentis leurs enseignements à cet égard.

LA CONTREBANDE A MAIN ARMÉE EN DAUPHINÉ AUX ALENTOURS DE 1750
Discours de Réception à l’Académie Delphinale du Marquis de MARCIEU, séance du 28 octobre 1927

[…]
C’est le 8 avril (1755) à 7 heures du soir que se place le guet-apens qui devait coûter la vie à M. Le Roux de la Motte, contrôleur général des fermes, subdélégué au Pont-de-Beauvoisin et chef du service des renseignements. Espérant parvenir à acheter Piémontois, l’un des principaux contrebandiers de l’endroit, il avait pris rendez-vous avec lui sur les bords du Guiers. Piémontois, se tenant bien en évidence sur la rive de Savoie, avait embusqué deux camarades dans une haie touffue de l’autre côté de l’eau.
Quand Le Roux de la Motte approcha sans défiance, il essuya à bout portant une décharge de trois coups de fusil dont il mourut le surlendemain.
Une quinzaine de jours plus tard une bande de onze contrebandiers tenant en main onze chevaux chargés pénètre en Dauphiné vers les Échelles, passe l’Isère à Poliénas et, pour échapper à la poursuite d’une compagnie de quarante cavaliers des volontaires de Flandre et de Dauphiné, se réfugie dans le comtat. Après y avoir écoulé sa pacotille, elle rentre en France, s’empare des portes du Buis, menace de mort les consuls au cas où ils feraient sonner le tocsin, puis, par La Motte-Chalençon, Châtillon, la Croix-Haute, Clelles, le col d’Ornon, elle gagne le Bourg-d’Oisans. Quinze employés des fermes réunis en ce dernier lieu n’osent l’y attendre. Finalement, par le col de Besse, la bande se réfugie en Maurienne. […]

En septembre (1755), trente contrebandiers, dont sept ou huit à cheval, se rendent maîtres du village de Besse-en-Oisans, blessent quelques employés, volent de l’argent et des meubles aux habitants et pillent la caisse du sieur Faure, receveur des droits royaux. Laronde, leur chef, fameux par quatre évasions successives, est pris trois semaines plus tard par les grenadiers de Soissonnais et traduit aux prisons de Valence. […]

Nota : Mandrin meurt le 26 mai 1755, roué vif, en place des Clercs de Valence, mais sa troupe continuera ses exactions durant de nombreux mois en Dauphiné.  

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