Les paroisses d’Oisans durant la 1re Guerre mondiale.

2e Régiment d’Artillerie de Campagne, issue de la superbe exposition « L’OISANS DANS LA GRANDE GUERRE » réalisée par la Maison des Alpages de Besse en Oisans.

ORGANISATION DES PAROISSES DE L’OISANS PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Revue Dieu et Patrie.

L’héroïsme du clergé français devant l’ennemi. (Paris)
Édition : 02 mai 1915

Le rude hiver. — Le service des paroisses.

L’ambulance du Bourg
Un de nos amis nous communique ses impressions à la suite d’une visite dans la capitale de l’Oisans : J’ai, pu voir et interroger plusieurs prêtres du canton, et grande a été mon émotion en constatant la situation particulièrement douloureuse et pénible que la guerre a créée dans cette région du diocèse.

Le canton du Bourg-d’Oisans compte vingt-deux paroisses. Les riverains du Rhône, les habitants des plaines du Viennois ou des collines du centre du département, les Grenoblois eux-mêmes, si amoureux des montagnes qui font un cadre merveilleux à leur ville, ne peuvent pas soupçonner ce que sont ces paroisses situées à des altitudes invraisemblables, plantées sur des à-pics vertigineux, accrochées aux flancs des grandes Alpes, où des populations clairsemées cultivent un sol ingrat. Les touristes qui visitent, en passant, par la belle saison, ces sites, de jour en jour plus célèbres, se font-ils une idée bien exacte de la vie des montagnes pendant le temps de l’hiver, de la neige et des avalanches ?

Depuis la mobilisation, pour desservir ces 22 paroisses, séparées par des précipices et des distances considérables, il ne reste plus en Oisans que six prêtres. Ils sont aidés par M. l’abbé Marque qui monte souvent aux paroisses du Mont-de-Lans, du Freney et de Mizoën, où, tour à tour, il catéchise, administre les sacrements, célèbre la sainte messe. Ce que furent ce rude ministère et le zèle de M. l’abbé Marque, pendant ces longs mois d’hiver, les braves gens de l’Oisans peuvent le dire.

Dans la Combe d’Olle, c’est presque un vieillard, M. le chanoine Ferrat, curé d’Allemont depuis trente ans, qui a sur les bras quatre paroisses. À travers mille difficultés, il va porter le secours de son ministère au Rivier-d’Allemont, à Vaujany et à Oz. Il ne craint ni les amoncellements de neige, ni les passages impraticables, ni les églises glaciales.

M. le curé de Huez, lui, était déjà, avant la guerre, chargé du Villard-Reculas. En temps ordinaire, on peut y accéder par le fameux « chemin de la Confession ». Mais, au gros de l’hiver, si long dans les Alpes, M. le curé doit opérer une descente, en vol plané, depuis Huez jusqu’à la plaine du Bourg — trois heures quand il fait beau, presque le double à certains jours de neige — et remonter au Villard, qui se trouve à peu près, à la même altitude que Huez, quatorze à quinze cents mètres.

M. l’abbé Brizou assure en outre le service de la paroisse d’Auris, située au-dessus des gorges de l’Infernet.

Quand on a touché à la plaine, au pied de la cascade de Sarene, il faut remonter le cours de la Romanche, cinq à six kilomètres sur la grande route de Grenoble à Briançon, avant de prendre, au fond du ravin, le vieux chemin d’Auris qui escalade des pentes presque verticales, où l’on rencontre un passage assez justement appelé« la cheminée du diable ».

Ah ! citadins, citadins, qui ne rêvez que tramways et automobiles et chauffage central, pensez quelquefois à ces missionnaires qui s’aventurent seuls sur les routes glacées et interminables de nos Alpes !

M. l’abbé Ardoin n’a que quarante-quatre ans, mais il paraît en porter davantage tant sa santé est délicate ! Il assure le service de sa propre paroisse, Besse, et de Clavans, deux paroisses des plus religieuses de l’Oisans. Chaque dimanche, M. Ardoin dit la messe dans chacune des chrétientés qui lui sont confiées.

M. le curé des Sables a pour apanage Oulles (130 habitants), Ornon 415, Villard-Notre-Dame, 100, et Villard-St-Jean (Villard Reymond) 120. Si le chiffre de ses fidèles n’est pas élevé, par contre les difficultés d’aller jusqu’à eux sont considérables.

Quant à M. l’archiprêtre, il doit suffire tout seul à une paroisse de deux mille âmes, où les hameaux écartés ne manquent pas. De plus, il doit aller de temps à autre dans la région de Venosc.

J’ai admiré avec quelle simplicité joyeuse tous ces prêtres se dévouent au bien des âmes, pendant que les prêtres titulaires des paroisses, partis sur le front, dans les hôpitaux ou les ambulances, se dépensent généreusement au service du pays.
Monseigneur l’Évêque de Grenoble, qui a déjà donné tant de témoignages de son zèle pastoral aux populations privées de prêtres, veut aussi prendre sa part des travaux apostoliques de ses bons curés de l’Oisans. Déjà cet hiver. Sa Grandeur était allée célébrer la messe à Livet.
L’Oisans pendant la guerre serait presque triste, n’était animé par nos chers soldats, blessés ou convalescents. Leur présence apporte quelque chose, de cette grande sympathie, de cette admirable fraternité que l’épreuve a, fait naître entre tous les Français. De quel dévouement, de quels soins délicats et empressés, tous, ces braves sont entourés dans les deux ambulances du Bourg ! L’une, tout à côté de l’église est dirigé par Madame Groslée ; l’autre au bord de la Rive est confiée à la vigilance de Madame Baronnat, secondée par de vaillantes infirmières. D’autres ambulances, échelonnées le long de la Romanche, à Rioupéroux, à Livet, fonctionnent à merveille. Tous nos militaires n’ont qu’une voix pour se louer de leur séjour en Oisans, même en hiver. Quel charme pour nos chers blessés quand la belle saison sera revenue, de vivre quelque temps au milieu de ce paysage splendide et dans cet air vivifiant.
Le jour de Pâques m’a-t-on dit, beaucoup de militaires au Bourg-d’Oisans se sont approchés des sacrements. Après avoir souffert pour La Patrie, ils ont donné à Dieu ce qui appartient à Dieu.

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