Les sports d’hiver en Oisans en 1933

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Alpe de Mont-de-Lans, le refuge Tessa et la ferme au premier plan de l’image, le vent balaye Tête Moute et la Tête du Diable en arrière plan. Carte postal GEP vers 1930.

LES SPORTS D’HIVER EN OISANS EN 1933

Source : BNF/Gallica
La Revue du Touring-club de France
Auteur : Dr Louis FAURE
Date d’édition : Janvier 1933

Les sports d’hiver en Oisans en 1933

L’OISANS, terre bénie des alpinistes, qui attire au cours de la saison estivale une foule sans cesse accrue, n’a pas encore pris, comme centre de sports d’hiver, la place qu’il mérite.

Il possède pourtant un choix de pistes incomparables, tôt et longtemps enneigées, mais jusqu’à ce jour les difficultés d’accès comme le manque d’organisation hôtelière faisaient que cette magnifique région n’était fréquentée l’hiver que par quelques rares initiés qui avaient su en apprécier les charmes.
Un effort très sérieux a été fait au cours de ces dernières années par le Touring Club de France, le Syndicat d’Initiative de l’Oisans, et quelques municipalités du canton, et, dès cet hiver, l’Oisans offre, avec des voies de communication améliorées et désenneigées, une organisation de tourisme réceptif qui, sans être encore parfaite, doit amener sur ses pistes la foule des skieurs, patineurs et amateurs de tourisme hivernal.

À tout seigneur, tout honneur. Voici d’abord une des plus belles pistes de ski de France, l’Alpe d’Huez.
Immense berceau au pied des Rousses, largement ouvert, au nord, vers le massif du Haut-Oisans que domine l’orgueilleuse Meije, l’Alpe d’Huez offre une neige précoce, très fréquemment skiable dès la fin d’octobre, et couvrant souvent jusqu’en avril, les pentes les plus variées.
Désirant que les amateurs de sports d’hiver puissent profiter des avantages qu’une situation exceptionnelle assure à ce beau plateau, le Touring Club tient ouvert, pendant la saison d’hiver, le chalet-refuge qu’il y a acquis il y a quelques années. Si les circonstances ne lui ont pas encore permis de réaliser son projet d’édification en ce lieu d’un grand chalet-hôtel, le chalet actuel, récemment agrandi dans de sérieuses proportions leur offre, dans un cadre idéal, à 1700 m. d’altitude, ses 40 couchettes, ses 20 lits, ses deux chambres et sa vaste salle à manger. Un peu plus bas, au village d’Huez, un hôtel confortable se prête aux plus longs séjours. La route qui y accède de Bourg-d’Oisans, sinueuse, escarpée, avec ses virages en épingle à cheveux, a longtemps effrayé les automobilistes les plus expérimentés. Grâce aux efforts réalisés par le service des Ponts et Chaussées, cette année, cette route élargie, cylindrée, aux virages largement ouverts, est devenue accessible à tous. Des services de cars réguliers la sillonnent d’ailleurs toute l’année.
Autour du chalet du T. C. F., les débutants, les amateurs de molles glissades, pourront se livrer à leur sport favori.
Mais l’intérêt de cette station réside surtout dans l’infinie variété des grandes randonnées qu’offrent aux skieurs de grande classe, les montagnes et les glaciers voisins. Longeant la chaîne des Petites-Rousses, face à l’imposant massif de Belledonne, l’on peut s’échapper en suivant la chaîne des lacs Besson, Noir, de la Fare, vers la Villette de Vaujany, le col du Sabot, et la Savoie.
Prenant au contraire la direction opposée, on pourra faire la superbe promenade de cette route du Balcon d’Oisans dont, en tête du numéro de décembre dernier de cette revue, le président L. Auscher, décrivait une fois de plus le tracé futur et réclamait avec force la réalisation. Si le panorama qui se déroule, l’été, aux yeux des promeneurs, est splendide, que dire du spectacle que présente, l’hiver, le haut Oisans enneigé !
Et le ski, moyen de locomotion beaucoup plus pratique que le mulet, permettra de nombreuses variantes par les glaciers de Sarennes ou par Auris, l’Homme ou le col de Cluy.
Le skieur pourra ainsi joindre le plateau d’Emparis qui, très haut au-dessus des brouillards, offre son inoubliable panorama et ses immenses pistes, presque vierges l’hiver, et sur lequel Maurice Paillon a bâti de si beaux projets. En attendant leur réalisation, le chalet Dode, à Rif-Tord, au bord du plateau, offre une hospitalité, simple, mais bienvenue dans cette région désertique. (La clef est déposée à Besse, chez M. Dode, propriétaire.)
À côté de l’Alpe d’Huez, prend place immédiatement un beau cirque facilement accessible, l’Alpe de Mont-de-Lans et de Venosc, superbe berceau reliant, à 1.700 mètres d’altitude, la vallée de la Romanche à la vallée du Vénéon, berceau épaulé d’un côté par Piedmoutet et de l’autre par Têtemoute et les contreforts des glaciers du Mont-de-Lans au milieu d’un cadre magnifique, fermé au sud par l’imposant massif de la Muzelle et au nord par la grandiose masse des Rousses.
Comme à l’Alpe d’Huez on trouvera là des pentes propices à toutes les formes de ski, et un superbe rayon de grandes courses vers les glaciers de Mont-de-Lans.
Un chalet confortable vient d’être inauguré à l’Alpe de Mont-de-Lans et sur le versant de Venosc, le chalet ouvert l’été, restera prochainement ouvert toute l’année.
Quittant la route nationale 91 à la Rivoire, l’auto montera par une magnifique route, améliorée grâce à la générosité du T.C.F., serpentant tantôt en sous-bois, tantôt en corniche au-dessus de la vallée de la Romanche, jusqu’à Bons, d’où en trois-quarts d’heure, on atteindra l’Alpe à pied ou sur ses bois, en attendant le jour prochain où la municipalité, complétant l’effort réalisé cette année, prolongera la route jusqu’au cœur de ce magnifique site.
Et combien d’autres pistes tenteront l’amateur au milieu de ce beau massif. Le col d’Ornon, sur la pittoresque route de Bourg-d’Oisans à la Mure, la vallée de l’Eau-d’Olle le long de laquelle s’échelonnent les pistes de Vaujany et d’Oz, Clavans et son Alpe que parcourra la route du Balcon-de-l’Oisans, les grands champs de La Grave, Villard-d’Arène et le Lautaret déjà très courus, et, au centre de ce réseau, Bourg-d’Oisans.
Bourg-d’Oisans, coquette station estivale qui se transforme petit à petit en centre de tourisme hivernal, et où les amateurs de sports d’hiver, qui auront en outre, à leur disposition, dès cette saison, pour se délasser de leurs randonnées en haute altitude, une patinoire excellente, sont assurés de trouver le repos, loin du bruit et du luxe des palaces à la mode, dans des hôtels confortables, au centre d’un pays tranquille que des services publics bien organisés et de bonnes routes relient aux différents terrains de sports que nous venons de citer.

Dr Louis FAURE,
Délégué du T. C. F.

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