Ganterie 2e partie

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M. Jean Bernard à son atelier vers 1956.

LA GANTERIE 2e PARTIE
Remerciements à M. et Mme Bernard et au Musée Dauphinois.
Première publication le 12 mai 2009.

Voir aussi : La Ganterie 1re partie

Parcours de Monsieur Jean Bernard
Après un apprentissage à l’école des gantiers de 1946 à1947, il a travaillé à domicile pour la ganterie Dondey à Grenoble. Son service militaire accompli en Allemagne de 1949 à 1950, il est embauché comme coupeur au siège de cette même ganterie jusqu’en 1960, où il finit contremaître.
En 1960 la ganterie est moribonde, il quitte son atelier et rentre à Rhône Poulenc et reste pendant 27 ans en tant que magasinier.
[Correction apportée le 18 août 2017] Je remercie M. Philippe Gounand, pour la correction qu’il a apportée aux unités de mesure indiquées initialement en pouce anglais et qui était des pouces français.

La ganterie s’apparente à la confection. Comme elle, elle regroupe plusieurs étapes propres à chaque spécialité pour parvenir aux gants finis.

Ces spécialités et grandes étapes sont:
– Réception des peaux blanches,
– Triage par catégorie de peaux,
– Le Ponceur ou Meuleur nettoie la peau une première fois avec une grosse meule,
– Le Teinturier réalise la teinture des peaux,
– Le Coupeur s’occupe du dolage, du tri des couleurs en fonction des commandes et la coupe (réservé aux hommes),
– Le Repasseur ou le Coupeur vérifie la coupe de chaque gant,
– La « fente » ou fendeuse est réalisée à la presse avec la main-de-fer (réservée aux femmes),
– La Rafileuse enlève les petits morceaux qui restent,
– La Brodeuse décore le dessus de la main,
– La Piqueuse réalise la couture (à la main à l’aide de la petite mécanique de piqueuse ou à la machine) des gants dans le sens endroit,
– La Fourcheteuse fait la couture des fourchettes (entre doigts),
– La Surjeuteuse se charge des coutures plus fines à l’aide de la petite mécanique (ce travail était trois fois plus rapide à la machine),
– La Dresseuse repasse les gants suède grâce à la main chauffante,
– La Lustreuse ou lisseuse s’occupe des gants glacés,
– La repasseuse vérifiait les gants avant l’expédition,
– Expédition dans le monde entier.

Dans la région, les coupeurs à domicile étaient nombreux. Ils étaient réputés autrefois, comme les tisserands pour se faire de bons salaires.
Ce métier permettait aux ruraux de pouvoir cultiver leurs lopins de terre et d’arrondir convenablement leurs mois avec leur revenu de gantier.

Le coupeur à domicile recevait par le transporteur local, un paquet de peaux enveloppées dans une toile nouée en quatre comme un baluchon, cela s’appelait « une passe ».
Dans cette passe, un bon de fabrication indiquait la quantité de gants à couper et les tailles demandées. Le savoir-faire du bon coupeur lui permettait de couper plus ou moins de gants dans la même peau en sachant placer les défauts éventuels de la peau aux fentes des doigts par exemple ou dans la partie à découper du pouce.

La première opération était de mettre à « l’humide », la veille, le nombre de peaux que le coupeur pensait travailler le lendemain. Pour cela, il prenait une dizaine de peaux par exemple, et les enveloppait dans une toile de jute ou de coton préalablement trempées dans l’eau et bien essorées.
Au matin, le coupeur sortait ses peaux, en choisissait une, enroulait les autres sur elles-mêmes pour qu’elles ne sèchent pas et commençait son travail.

1 /Observer la peau et repérer les défauts éventuels, l’étirer dans le sens de la largeur et la couper en son milieu dans le sens de sa longueur.

2 / Prendre un des deux morceaux ainsi obtenus et l’étirer dans le sens de la longueur pour le couper encore en deux. En faire autant pour l’autre moitié de la peau, ce qui donne la valeur de 4 morceaux ou 4 gants dans une même peau.

3 / « Dépecer » chaque morceau ainsi obtenu (travail d’étirage à la main dans les deux sens). La dimension de chaque morceau détermine la taille du gant qui pourra être fait. (Les tailles se calculent en ancienne mesure française basée sur le Pied du Roi, qui prend la forme d’une règle mesurant 32,5 cm, divisée en 12 unités de 2,7 cm soit là longueur). La taille de chaque gant peut varier de 6,5 à 8 pouces.

4 / Avec la règle graduée en pouces, il mesurait dans le sens de la largeur la dimension du gant à obtenir majorée d’un pouce. Découper ensuite à cette largeur la peau en évasant à l’extérieur pour obtenir la partie du poignet.

5 / Replier cette découpe en deux dans le sens de sa longueur, aplatir la peau, la rouvrir et marquer d’un coup de crayon ce pli obtenu.

6 / Mise au calibre ou « étavillonage », étirer de nouveau la peau dans le sens de sa longueur, la placer sur le calibre en carton de la taille demandée, veiller à ce que le milieu de la peau soit bien en alignement avec la ligne du milieu du calibre. Ôter la peau du calibre, la replier en deux toujours dans le sens de la longueur, et couper le côté le plus large (vers le poignet) à la dimension voulue (plus ou moins haute suivant la commande pour un gant couvrant plus ou moins le poignet ou l’avant-bras).

7 / Couper les trois autres morceaux de la même façon en veillant bien que chaque paume de main soit dans la partie « ventre » de la peau, partie dont le grain a moins de tenue.

8 / Dans les chutes, couper le pouce suivant le calibre et les « fourchettes » (fines bandes qui forment les entre-doigts).


À part le travail du coupeur, les autres opérations se faisaient en fabrique.
Pour le repassage qui était nécessaire seulement pour les gants en suédine, c ‘est-à-dire le côté non glacé de la peau, la repasseuse enfilait le gant dans une main métallique chaude ce qui permettait d’obtenir un gant bien lisse et bien formé, prêt à être mis en boîte et expédié.

Afin d’éviter la pénétration d’humidité qui aurait moisi les peaux, il est à noter que la caisse était doublée en zinc pour les expéditions vers les pays d’Outre-mer ou pour l’Australie.

M. Bernard nous a quitté le 30 janvier 2019.

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