Visite pastorale 1410 -partie 1

CouvertureChisseVISITE PASTORALE EN 1410 – partie 1

Cette retranscription s’appuie sur l’important travail de recherche et de classement réalisé par M. André Glaudas.

Cliquer sur le lien pour découvrir la visite de 1339 (en cours de correction avec quelques notes de M. Denis Veyrat)

Ce deuxième volet sur la visite de 1410 compte 3 parties.
Première partie de la visite pastorale de 1410  (cliquez sur le lien).
Deuxième partie de la visite pastorale de 1410  (cliquez sur le lien).
Troisième partie de la visite pastorale de 1410  (cliquez sur le lien).

Bien plus complète, elle compte aussi plus de détails, elle s’arrête aussi sur les relations existantes entre évêque, curé, et paroissiens.

Traduit du latin par l’abbé Pierre Meyer du texte initial publié en 1874 par l’abbé Ulysse Chevalier (1841-1923).

VISITE PASTORALE DE MGR AIMON I DE CHISSÉ

28 Mai 1410

LIVET
(Venant de St Barthélémy de Séchilienne)
Le même jour, après le repas de midi, le seigneur évêque arriva à Livet en Oisans pour y faire la visite de l’église ; il reçut l’hospitalité dans la maison de Lancelot Nichol aubergiste, car l’église de cette paroisse ne possède pas de maison curiale. Il fut reçu à la manière accoutumée par le prieur de Séchilienne qui est aussi le curé.
Il fit la visite de l’église en sa présence et celle de nombreux paroissiens. Il la trouva assez convenable pour la construction, à part l’absence d’une fenêtre du côté droit pour éclairer l’autel, de sorte que lorsqu’il pleut, le vent et qu’il pleut, l’eau entre dans l’église.
Elle est médiocrement pourvue d’ornements et de vêtements sacerdotaux ; les livres ne valent rien, le calice est de bonne qualité ; les fonts baptismaux, les Corps du Christ, le saint-Chrème et l’huile des malades en bon état et convenablement conservés.
Lancelot Nichol, Pierre Coste, Pierre Guillact, Guillaume de Clavans, Didier Monneri, plusieurs autres et presque tous les paroissiens font des réclamations au sujet du service divin et de l’administration des sacrements : en effet, le curé habite à Séchilienne et à raison de la distance, des inondations, des neiges, ils peuvent à peine recevoir les sacrements de l’église, et on ne célèbre que de 15 en 15 jours, et ils désirent avoir leur propre curé pour éviter le scandale des âmes et des corps. La paroisse n’a que peu ou pas de ressources en dehors des offrandes qu’on lui fait, car le seigneur prévôt d’Oulx perçoit les décimes de la paroisse et n’en abandonne rien au curé de sorte qu’il ne peut assurer ici son service. Voilà ce qu’ils exposèrent au seigneur évêque ; celui ci répondit qu’il y pourvoirait volontiers avec l’accord du prévôt d’Oulx.
La paroisse compte environ 25 feux (soit environ 120 habitants), et environ 80 personnes furent confirmées. Il fut ensuite prescrit au prieur et au curé, aussi souvent qu’ils le pourraient d’assurer ici le service, de célébrer les divins offices, et de veiller au soins des âmes.
Le seigneur évêque prit le repas du soir ici-même et coucha à l’auberge mentionnée ci-dessus, aux frais du prieur et du curé. Départ le lendemain, jeudi 29 mai (1410), pour Allemont.

ALLEMONT
(Venant de Livet)
le jeudi 29 mai, jour octave de la fête du corps du Christ, au matin, Mgr l’évêque arriva avec sa suite à l’église paroissiale d’Allemont pour la visite. Michel Galbert curé de cette église accueillit le seigneur évêque et sa suite avec la croix, l’eau bénite, au son des cloches, selon la coutume, et on les logea dans la maison du curé et dans la maison de famille du frère de Jean Richard, prieur de Beaumont. En suite, une fois la messe célébrée avec les chantres et les membres de la chapelle épiscopale, la procession terminée, la prédication faite au peuple, et toutes les cérémonies accomplies, le seigneur évêque confirma environ 200 personnes. Puis il fit la visite de l’église paroissiale qu’il trouva bien construite et suffisante, fondéé en l’honneur de St Nizier ; cette église relève du Seigneur Évêque et dont il dispose habituellement selon sa volonté ; elle est bien pourvue de tout le nécessaire au service divin à l’exception du missel qui est de qualité médiocre ; il y a aussi une chapelle de Notre Dame du Calvaire, dont le service est assuré par le curé. Le reste est bien, si ce n’est qu’au dire de certains paroissiens, le curé aurait eu longtemps pour concubine l’épouse de Pasquet dont il aurait eu des enfants. Il ne se trouve ni excomunié, ni sorcellerie ni rien de semblable.
La paroisse compte environ 4 x 20 feux (80 feux soit environ 380 habitants). Le prévôt d’Oulx.
Dans cette église, du côté gauche, une chapelle en l’honneur de St Jean Baptiste fut élevée par nobles frères Jean Richard, prieur de Beaumont, Eymonet et Avalon Richard, ses frères, du lieu d’Allemont. Elle n’avait pas encore été dotée ; mais maintenant les dits frères l’ont dotée tant des biens que des revenus de leur patrimoine, selon la teneur et la forme du document public rédigé de la main de moi Antoine Acteur, notaire public, l’avant-dernier jour de ce mois de mai. Après quoi, le seigneur évêque en personne a consacré cette chapelle et les fondateurs présenté un nouveau recteur pour cette chapelle au seigneur évêque qui leur donna l’institution.
Au même lieu, dans la maison de ce prieur, on prit le déjeuner, puis le repas du soir dont le curé régla la dépense, et l’on dormit au même lieu. (départ le lendemain pour Oz)

OZ EN OISANS
Le 30 mai 1410
(Venant d’Allemont)
Le vendredi, avant-dernier jour de mai, le seigneur évêque se rendit à Oz, où il fut logé dans la demeure des héritiers de Leusson ; il y fut reçu de la manière habituelle par messire Pierre Villars, chapelain, vicaire et vice-gérant de messire Guigues Gros, étudiant en Droit canonique, curé de ce lieu.
Il fit ensuite la visite de l’église paroissiale d’Oz établie sous le vocable de St Féréol : il la trouva convenablement et bien construite, eu égard aux ressources de la paroisse ; cependant la toiture à besoin d’être refaite, les murs enduits de chaux et de sable ; il faut des vitres aux fenêtres ; on fournira aussi un missel neuf et un responsorial (ou responsier ou responsoire Livre d’église contenant les réponses paroles qui se chantent ou se disent alternativement par une voix d’une part et le chœur d’autre part) pour le récitation des heures ; le reste est en bon état.
Les paroissiens, à savoir Jean Col, Jean Girard, Rodolphe Claret, Claude Quarteri et d’autre sont satisfaits du service divin et témoigne en bien du vicaire dont la vie est honnête.
L’église relève du seigneur évêque qui en dispose librement quand il a vacance.
La paroisse compte environ 60 feux (environ 285 habitants). Le prévôt d’Oulx perçoit les dîmes de cette paroisse, excepté la part qui revient au seigneur évêque.
On confirme environ 200 personnes tant de cette paroisse que de celle d’Allemont et de Vaujany.
Il y a dans cette église une chapelle en l’honneur de Ste Catherine, fondée par les membres de la famille de Leusson qui en présentent le recteur que le seigneur évêque institue habituellement sur place ; actuellement c’est messire Jean Vieux qui la tient.
Après avoir prix le repas de midi, le seigneur évêque parti passer la nuit au prieuré de La Garde, après avoir donné ordre et commission à messire Guigues Olleri, son chapelain et curé du Périer de faire la visite de l’église paroissiale de Vaujany et de lui en faire le rapport.

VAUJANY
Le 30 mai 1410
(d’Oz, après le repas de midi, le vendredi 30 mai),
Mgr ordonna et commit messire Guigues Olleri, chapelain et curé du Perier, pour faire la visite de l’église paroissiale de Vaujany et de lui faire son rapport.
Ce même jour, après le repas de midi, messire Guigues Olleri, commissaire, se rendit à Vaujany et fit la visite de l’église dont est curé messire Pierre Barnoud. Dans cette église se trouvent des reliques de St Étienne, de la Bienheureuse vierge Marie et de St Félix. Il trouva cette église assez convenablement construite ; mais une petite fenêtre du côté droit a besoin de réparations ainsi que la nef de l’église. Quand aux ornements, livres, calice et autre objets nécessaires à l’église, ils sont en bon état eu égard à ses ressources.
Étienne d’Oz, Jean de Michalon, Pierre Oudeyard, Hughes Falcon et d’autres membres de la paroisse attestent que leur curé fait bien son service et se conduit bien pour le spirituel comme pour le temporel.
Dans cette paroisse on compte environ 60 feux (soit 285 habitants environ)
Une centaine de paroissiens reçurent la confirmation à Oz.
Le prieur de la Garde perçoit ici le tiers des dîmes, le prévôt d’Oulx un tiers et le curé de Vaujany le dernier Tiers.

LA GARDE
31 mai 1410
(Venant d’Oz, d’où il avait envoyé Guigues Olleri visiter l’église de Vaujany.)
Le dernier jour de Mai,le seigneur évêque fit la visite du prieuré de la Garde, fondé sous le nom de St Pierrre, dépendant du prévôt d’Oulx de l’ordre de St Augustin.
Pour sa visite au prieuré, Mgr fut reçu respectueusement par frère Jean Meyhéri, prieur de La Garde, messire Jean Maquaire curé, et les autres membre du prieuré, selon la coutume. Ensuite, après avoir célébré la messe, solennel, fait la procession et le sermon au peuple, le seigneur évêque confirma, tant de la paroisse de la Garde que de celles de Huez et de villars-Reculas, environ 300 personnes.
Ce même jour, il fit ensuite la visite de l’église qu’il trouva convenablement bâti, ensuite l’autel majeur suffisamment pourvu de nappes, d’ornements et de vêtements sacerdotaux, à l’exception des chapes (manteau sans manches, fermant droit devant par un large fermoir muni d’un capuchon pointu ou d’un chaperon.) qui sont vieilles et de qualité médiocre ; les livres de l’église sont convenables, sauf le psautier (Livre liturgique, fort en usage au Moyen-Âge qui renfermait les psaumes bibliques ; soit leur totalité, soit seulement (C’est le cas de La Garde) ceux qui figurent dans les heures canoniales.) qui ne vaut rien bien qu’il soit indispensable pour la récitation des heures. Il fit aussi la visite du corps du Christ et de l’endroit où il est conservé qui sont en bon état et dignes ; à l’exception de la grande difficulté à ouvrir le coffret à cause d’un défaut de la clé ; la boite où l’on garde le Saint-chrème ne vaut rien ; les fonts baptismaux et le reste sont en bon état.
La toiture de la nef est mauvaise et les paroissiens refusent de la refaire malgré la réclamation du prieur.
Il existe dans cette église une chapelle fondée en l’honneur de Ste Catherine, mais elle est sans dotation ni service.
Il y a aussi une chapelle des Bérard, convenablement dotée, dont est institué recteur (ici c’est celui qui régit, qui dirige et comme chapelain il dessert la chapelle.) messire Jean Gueyraud, chapelain qui célèbre là trois fois la semaine ; le dit Jean avait été institué par le seigneur Rodolphe évêque de Grenoble, de bonne mémoire, comme il ressort d’un écrit daté du 21 décembre, l’an du Seigneur 1351, qui fut présenté ; mais comme ce document est trop déchiré pour faire pleinement fois, le Seigneur évêque conféra de nouveau cette chapelle des Bérard, à ce même Jean Gueyraud et l’institua en lui accordant les documents voulus.
Jean Jaquemin, André Chalvin, Claude Fibet et plusieurs autres fidèles de la paroisse ayant été interrogés au sujet du prieur, du curé et des membres du prieuré, témoignèrent qu’il se conduisent bien pour le service divin, et le prieur en particulier pour le temporel et les droits à récupérer et les bâtiments du prieuré ; toutefois, ils affirment qu’il ne tient pas au prieuré autant de chanoines et de personnel que ses prédécesseurs en avaient l’habitude ; mais interrogés sur le nombres de religieux qu’il devrait tenir, ils déclarent l’ignorer ; cependant le dit Jean Geuyraud rapporte que dans le passé, il y avaient habituellement deux ou trois chanoines avec le prieur, alors que maintenant il n’y en a plus qu’un.
Quand au curé, il rapporte que 3 paroissiens ne se sont pas confessés pour Pâques et n’ont pas reçu le corps du Christ.
La paroisse comptes environ 40 feux. (soit environ 180 habitants).
Sur les autres points concernant la visite, on ne trouva rien à reprendre.
Le Curé mange à la table du prieur.
Le prieur perçoit les dîmes des paroisses de Villard-Reculas, Huez, Besse, et Clavans en totalité ; dans la paroisse d’Auris, la moitié des dîmes plus un neuvième, et il en est de même pour la paroisse du Freney et c’est le prieur de St Robert qui perçoit le reste dans ces deux paroisses. Au Mance de Cloeys, le prieur de la Garde, perçoit toutes les dîmes et au Puy-Guignon c’est le prieur de St Robert. Quant à la paroisse de Vaujany, le prieur de la Garde perçoit un tiers des dîmes, le prévôt d’Oulx, un autre tiers et le curé de cette paroisse le dernier tiers.
Le seigneur évêque demeura ici le samedi, dernier jour de Mai et le dimanche, premier jour de Juin, à visiter et instruire le peuple aux frais du prieur qui le recevait dignement et suivait les ordres reçus.
Le seigneur évêque, ne pouvant, en raison de sa charge, se rendre à Villard-Reculas, Huez, Auris ni au Freney, épuisé par la fatigue du voyage, et ne voulant pas alourdir les frais des curés de ces paroisses, ordonna que les confirmants de ces paroisses viennent le trouver à La Garde ou à Mont-de-Lans ; il envoya messire Guigues Olleri, Chapelain et curé du Perier, visiter ces églises, s’y informer avec soin et lui rendre compte, et lui confia tous ses pouvoirs.
(Le lundi départ de l’évêque pour Mont-de-Lans)

VILLARD RECULAS
Le Dimanche 1er Juin 1410
(De la Garde dont il visitait l’église de La Garde délégua pour visiter Villard-Reculas, Huez, Auris,le Freney) Messire Guigues Olleri chapelain, curé du Perier.
Obtempèrant au mandat du seigneur évêque, messire Guigues, chapelain et commissaire, fit la visite de l’église de Villard-Reculas par le rapport de messire Hughes Villar curé de ce lieu, étant donné la difficulté d’accès à ce lieu.
Il trouva que l’église avec ses ornements et ses objets est suffisamment disposée et organisée pour le service divin ; que les paroissiens agissent bien à son endroit selon leurs possibilités. Il n’y a à réformer ici, étant donné la pauvreté et l’hospitalité des lieux qu’ils habitent. De toute cela, le seigneur évêque fut pleinement informé.
Cela se passa ce dimanche, à la Garde, où les fidèles de cette paroisse s’étaient rendus pour recevoir la confirmation.
(Départ du délégué pour Huez.)

HUEZ
Le Dimanche 1er Juin 1410
(Monseigneur étant resté au prieuré de la garde, les renseignements sur Villard-Reculas ayant était pris le dimanche 1er juin par son commissaire)
Ce même jour, le 10 commissaire, Hugues Olléri, chapelain, fit la visite de l’église paroissiale d’Huez, dont est curé messire Jean Bernard.
Il trouve l’église, élevée au nom de Saint-Ferréol, bien arrangé et convenablement pourvu de livres, calices, ornements, cloches et autres objets nécessaires, selon les ressources de la paroisse qui compte environ 60 feux (soit environ 285 habitants.)
Aux dires de Jean Arnoud, Pierre Bructin, Gueyraud, fils de Gueyraud, Pierre Julian, et de quelques autres paroissiens, le curé se conduit bien en ce qui concerne le service divin et le soin des âmes.
Il y a sur la paroisse une chapelle de Brandes, lieu où se trouvaient les mines d’argent.
Dans l’église paroissiale on garde des reliques de Saint-Vincent, de Saint-Blaise et de sainte Catherine. On n’y trouve aussi une chapelle de Sainte-Catherine, dont est recteur messire Jean Giraud, institué par le seigneur évêque ; Elle a été fondée par les membres de la famille de Revol (ou Revel) de revenus suffisants.
C’est le prieur de la garde qui perçoit les dîmes dans cette paroisse.
Départ du commissaire pour Auris

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