Les archives de Monsieur André

LES ARCHIVES DE MONSIEUR ANDRÉ
Première publication le 2 juin 2012, mise à jour le 18 novembre 2022

IN MEMORIAM
Aujourd’hui l’Oisans à le cœur lourd d’une profonde tristesse.

Je ne parlerai plus de l’Oisans avec M. Glaudas les samedis sur le marché du Bourg-d’Oisans. Le 16 novembre, d’une façon définitive, M. André s’en est allé. Dans les rues du Bourg, je l’identifiais facilement dans la foule,  reconnaissable par sa silhouette voutée, son petit pas sautillant, sa voix de gorge, son humour fin et son sens de la répartie sans appel. André Glaudas était, comme on me l’a encore dit pas plus tard que ce vendredi, jours des derniers adieux, « un sacré personnage ».
Je me souviens que lors de notre dernière rencontre, il m’avait parlé de la bataille de Menton, et de ses 9 courageux français qui avaient tenu tête à plusieurs milliers d’Italiens pendant deux semaines. André était incollable sur la grande histoire, celle du Dauphiné et plus encore celle de l’Oisans. Il avait toujours en tête une petite anecdote de derrière les fagots. Alors sans se faire prier, il racontait à sa façon toujours pleine d’esprit un bout de notre terroir. Il aimait l’Oisans, son cœur battait pour ses montagnes, ses vallées et ses habitants. Il a consacré sa vie à archiver ce pays vertical. 
André avait une mémoire d’éléphant, quand il racontait une histoire, il donnait les noms, les dates, les lieux, les détails, tout y était. Ces dernières années, il avait du mal à se rappeler de tout, parfois, il butait sur un nom ou un lieu, ça l’agaçait profondément. Moi, j’étais admiratif, n’étant pas capable de retenir le dixième de ce qu’il m’avait raconté. 
Il y a 10 ans, il m’avait contacté : « Je voudrais vous montrer quelque chose… » m’avait-il dit. Laissant planer le mystère derrière ce « quelque chose ». Le jour dit, je rentrais dans son bureau, il me présenta le travail d’une vie de généalogiste, archiviste, historien…  Devant moi, étaient classées dans un meuble fait main, des milliers de fiches, petites feuilles de bristols, sur lesquelles il avait collé, scotché, année après année, des articles de presse, des textes manuscrits, des petites photos, des extraits de livre… Patiemment, méticuleusement, pendant 60 ans, il avait constitué un véritable trésor d’historien sur l’Oisans et ses grandes frontières. 
Durant ce rendez-vous, il m’avait confié qu’il voulait tout mettre à la benne, que ça n’intéressait plus personne aujourd’hui. Moi j’étais comme un gamin devant une montagne de bonbons, je salivais, les yeux écarquillés, comme dans un rêve… André me montrait un trésor, son trésor… ! Aujourd’hui, je pense que quand il m’a contacté, il se doutait que ça m’intéresserait. Ancien gendarme, ancien médiateur, André était perspicace… très perspicace.
J’ai donc proposé de tout numériser, avant que tout ne disparaisse.
La numérisation de l’intégralité des documents m’a demandé plus de deux ans, sur un scanner professionnel en y consacrant 5 à 7 heures par semaine. Je savais qu’il y avait beaucoup de documents, mais à aucun moment je n’avais imaginé qu’il y avait plus de 20 000 fiches rédigées de la main de M. André…
Aujourd’hui, le travail de numérisation est terminé, mais l’archivage ne l’est pas, il continue, semaine après semaine, avec plaisir, patience et passion, je retranscris ses fiches sous forme de rédactions que je partage depuis, chaque dimanche matin, sur le site Freneytique et les réseaux sociaux.

André Glaudas était fait du même bois que Roger Canac, Oleg Ivachkevitch, Pierre Montaz, il aimait ce pays de roche et de neige, il aimer le raconter, le faire connaître et le partager.

André Glaudas nous a quittés, son œuvre se poursuit à travers ses archives.
Je continue son travail d’archivage parce qu’il m’a fait confiance, que je ressens une grande fierté et une grande responsabilité d’avoir été désigné pour le faire, parce qu’il est important de continuer à partager notre histoire locale pour le plus grand nombre. 

Merci pour tout André. 

HISTOIRE DES ARCHIVES DE M. ANDRÉ
Le projet de la création du fonds d’archives André Glaudas commencé en juin 2012

Monsieur André Glaudas aime l’Oisans, sa terre natale.
Il est passionné de généalogie et d’histoire, ce qui lui permet de contextualiser la vie des hommes, des femmes et les faits qui les rattachent dans la considération de l’époque et non avec une vision contemporaine tout droit sortie du 21e siècle, un regard et une analyse anachronique, ce qui serait une grave erreur.

Un jour, M. André m’a dit : « Venez à la maison, j’ai quelque chose à vous montrer. »

Le « quelque chose » en question était une grosse caisse en bois compartimentée contenant des milliers de fiches sur le Dauphiné et plus particulièrement l’Oisans et ses villages. Des fiches patiemment annotées d’une belle écriture parfaitement lisible, sans une rature. La plupart des fiches étaient enrichies d’articles de presse, de photographies, d’arbres généalogiques, de références croisées, de transcriptions, de sources citées, de références bibliographiques avec auteurs et numéro de page… Un trésor !

Quand je demande à M. André depuis quand il archive ses documents, il me dit qu’il est impossible de répondre, au début c’était un article, puis deux, puis des notes, puis la nécessité de classer tout cela pour pouvoir s’y retrouver.
Puis il me dit : «  je vais vous montrer quelque chose… », il ouvre une porte de placard et en ressort un grand cahier allongé dont la couverture jaunie rehausse une belle calligraphie réalisée à la plume qui laisse apparaître un seul mot «Oisans».
André poursuit : « C’est un devoir d’histoire que j’ai réalisé durant ma dernière année d’école au Bourg-d’Oisans, avant de partir pour Vizille… Je devais avoir 12 ou 13 ans… L’Oisans c’est ma terre, ça a toujours était important pour moi ! »

Monsieur André Glaudas vient de fêter ses 80 printemps, depuis ses plus jeunes années, il archive, il classe, il note, il rédige, il découpe, il colle… sur des feuilles A4 perforées à petits carreaux. Son trésor !

Oui, mais voilà, Monsieur André a un problème. Il se demande ce qu’il va advenir de ses archives qui deviennent de plus en plus encombrantes ? Comme il me l’a dit : « Il serait dommage de perdre tout ce travail ! »
Je pense que oui, effectivement, il serait dommage de le perdre.
J’ai demandé une semaine de réflexion à Monsieur Glaudas, histoire de mettre en place un projet solide, afin de ne pas perdre ses archives et également pouvoir échafauder un plan qui permettrait le partage de ce trésor avec le plus grand nombre.

Après quelques mois de réflexion, de tests et de mise en place, je suis en mesure de vous présenter le projet participatif et contributif pour la création du fonds d’archives André Glaudas.

Il me semble important, avant toutes choses, de vous donner quelques informations sur les documents et les contraintes qui y sont liées.

Tout d’abord, la paternité du fonds d’archives après numérisation demeure l’œuvre de M. André Glaudas. Ces documents sont ouverts et accessibles avec son autorisation.

Le projet se déroulera en 5 phases.

  • Phase 1 : numérisation des documents soit environ 1 an de travail pour cette seule étape (finalement ce sera deux ans)  (200 PPP et couleur RVB, sans compression JPG).
  • Phase 2 : immatriculation externe de chaque archive qui permet de replacer le document dans sa chronologie historique tout en permettant de les retrouver si besoin dans le classement choisi initialement par André.
  • Phase 3 : immatriculation interne de chaque archive qui permettra l’indexation de l’intégralité du document.
  • Phase 4 : indexation par mots clés, noms des villages, des personnages, des dates, etc.
  • Phase 5 : indexation par catégories, PERSONNAGE, COMMUNE, CONFLIT, etc.

Je dispose d’un matériel adapté pour la numérisation et les immatriculations internes et externes, et je vais donc assurer les phases 1, 2 et 3.
Pour les étapes 4 et 5, l’indexation de chaque fiche s’effectuera, manuellement et au fur et à mesure de la saisie des articles présent sur chaque fiche.  

Le projet de la création du fonds d’archives André Glaudas débuté en 2012 accompagnera un certain temps la vie du site et de l’association. Peut-être un, deux, trois ans… qui sait (NOTA, nous sommes en 2022 et le projet se poursuit encore chaque semaine). Au regard du travail accompli par André, ces quelques années semblent tellement dérisoires. Nous avons l’occasion rare de profiter du travail d’une vie d’archivage sans autre contrepartie que de nous rassembler autour d’un projet stimulant et intéressant et d’y consacrer un peu de notre temps et ainsi continuer une œuvre commencée il y a de nombreuses années par un homme qui aime son pays, l’Oisans.

Analyse des documents à archiver.
Le classement des documents est réalisé par période, XIVe, XVe, XVIe, etc.
Chaque période est divisée par année, pour le XIVe : 1300, 1301, 1302, etc.
Chaque année est constituée par un groupe de fiches, de nombre variable qui correspond à la quantité d’informations accumulées sur l’année : 1300 = 1 recto de feuille ; 1302 = un recto verso de feuille (2 pages) ; 1349 = 30 rectos-versos de feuille (70 pages)
Les fiches pour la plupart sont constituées de plusieurs éléments distincts :
– des annotations et transcriptions manuscrites ;
– des articles de presse scotchés ou collés ;
– des photos, des tableaux dessinés, etc.
L’assemblage des articles de presse peut apparaître sous diverses formes :
– un article simple (sur le recto) collé intégralement à la fiche ;
– des articles doubles (sur le recto-verso) collé ou scotché partiellement sur l’un de ses côtés ce qui permet de lire sur ses deux faces.
– des articles multiples (plusieurs documents assemblés et superposés ou empilés recto ou recto-verso), montés de telle manière qu’ils masquent par chevauchement les documents sous l’empilement. Le seul moyen de lire ses articles est de soulever les épaisseurs de papier une par une, pour accéder au texte sur le verso de la feuille soulevée, ou celle sur la feuille masquée qui est située en dessous.
Ces assemblages sous forme de mini-cahiers sont très problématiques dans le projet de numérisation, car ils impliquent la numérisation feuille à feuille, recto, puis verso de chaque document et article qui le compose.
Enfin l’orientation des documents peut être, « à la Française » (Portrait), ou à l’Italienne (Paysage), ou les deux sur le même recto. Ainsi un texte principal sera rédigé dans le sens vertical, l’annotation pourra être dans le sens horizontal de la fiche. Il est aussi possible de voir des annotations dans des sens inverses, comme si les textes avaient fait une rotation de 180°.
Si cette méthode d’annotation et de montage ne pose pas de problème pour un document que l’on manipule avec les mains, cela devient très problématique pour un document qui s’affiche à l’écran.

Les archives étant précieuses pour André, je me suis interdit toutes manipulations ou opérations visant à nuire à leur intégrité dans le but de faciliter mon travail de numérisation. J’ai donc assimilé cette contrainte supplémentaire au cahier des charges et en conclusion de mon étude.

Fort de cette analyse, j’ai donc cherché un procédé qui permettrait une numérisation et une indexation pour tous les documents, quelles que soient leurs configurations afin de constituer une base de données efficace dans sa consultation en s’affranchissant du type de document recherché, textes manuscrits compris.

Afin de pérenniser le projet, la base constituée comportera 3 sauvegardes sur serveurs internes, 2 sauvegardes déportées sur disque dur externe et 1 sauvegarde en ligne.

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