Les lunettes de Morez

MOREZ CAPITALE DE LA LUNETTE

LunettesMorezConnaissez-vous le village de Morez ?
Pour nos arrière-grands-parents et grands-parents Uissans, ce nom n’était pas inconnu, voire familier surtout s’ils étaient Aurianchons (d’Auris en Oisans) ou Huizats (d’Huez). Les colporteurs de ces villages d’Oisans avaient une tradition de colportage très spécialisée. On les appelait les lunetiers.
Avant les premières neiges, dès la fin de l’automne, le colporteur quittait son foyer, il embrassait femme, enfants se retournait une dernière fois pour regarder son pays qu’il ne reverrait qu’après 6 ou 7 mois de prospection.  

Le lunetier-bijoutier prenait la route du Haut-Jura plus tard, vers décembre et revenait en mars. Il avait un point de passage incontournable au départ de sa tournée, Morez, la capitale française de la lunette depuis le milieu du XIXe siècle.
Pour cette vallée du Jura, à cette époque, la lunette est une industrie naissante qui offre l’opportunité de profiter d’un développement économique accélèré et de la création de nombreux emplois mieux rémunérés accessibles à la population locale.
Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, Morez était surtout réputée pour ses quelques horlogers qui avaient un certain savoir-faire.
Les premières lunettes de Morez n’étaient que de pâles copies grossières des montures de modèles anglais très à la mode à cette époque. Elles étaient forgées, soudées puis limées par les artisans horlogers ou bijoutiers. Le résultat était lourd, blessant pour le nez et pas très discret.
Au début du XIXe l’industrie lunetière Morezienne produit moins de 3000 paires par an, réparties sur cinq ateliers qui comptent au total une vingtaine d’ouvriers spécialisés.
Petit à petit le savoir-faire s’améliore. Les lunettes deviennent fines, délicates et légères et certaines montures stupéfiantes laissent, des années après, transparaître la précision de l’horloger. Des professionnels de l’optique s’installent. Les techniques évoluent et le savoir-faire se transmet de maîtres à apprentis. C’est souvent une histoire de famille où le fils est confié aux bons soins de l’oncle, ou du parrain pour être formé.
Dès le milieu du XIXe, on peut parler d’industrialisation des processus de fabrication. Des filières se mettent en place et un réseau de petites mains de travailleurs et travailleuses à domicile propulsent la production à plus de 500 000 paires de lunettes par an. Chaque foyer Morezien compte au moins un membre dans la Lunette.
A la fin du XIXe siècle presque 40 ateliers, plus de 1200 ouvriers et 500 petites mains produisent des lunettes. L’adaptation de la production au progrès technique, l’automatisation de certaines étapes de fabrication apporteront à Morez le statut de capitale française de la lunetterie.
Aujourd’hui, 10 millions de paires de lunettes sont fabriquées annuellement dans la région que ce soient des lunettes optiques ou solaires. Les plus grandes marques sont issues de la production Morezienne. Elles assurent une renommée internationale à cette ville du Jura qui exporte dans le monde entier la moitié de sa fabrication.
Ne soyons pas chauvin, mais nos chers colporteurs ne sont sans doute pas étrangers à ce succès !

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