poèmes

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Modérateur : Valérie

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Aubergère
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poèmes

Message par Aubergère » 03 nov. 2006, 10:48

MONTAGNE

Doigt conquérant pointé vers le ciel
Qui interpelle tousles dieux païens
Rocs enneigés ivres de soleil
Qui émergent des lacs de sapins
La montagne éclate de mil feux
Quand son ventre livre ses torrents
En serpents d'argent tumultueux
Qui drainent des éclats de diamants

Sentes sinueuses, chemins pierreux,
A travers champs ou sous frondaisons,
Bordés de fleurs teintes camaïeu,
Ou irisées gorge-de-pigieon,
La montagne exale les senteurs
Dans l'haleine chaude du vent d'autant,
Ou la bise glacée des hauteurs,
De bouquets variés et odorants.

Acrobates des cimes en sabots,
Espiègles marmottes, l'oeil vigilant,
Rousses perdrix ou royal oiseau,
Chevreuil, marcassins ou blancs milans,
La montagne couve tous ces hôtes
Dans l'aire caché d'un pic élancé
Sous les chaumes blonds à flancs de côtes,
Ou à l'abri d'un profond terrier.

Passant au pas lourd du randonneur,
Ne trouble pas ce bel équilibre
Retiens des esssentielles valeurs
Celles qui font de toi un homme libre.
La montagne sur ses pentes révèle
Au détour de chacun des rochers
A celui dont le coeur s'éveille
Une humble part de vérité.

C.G.

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Aubergère
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Message par Aubergère » 03 nov. 2006, 11:27

Le porte-balle

L'automne vient de prendre ses quartiers
et flamboie sur le chemin des Voûtes.
L'aube éclaire les chalets du Perier,
il est grand temps de prendre la route.

Premiers flocons au col de Sarenne,
derniers sifflements de la marmotte.
L'hiver doucement tisse sa traîne
et colore de blanc la gelinotte.

Doux baisers sur le front de l'enfant
encore endormi sous l'édredon,
dernières étreintes de deux amants
avant la solitude des monts.

Elle a garni de lard et de pommes,
rangés entre aiguilles, laines et lacets,
le lourd havresac de son homme,
déjà chargé de mille objets.

Il entame son voyage en Provence,
aux pas lourds du mercier porte-balle,
rencontrant au gré de ses errances
rempailleur ou libraire du Cantal.

De mas en fermes ou hameaux du sud,
livrant soies, dentelles et rubans,
venu d'un beau village d'altitude
il est le colporteur de Clavans.

La belle saison ramène le nomade
dans l'éclatante vallée du Ferrand,
aux pieds des bouillonnantes cascades
où l'attend le dur labeur des champs.

Nouvel automne, même rituel ;
la belle et l'enfant, coeur chaviré,
voient l'homme s'éloigner du Savel,
col-porteur, silhouette courbée.

C.G



J'enverrai un autre poème bientôt.
Notre ami Christian GERMAIN est amoureux fou de notre Oisasn sauvage.
Merci encore pour tout ce que tu nous apprends, même si je ne retiens pas tout, j'ai vraiment progressé.
Merci.
La brigou du ventaux.

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Message par yo » 03 nov. 2006, 11:37

Houlà ! :shock:
Les poèmes sont superbes.
Merci Aubergère ;-)
J'ai fait un peu de ménage dans tes postes, mais je suis content de voir que tu te débrouilles comme un chef sur le forum.
En tout cas, tu peux dire à Christian que je le félicite pour son travail.

Yo

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Message par yo » 03 nov. 2006, 17:02

Très beau poème de Lili qui nous transporte loin de la morosité.
Merci à Béatrice pour la retranscription.

Poème

Souvent sur la montagne,
à l´ombre du vieux chêne,
au coucher du soleil
tristement je m´assieds.

Je promène au hasard
mes regards sur la plaine,
dont le tableau changeant
se déroule à mes pieds.

C´est un petit village
ou plutôt un hameau.
Bâti sur le penchant d´un long rang de collines,
d´où l´oeil s´égare au loin dans les plaines voisines.

Les grandes routes tracent des croix
A l´infini à travers bois;
Les grandes routes tracent des croix lointaines
A l´infini à travers plaines;
Dans l´air livide et froid,
Où voyagent les vents déchevelés
A l´infini par des allées.

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Message par Agnès » 03 nov. 2006, 17:12

Petit poème de Lucie, arrière arrière petite fille de colporteur de Venosc

Cela fait trois semaines maintenant
Que je traverse l´Oisans
Mes bottes aux pieds
Ma balle sur le dos
Je grimpe les sommets
Et longe les cours d´eaux.
De village en village
De saisons en saisons
Je vis de mes voyages
Commencés à la fin des fenaisons
Je vends dans les hameaux
Du plus petit jusqu´au plus haut
Mais jamais je n´oublie ceux que j´ai laissé
Ma famille attend de me voir rentrer
Je suis un colporteur
Et je chante mon métier avec bonheur
Contant, un fois arrivé,
Mes aventures et paysages rencontrés.

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Message par yo » 12 nov. 2006, 19:50

Voici un très beau poème de Marie Bernard.


JE SERAI COLPORTEUR

Je ne suis pas très grand,
Je n´ai que 9 ans ;
Mais qu´importent les ans
Quand il faut survivre durement ?
En Oisans, j´aide mes parents
A faner sur la pente des « Coches »
Un morceau de pain dans ma poche !
Par ce dur labeur harassé,
Mes pensées font mille projets !

« Quand homme je serai
Colporteur je deviendrai
Pour que ma vie soit épargnée
De ces longues et dures corvées :
Monter, descendre, travailler
Pour peu de chose gagner.
Quand l´hiver arrivera
Que la nature ici s´endormira,
Avec mon frère on partira
Vers d´autres terres à meilleur climat.
Notre « balle » de grossière toile
Avec notre espérance comme étoile,
Contiendra mercerie, tabatières,
Menus objets toujours nécessaires.
Point de grands frais nous ferons,
De toits de granges nous nous contenterons.
Courageusement nous sillonnerons
Les villages de Lozère et de l´Aveyron.
Au printemps, alors, nous rentrerons
La balle plus légère, les souliers plus usés,
Mais heureux de pouvoir retrouver
La famille en Oisans demeurée.
Combien serons-nous satisfaits
Que nos gains nous permettent d´acheter
Une terre plus facile à cultiver
Que celle où je suis accroché !

Marie Lucie


(Le rêve de mon grand-père D.C.D en 1915)

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