• lundi 17 février 2014

En s’inspirant du livre de Gerda Muller, Mon arbre, les élèves du cycle 2 tententà leur tour d’écrire une histoire.
Ils utiliseront les notions apprises en compagnie de Daniel.

 

Quelle chance ! Léo et Léa sont invités à passer une semaine chez leur cousin Gaspard.
Son père, leur oncle Julien, est garde du parc des Écrins.
La famille habite une maison au milieu de la montagne, aux Chazeaux.

Voilà Chocolat le chien, qui vient faire la fête aux enfants.
– ça sent bon les champignons, dit Léo humant l’air.
– Après une bonne pluie, on en trouve beaucoup par ici, dit Gaspard. Il leur faut une dizaine de jours pour sortir de terre.

Tante Isabelle les accueille en souriant :
– Bienvenue dans la maison des Chazeaux…
Le soir, Gaspard annonce à Léa et Léo :
– Demain nous irons nous promener dans la montagne.
On y construira une hutte, vous verrez… Mais chut, c’est mon secret !

 

***

 

Le lendemain, les cousins s’affairent de bonne heure. Il faut préparer le sac à dos : corde, ficelle, couteau, des jumelles pour observer la nature, le livre pour trouver le nom des arbres, un sécateur pour couper des branches , et sans oublier des fruits secs et une gourde.

« Je prends aussi une boussole au cas où on se perdrait et une torche parce qu’on ne sait jamais… dit Gaspard. Nous rentrerons avant le coucher du soleil.
– Soyez quand même prudents les enfants ! »

Léo et Léa suivent longtemps Gaspard sur les petits sentiers. Des panneaux indicateurs fixés aux troncs des arbres, des traits rouges sur des pierres, montrent le chemin. Les bois sont sombres et silencieux.

« On arrive bientôt à mon coin secret, dit Gaspard. Vous allez voir ce que vous allez voir ! » Léo qui est passé devant pousse un cri d’admiration en découvrant un grand arbre qui semble lui faire signe.

 Je vous présente mon ami, dit Gaspard ravi.
Il s’appelle : FRENE. Un merle s’envole en lançant son cri d’alarme : « tjouc tjouc tjouc. »
Ça veut dire : « attention danger ! » explique Gaspard. Sur le tronc du frêne, une sittelle interrompt sa chasse aux insectes. Plus haut, un écureuil, vif comme l’éclair, regagne son nid d’été . Là, sous le buisson d’aubépine, la musaraigne cherche sa nourriture.

Il est vraiment beau ton ami, dit Léa.
Gaspard cherche déjà l’emplacement pour construire une cabane. D’abord, il attache la corde aux troncs des arbres.
Léo va chercher des brindilles et des fougères.
Léa pose les fougères pour faire le toit.

« Vite, passe-moi les jumelles », lui chuchote Gaspard.  Plusieurs vautours tournent dans le ciel au-dessus du Perron. Ils cherchent une carcasse de mouton mort. Ils planent. Tout à coup, l’un d’eux plonge. Les autres plongent aussi.

Mais voilà un autre spectacle d’acrobates. Gaspard dit à ses cousins : « Regardez les écureuils sur l’arbre. Ils sautent de branche en branche. Ils planent en tombant. Ils partent vite derrière le tronc.
– C’est mieux qu’à la télé ! » dit Léa.

Déjà la fin de l’après midi ! Sur le chemin du retour, Gaspard ramasse un drôle de gros champignon tout bizarre qui pousse sur un chêne.
–Tu me le donnes ? demande Léo . Je voudrais le garder pour ma collection.

 

***

 

Les enfants ont mal dormi.
Toute la nuit, une grosse tempête a soufflé jusqu’au matin.
Petite pluie chasse grand vent, assure le proverbe. Ainsi finit la tempête : sous la pluie. Puis le brouillard vient se glisser tout doucement entre les arbres.
La montagne parait différente, mystérieuse. C’est l’automne.
Oncle Julien, demande Léa d’une toute petite voix, tu crois que le vent a fait tomber notre FRENE ?
Le garde la rassure : sûrement pas.   En revanche le vent a déraciné le vieux pommier derrière la maison. C’est triste mais nous allons en planter un autre et nous lui donnerons le nom de Léa, promet oncle Julien. Aussitôt dit, aussitôt fait.

 

***

– A vos paniers ! dit tante Isabelle. Allez me chercher des champignons.
Mais ne ramassez que les bons.
– Le brouillard est trompeur, avertit Gaspard.
On a vite fait de se perdre. Il faut rester les uns près des autres.

Dans la clairière, le FRENE est toujours debout. Quelle joie ! Mais il a perdu beaucoup de feuilles et l’une de ses grosses branches est cassée.
Léa s’amuse à regarder sous le chapeau des champignons à l’ aide d’un petit miroir.
Demain, Léo et sa sœur prendront le bus pour retourner à l’école dans la grande ville. Gaspard lui ira sur son vélo jusqu’au village. C’est là qu’ il va en classe.

***

Léo et Léa ont promis à leur cousin de passer Noël avec lui.
Voici les enfants de retour dans la maison des Chazeaux. Par chance, il neigé la veille.
– J’aimerais me cacher dans notre hutte pour photographier des chevreuils. Tu viens ? propose Léo à Gaspard.

Les deux garçons chaussent des skis de randonnée et les voilà partis dans la forêt. Leurs skis glissent et crissent sur la neige.

Ils ne trouveront que leurs traces dans la neige.
Soudain,un écureuil surgit devant eux, poursuivi par sa pire ennemie, la martre.
Va-t-il réussir à s’ échapper ?

Brusquement, les deux enfants frissonnent.
Ils rentreront en silence à la maison.

***

Que de choses à faire en hiver, dans la forêt ! Comment faire une coupe de bois ?
Les forestiers mesurent le diamètre des troncs avec de gros compas. D’autres marquent les arbres mal formés ou malades à l’aide d’un marteau forestier.
Les bûcherons coupent les arbres avec une tronçonneuse. Ils ébranchent les troncs.
Le débardeur travaille avec son tracteur. Il entasse les troncs.
Plus tard, un camion les apportera à la scierie.

***

Coucou-coucou !
Un grand oiseau gris, en traversant la clairière, a crié son nom.
Avec les vacances de printemps, les enfants sont de retour dans la forêt.
– Avez-vous vu les arbres en fleurs ? demande Gaspard.
– Ça fleurit les arbres ? demande Léa.
– Et comment ! Sans fleurs, pas de fruits, pas de faines, pas de noisettes, pas de marrons, pas de châtaignes…
Mais notre ami, lui, ne fleurit plus. Il est trop vieux.
Pendant que Léa cueille des anémones, Léo observe la sittelle torche-pot qui rafistole son nid.

Gaspard, lui, inspecte la mare.
– Venez ! crie-t-il. J’ai trouvé des traces de blaireaux. Ils viennent sûrement boire ici à la tombée de la nuit.
– J aimerais bien les voir, dit Léo. Si on demandait à ton père?

Oncle julien accepte.

***

Le lendemain, à la fin d’une belle journée chaude , le garde dit :
Allons dans la  clairière, ce soir.  Le vent ne souffle pas.  Les animaux sentiront moins facilement notre odeur d’humains.
Mais vous, les enfants, promettez de rester assis au pied du vieil arbre sans parler ni bouger, même si vous avez peur.
En fin d’après-midi, la petite troupe se met en route.

Soudain, oncle Julien s’arrête net : à quelques pas de lui, deux petit faons sont couchés dans l’herbe. – Je peux les caresser chuchote Léa. Ils sont si mignons !
– Surtout pas !répond son oncle. Leur mère va revenir dès que nous serons partis.Si elle sent l’odeur de ta main sur son pelage, elle sera sur le qui-vive. Mais elle n’abandonnera pas ses petits. Partons vite !

Un peu plus loin, un jeune lièvre déboule aux pieds de Léo. Ouf ! J’ ai eu aussi peur que lui, avoue-t-il. Le levraut a déjà disparu sous les fougères.

Les explorateurs continuent de marcher à pas feutrés pendant un bon moment .
Soudain , un grand bruissement d’ailes fait sursauter le garde du Parc des Ecrins.
– Des bécasses ! Je ne savais pas qu’ elles nichaient par ici . Il est vrai qu’elles sont timides et ne chantent jamais. On peut être sûr que leur nid ne se trouve pas loin, bien camouflé à même le sol.

Une fois arrivé dans la clairière, Gaspard chuchote à son père :

– Regarde, c’est ici que les bêtes viennent boire .
– Tu as raison, c’est un bon endroit, dit le garde du parc. Installons-nous sous le frêne en espérant qu’ elles vont nous prendre pour de vieilles souches.

 Le premier visiteur assoiffé est un renard.
Il avale quelques lampées, puis s’en va d’un trot pressé.
Il s’est méfié…

La nuit descend lentement. Les enfants retiennent leur souffle, écoutant les mille bruits de la forêt : un pic-vert qui tambourine sur un arbre creux, des oiseaux qui chantent au loin.

Un hérisson traverse la clairière, furtif, et un mulot s’aventure jusqu’à leurs pieds.

Coa-coa! Dans le feuillage, deux rainettes chassent des insectes avant d’aller dormir dans la mare toute proche.

Soudain, une branche craque.
Léa tressaille. La chevrette et ses faons !
Les petits suivent leur mère qui leur montre quelles bonnes feuilles manger ,car son lait ne leur suffit plus. C’est une vraie classe verte !

Arrivent enfin ceux que tous attendaient :
Bonhomme blaireau suivi de sa bonne femme. Le nez au sol, ils fouillent l’ herbe et croquent tout ce qu’ ils  trouvent : insectes, escargots , mulots, campagnols… Après avoir avalé cinq grenouilles et un crapaud ,ils se séparent. Chacun va suivre son petit sentier, toujours le même. Gaspard sait qu’en suivant l’un des chemins ,il trouverait leur terrier.

Houhouhou, puis hou-hou… Hou-hou-hou!
crie la hulotte.
Elle part à la chasse pour nourrir ses petits.  Il est tard, dit oncle Julien .
Rentrons.

***

Léo est triste. Les vacances  sont finies. Dès demain, il doit rentrer chez lui, dans la grande ville. Il a déjà rempli son sac. Chocolat tourne autour de lui en remuant la queue, mais Léo n’a pas envie de jouer.

Le soir, alors que chacun s’ affaire, il n’ y tient plus :  il s’ éclipse sans rien dire et file dans la forêt . Il veut revoir son arbre une les broussailles et arrive bientôt dans la clairière.  Le frêne frissonne doucement dans le vent du soir. Léo s’ appuie contre le gros tronc bosselé.

La lune se lève, douce et ronde. Le paysage semble irréel. Dans l’ herbe s’ allument de petits points lumineux.  Ce sont des lucioles, ou vers luisants. Les hulottins se risquent hors du nid, dans la branche creuse. Ils ne savent pas encore voler et réclament leur pitance à grands cris.

 Soudain, Léo sursaute. Un bruit de cavalcade se rapproche. Une laie et sa ribambelle de marcassins surgissent du sous-bois, trottant vers la mare. Léo, lui, est déjà perché sur une branche du grand arbre :  il sait que les laies sont dangereuses lorsqu’elles doivent défendre leurs petits. Deux jeunes sangliers suivent également la mère.
Tiens, murmure Léo, voilà les grands frères d’un an, ou » bêtes de compagnie » dont m’a parlé Gaspard.
Tout ce petit monde patauge allégrement dans la boue. On se vautre on s’ éclabousse.
Puis la laie et ses deux grands fils ressortent couverts de vase et viennent fouir la terre, au pied du frêne.
Les marcassins, eux, préfèrent le lait de leur mère !

Alors commence un autre rituel de sanglier:
Les animaux se frottent vigoureusement les flancs contre un arbre. Toutes leurs puces tombent, enrobées de boue. Gaspard a expliqué à son cousin qu’ils se frottaient toujours contre le même arbre.

« AH, je comprends pourquoi ce tronc est usé à hauteur de sanglier, se dit-il. Mais quand vont -ils enfin se décider à partir? Je commence à avoir des fourmis dans les jambes. Et puis, on va sûrement s’ inquiéter à la maison. »

***

En effet, Gaspard et oncle Julien, inquiets, partent à la recherche de Léo, aidés du chien Chocolat.
L’animal, nez au sol, a flairé une piste.

Soudain, il court ventre à terre vers la clairière. Léo est enfin descendu de sa branche: les sangliers sont allés chasser plus loin.
Le garde du Parc gronde son neveu.
Léo se console : il sait qu’il n’oubliera jamais les marcassins si drôles dans leurs petits costumes rayés.

***

– J’aime regarder les branches par en dessous, murmure Léa allongée sous le frêne. On dirait des serpents !
Gaspard, dis-moi comment tout cela a commencé.
– Eh bien, répond son cousin, imagine-toi que ce gros vieux frêne est sorti d’un minuscule « hélicoptère », d’une minuscule graine : d’une samare !
– Raconte ! s’écrie Léa, j’adore les histoires.

***

– Il y a très longtemps, dans un bois vivait un grand frêne.
A l’automne, parmi les feuilles est tombée une graine de frêne.
Les graines étaient des centaines, des milliers à tomber de l’arbre. La graine du frêne s’appelle Samare.
Chacune voulait pousser.

Le cerf rouge affamé ne l’a pas avalée…
Le vieux vagabond ne l’a pas fait bouillir…
Et le sanglier bourru ne l’a pas trouvée…

Elle ne s’ est pas fait croquer par le chevreuil.
Elle ne s’est pas fait manger par les écureuils.

Au printemps, le galopin qui l’a ramassée s’en débarrasse plus loin .
Dans le pré, le soleil l’a réchauffée.
La samare a germé, les premières racines se sont enfouies dans la terre.
La lumière l’a fait grandir.

Le feu n’a pas brûlé le petit arbre. Aucune chenille velue n’est venue. La foudre n’est pas tombée sur le frêne, qui a grandi, grandi encore.

On est venu le voir, le peindre.
Les bûcherons n’ont pas voulu l’abattre.
Il était trop beau.

Et voilà pourquoi nous sommes là assis dans son ombre.
Et plus tard, Léa, veux-tu savoir ce qui lui arrivera quand tu sera devenue une vieille grand-mère ?

Tu verras les champignons envahir son tronc.
Le lierre le recouvrira même s’il ne l’étouffera pas.
Des insectes glisseront sous son écorce pour grignoter son bois de l’intérieur.
La sève ne pourra plus monter.
Les feuilles de la cime puis toutes les autres tomberont.
Alors, un jour, la tempête l’abattra.

– Adieu, mon vieux frêne.
– C’est triste, dit Léo. Mais, pour l’instant, il est encore bien vivant.
A propos, quel âge a-t-il ?

– Papa pense qu ‘il a au moins deux cents ans, répond Gaspard.
– Mais c’est fantastique ! s’ écrie Léa. Et si on disait que demain c’est son anniversaire ? On va lui faire un gâteau avec deux cents bougies !
– Quelle bonne idée !
– Une fête dans la forêt ? Pourquoi pas ! dit oncle Julien.
Vous, les enfants, vous pourrez enfin grimper dans l’arbre sans déranger les hulottes : toute la famille a quitté le nid.

***

Évidemment, pas question d’ allumer des bougies dans la forêt.
Attention à l’ incendie !
Vite, un petit tour dans le grenier d’ où l’ on descend guirlandes et ballons.
Les amis aussi sont de la fête.
Tous aident à remplir le grand panier de pique-nique avec les tartines, les noix et la tarte aux mûres qu’a préparée tante Isabelle.

***

En route pour la clairière !
Ce n’est pas facile d’accrocher les guirlandes aux branches du grand arbre, mais c’est très amusant.
Gaspard mesure le tronc :
deux cent vingt centimètres, plus de deux mètres.
Le garçon calcule :  On dit que, en gros, un centimètre égale un an de la vie d’un arbre. Il a donc plus de deux cents ans.
Gaspard inscrit aussitôt son âge sur un carton, que l’on suspend à une branche.
Jamais le frêne n’a été aussi magnifique!
Après avoir mangé, joué et chahuté, les enfants ramassent leurs affaires.
Mais ils laissent sur l’arbre guirlandes et ballon.
Le soir tombe , la forêt redevient calme . Les animaux quittent leur gîte pour partir à la chasse.

Une souris grignote les miettes du gâteau .
La fête est finie …

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