1800 L’ÉGLISE DE VENOSC ET SON TRÉSOR !
Extrait de « Sentier de découvert de Venosc », Page 48.
Entre les arbres de la haie, se découpant sur le fond austère de l’éboulement du Plan du Lac, voici le clocher de l’Église de Venosc. Ce clocher, construit en tuf, abrite la plus vieille cloche de l’Oisans : une inscription gravée dans le bronze indique la date de 1622.
Le coeur et le clocher constituent la partie la plus ancienne de l’église. Quant à la nef qui tombait en ruine, elle fut reconstruite au début du XIXe siècle. Cette reconstruction fut financée pour l’essentiel grâce à une souscription lancée par le conseil de fabrique (ensemble de religieux et de laïcs chargés de l’administration des revenus affectés à l’entretien d’une église.) Auprès des paroissiens. Le reliquat fut pris en charge par la commune et par un effort important des Chartreux.
L’Église de Venosc abrite (le trésor a été déplacé à la mairie) un trésor considéré comme le 2e trésor d’art sacré du département de l’ Isère. Pour des raisons de sécurité, ce trésor a dû être regroupé, car bien des objets précieux se trouvaient éparpillés dans toutes les chapelles et oratoires de la commune.
Pourquoi une telle richesse ? D’abord, parce que le protestantisme, si solidement implanté dans la haute vallée de la Romanche (surtout à Mizoën, Clavans et Besse) n’a jamais fait recette à Venosc. Or chacun sait que les protestants pensent que le luxe n’a pas sa place dans la Maison de Dieu. Ensuite parce que la paroisse de Venosc a bénéficié de généreux donateurs. Tel ce Jacques Rochette (Riche marchant de Venosc) à qui est dédiée l’inscription gravée sur la pierre tombale dressée à l’entrée de l’église.
J. Rochette était associé à sa belle famille (Vanatier de Mont-de-Lans) pour un commerce de toile entre la France et l’Espagne. Le testament de Rochette donne à l’église de Venosc 100 livres pour acheter un calice et une patène d’argent fin. Quant à la magnifique chaire à prêcher en bois de noyer, elle a été offerte par un enfant du pays, Étienne Giraud, chanoine de la cathédrale de Grenoble.
Ce genre de donation ne devait pas être exceptionnel, car Monseigneur Le Camus (plus connus sous la dénomination de l’Êvêque des montagnes) nous apprend que Venosc est la paroisse la plus riche de l’Oisans, grâce aux nombreux colporteurs du village qui « trafiquent dans le royaume, dans l’Italie ou en Allemagne ». Si la paroisse est riche, son curé ne l’est pas et il devait se contenter d’une portion congrue (pension que le bénéficiaire d’une paroisse donne au curé) de 200 livres par an. Mais les activités commerciales de ses ouailles lui donnent des idées et en 1686, Monseigneur Le Camus lui ordonne de cesser son trafic de pain et de vin et lui interdit d’exiger quoi que ce soit pour administrer les sacrements.
Illustration : Photo du calice (XVIIe) de l’église Saint-Pierre de Venosc (classé aux Monuments historiques en 1963).