• dimanche 09 février 2020

Historique par Marcel Aubert


L’exploitation a débuté avant la guerre de 1914.

M. Borry Borret (d’Huez) avait la concession.
Il allait chercher le charbon avec deux mulets. C’était une exploitation familiale. Ensuite ça s’est agrandi… un artisan a repris la concession et l’a développée.

Le travail
Dans la mine de l’Herpie, le minerai se composait d’anthracite, un charbon de très bonne qualité. Au tout début de l’ exploitation. Il était extrait par « les cheveux », c’est-à-dire par le haut ! (Trop cher pour étayer depuis le bas.) ce qui a provoqué des infiltrations et fragilisé le terrain. Par la suite, il a bien fallu extraire depuis le bas, avec des galeries. Il fallait étayer un maximum, et le charbon rendu friable tombait au moindre coup de pioche. Par moment le rendement était si important qu’il avait fallu se battre pour être payé. L’ingénieur Eymieux ne voulait pas payer. Barthelemy de Besse l’avait attrapé et menacé si méchamment qu’il a finalement cédé.

En ce temps là, elle fonctionnait jour et nuit, tout le temps, en 3/8 avec une trentaine d’ouvriers , Mizoën, Auris, Besse (15 en hiver) des Polonais, des Russes.

Il n’y avait pas encore de foreur, les galeries étaient creusées à la pioche. Tous les wagonnets étaient chargés à la pelle.
Le wagonnet qui arrivait était déchargé dans la benne.
Le charbon était descendu par câble en benne jusqu’à Bourg d’Oisans dans une usine qui fabriquait les boulets de charbon. C’est la benne descendante qui faisait monter l’autre.

Ils étaient bien payés. Et pour les habitants de la région c’était considéré comme un travail facile. Ils disposaient de 2 jours de congés et même avec la neige, ils en profitaient pour revenir à Besse. Ils étaient logés, nourris. L’ambiance était terrible. Ils s’engueulaient tout le temps ! Ils se tapaient. Les gens de Besse étaient assez forts à ce jeu ! Il n’y avait que dans le travail qu’ils s’entendaient.

Ils préparaient 12 quarts de vin et à chaque coup d’horloge, dong, dong, ils buvaient un quart… C’était des paris. La table était épaisse, personne ne pouvait la soulever !

L’Avalanche
En 14, ils avaient fait un bâtiment pour les prisonniers allemands. Cette cabane n’avait jamais été démolie. Ils s’en sont servi de dortoir. L’avalanche n’était jamais venue, mais là, le 9 février 1950, elle a tout rasé. Il y a eu 12 morts. (10 de Besse) Il y a deux seulement qui s’en sont réchappé : un Arlot et le fils de la jambe de bois qui s’en étaient sortis. Un de Besse qui était coincé a sorti son couteau pour se couper le poignet mais a finalement pu s’en sortir sans ça. Après la catastrophe, ils ont bouclé. On a dit que même si l’avalanche n’était pas venue, ils allaient arrêter quand même à cause du rendement qui n’était plus rentable.

Source : Marcel Aubert

Photo d’illustration : Les gueules noires de la Mine de l’Herpie, exposition à la Maison des Alpages année 2011 2012.

Mine de l’Herpie par M Bouvier

La mine est constituée par deux galeries en pente douce, d’environ 400 mètres de longueur, reliée entre elles par un puits vertical de 50 mètres de profondeur. Ce puits sert à déverser le charbon qui vient du haut (le point d’extraction le plus élevé se situe à 2600 mètres d’altitude) dans la galerie du bas, où il est acheminé vers la trémie.
« C’est là, m’explique notre guide, que le charbon sort enfin de terre, pour être chargé sur les bennes du téléférique qui le transportera à Bourg-d’Oisans, où il est traité :
l’anthracite en bloc ou en poussière est trié et préparé selon l’usage auquel on le destine.


anthracite

Une voie ferrée est posée sur le sol du boyau que nous foulons. Poussé par un homme, un wagonnet contient 750 kilos de charbon. Je vais le pousser jusqu’au puits. Après, les mules s’en chargeront.
Car, dans cette mine, il y a des mules qui assurent le transport de la galerie du bas.

Les mineurs arrivent un à un à l’orifice de la galerie et tous ont le même clignement d’yeux en sortant. Éblouis par la réverbération de la neige.
Ils descendent vers leur demeure un beau bloc de houille sèche sous chaque bras, pour alimenter le feu de la cantine.
Dur métier que celui-là. Les hommes mènent ici une existence sévère. Loin de leurs foyers, sans femme ni enfant. La plupart des ouvriers ne savent pas faire de ski, et ils descendent juste une fois par mois à Bourg-d’Oisans par les bennes du téléférique.
Au milieu des privations de toutes sortes qui sont leur lot quotidien, il est une restriction qu’ils n’auront jamais à envisager : celle du chauffage.
C’est la revanche du mineur.

source : M Bouvier, journaliste en 1941

Categorie: Histoire
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