Après l’échange…

APRÈS L’ÉCHANGE LA CORRESPONDANCE CONTINUE.

Avant de laisser la parole à M. Yves Robillard, je tiens à le remercier pour la confiance qu’il m’a accordée en me laissant le précieux dossier de son papa, mais également pour le cadeau qu’il a fait aux habitants de la commune du Freney d’Oisans en leur permettant de revivre cette très belle aventure.

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Galerie de la correspondance entre les habitants du Freney d’Oisans et M. Aimable Robillard

Pâques 2007.
Notre fils Julien est devenu Grenoblois et lors d’un petit séjour chez lui, nous décidons d’une excursion au Freney… puisque et pour toujours, c’est le village de mes origines.
Pour comprendre, il me faut faire un grand bond en arrière. 1954, mon père, jeune instituteur, participe à l’assemblée générale des coopératives scolaires au Mans. Passionné par le mouvement naissant des échanges coopératifs et ayant déjà organisé pour ses élèves des voyages à Paris et vers les châteaux de la Loire, il souhaitait mettre en place dans sa classe une correspondance scolaire. Son inspecteur, Monsieur Le Jean, lui fait part d’une demande émanant d’une jeune institutrice des Alpes, désirant échanger avec un village situé en bord de mer.
La suite, vous la connaissez. Durant deux années scolaires, les élèves du Freney et de Carolles vont échanger et créer des liens si forts que 50 ans plus tard, certains sont restés amis et continuent de se voir.
Portés par leur enthousiasme et le désir d’aller au bout de leur projet, l’idée d’un échange voit le jour dans la tête des deux enseignants. Il faut dès lors réunir les fonds nécessaires pour concrétiser leur rêve. De part et d’autre, les idées ne manquent pas. Pour les Carollais, c’est en vendant du gui pour l’Angleterre, des vieux papiers, des os de seiches et grâce aussi aux bénéfices des fêtes d’école que le voyage sera autofinancé.
Enfin, en juillet 55, les Carollais prennent le chemin des Alpes.

MOT LA FIN !
En route vers votre village au volant de ma voiture, je ne peux m’empêcher de repenser aux paroles de mon père si souvent entendues lors des réunions de famille.
Les gorges de la Romanche, les sommets majestueux, la route de la Bérarde, la découverte de la montagne, les fleurs, les torrents, l’horizon si différent des vastes étendues de sable et de vase de la baie du Mont St Michel… des images inoubliables pour le jeune instituteur qui découvrait en même temps que ses élèves, la réalité de notions si souvent abordées en classe, lui, l’enfant d’ouvriers qui n’avait jamais voyagé.
Logé dans la petite école du Freney chez leur désormais amie Aimée Charat (était-ce un signe, mon père s’appelait Aimable) mes parents et leurs élèves ont vécu parmi vous un séjour inoubliable. Inoubliable à bien des niveaux puisqu’ils ramenaient avec eux, sans le savoir, un petit Frenichon qui allait naître 9 mois plus tard, le 26 mars 56 dans la petite école de Carolles.
C’est ce petit « Isérois », venu en pèlerinage dans votre village 50 ans plus tard, qui a eu la chance de rencontrer une personne près de l’école il y a maintenant 2 ans, personne qui lui faisait part de l’existence des Freneytiques.
Retour à Nantes, premier courriel échangé avec Lionel Albertino, réponse enthousiaste de ce dernier et visite chez mes parents. Mon père, émerveillé et heureux au delà du possible souhaite de tout cœur apporter son témoignage à ce qui fût une des pages de l’histoire de votre village.
Aimée, avec qui mes parents sont restés en contact toutes ces années, sera mise à contribution.
Et puis, la maladie est là, sournoise. La santé de mon père décline, le projet fera une pause jusqu’à l’inévitable.
Mars 2008, mon père décède et je deviens le dépositaire des archives concernant l’échange avec le Freney.
Novembre 2008, rendez-vous avec Lionel Albertino et son épouse chez notre fils à Grenoble. Le dossier relatant l’échange fascine mes interlocuteurs et c’est le cœur plein d’espoir que je le laisse en de si bonnes mains. Après de trop longues années, cette belle histoire va enfin revoir le jour.
Mon père n’aura pas eu le plaisir de la voir, mais ma mère, toujours là, revit avec bonheur ces moments de leur jeunesse où tout était possible pour peu que l’on ait l’énergie et l’envie.
Dans quelques jours, nous nous retrouverons et j’ai sur mon bureau, posée devant moi, une petite boîte rouge qui contient elle aussi un véritable trésor… mais cette histoire, je vous la raconterai une autre fois et je l’espère de vive voix.
A très bientôt chez vous, chez moi un peu…

Yves Robillard « petit dernier » d’Odette et d’Aimable Robillard

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