Topographie historique du Haut Dauphiné 3/7

Cliquez-moi !

1617, Carte de Jean de Beins, père de la cartographie Dauphinoise.

NOTES SUR LA TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU HAUT-DAUPHINÉ 3/7
par Henry Duhamel

Source : Gallica/BNF

Sur le même sujet :
Travail sur le grand Pic de la Meije

1re partie 2e partie – 3e partie – 

NOTES SUR LA TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU HAUT-DAUPHINÉ
Lien vers : la carte des environs du Bourg-d’Oisans

Si faible que soit cette assertion elle permet d’être assuré d’une notion déjà suffisante de la chaîne comprise entre les Écrins et la Montagne des Agneaux, au commencement du XVIIIe siècle, aussi bien que de la connaissance du massif s’étendant entre les bassins de la Vallouise et du Vénéon constatés par la description du « Col de la Grande Sagne ou de l’Allefroide ».

Montannel nous donne à maintes reprises la preuve de sa consciencieuse exploration de ces montagnes effectuée pour la confection des minutes à l’échelle de 3 lignes pour 100 toises (28.000e) de la carte qui réduite au 86.000e (1 ligne pour 100 toises) par Villaret, un des ingénieurs géographes qui lui étaient adjoints, fut gravée en 1758 par Guillaume de la Haye et livrés au commerce sous le titre : Carte géométrique du Haut-Dauphiné et de la frontière ultérieure (De Montannel, page XVII. — Certaines minutes de cette carte, levées à l’échelle de 6 lignes pour 100 toises [14,000e] ont trait à des parties de nos Alpes autres que celles qui font l’objet de cette notice).

Après avoir signalé l’extraordinaire élévation de la crête toute escarpée sur ses deux revers comprise entre le Col d’Arcine et celui du Haut-Martin (idem, page 100.), ainsi que nous en avons déjà fait précédemment mention, il s’exprime à propos du Bourg-d’Oysans et du Pont de Sainte-Guillerme dans les termes suivants :

« C’est ici le lieu de dire que les montagnes dans lesquelles se voient le vallon de Saint-Christophle, le Valsenestre, le Valjouffrey, le val Godemar, le vallon de Champoléon. la vallée d’Ourcières, le vallon de la Gravière, le vallon de Réalon, le vallon de Saint-Clément, celui de Freissinières, celui de l’Argentière et celui de la Vallouise, n’offrent partout qu’un pays affreux plein de rochers et de précipices (idem, page 146.) »
« Les penchants qui forment la gauche de la combe de Malaval appartiennent à un contrefort qui sépare cette combe d’avec le vallon de Saint-Christophle ce contrefort prend racine à la partie septentrionale de l’Ailefroide et il se termine vers le pont de Sainte-Guillerme au-dessus duquel il forme la descente du Mont-de-Lens. Les dits penchants sont fort élevés, fort roides et remplis de grands escarpements. Comme l’arête du susdit contrefort ne présente partout que des rochers affreux, on ne peut passer de la combe de Malaval dans le vallon de Saint-Christophle qu’en suivant la route qui passe au pont de Sainte-Guillerme, ou bien en suivant un mauvais sentier qui passe au Col des Granges de Venosc.

“Le vallon de Saint-Christophle n’est à proprement parler qu’un cul-de-sac autour duquel s’élèvent de grands rochers couverts en bien des endroits d’une glace si ancienne, qu’elle y paraît aussi dure que du cristal. On ne peut véritablement entrer ni sortir du vallon de Saint-Christophle que par la gorge qu’il présente au bassin d’Oysans ; car, pour les cols qui y déversent des vallées contiguës, ils sont si rudes, si étroits et si mauvais, qu’à peine un homme à pied ose-t-il y passer (De Montannel, page 150.) »

Au sujet de la Séveraisse, Montannel ajoute :

« La Grande Séveraisse est l’un des principaux affluents du Drac. Elle prend sa source au bas de l’Aile-Froide et coule au milieu du Valgodemar…
« En général, le Valgodemar est fort resserré, fort profond et rempli dans le haut de ses penchants de grands escarpements. La chaîne qui le sépare d’avec le Champsaur et d’avec la vallée d’Ourcières est extrêmement élevée et couronnée de rochers fort escarpés ; sa racine est attachée à la montagne de l’Aile-Froide et elle se termine vis-à-vis le village de Saint-Firmin par une grosse tête fort élevée et couronnée d’un rocher escarpé (De Montannel, page 114.) »

« On communique de la partie supérieure du Valgodemar au vallon de Saint-Christophle, c’est-à-dire qu’on va du village de Jeusselme au village des Étages et à celui de la Bérarde en quatre heures et demie. Ce chemin passe par le col du Sais ; bon pour les gens de pied (De Montannel, page 512.) »

Dans le chapitre consacré aux communications particulières du mandement d’Oysans, on peut encore lire :

« On va du Bourg d’Oysans à Saint-Christophle en quatre heures ; pour les chevaux.
“On va de Saint-Christophle à la Chapelle du Valgodemar en huit heures. Ce chemin passe par le col de la Muande ; pour les gens de pied (De Montannel, page 521.) »

Enfin, alors que sous le nom de « Col du Celar » la carte du Haut-Dauphiné mentionne le col du Sellar mettant en communication directe le Valgaudemar avec la Vallouise, Montannel ne signale comme moyen de passage entre ces deux vallées que le passage par les cols de Vallon-Peire, du Haut-Martin et de Bonvoisin, tous bons, selon lui, que pour les gens de Pied (De Montannel, pages 101 et 512.). La Blottière, rappelons-le, pensait au contraire qu’on pourrait, avec précaution, faire passer des chevaux de Ville-Vallouise à Saint-Bonnet par le col de Bonvoisin (La Blottière, page 110).

En 1743, Millet de Monvelle, dans le deuxième mémoire publié sous le nom du lieutenant-général de Bourcet [Mémoires militaires sur les frontières de la France, par feu M. de Bourcet, an X, avec une carte indiquant la situation respective des passages mentionnés dans le volume (page 149). — Rappelons que l’on désignait sous le nom de « Petite route », la route de Grenoble à Briançon par le Lautaret ; la grande route passait par Corps et Embrun.], donne, d’après La Blottière et sans le citer toutefois, les mêmes renseignements que ce dernier :
« De Vallouise un chemin va aux granges Entre-deux-Aigues, traverse le col de Bonvoisin et arrive à Saint-Bonnet ; il faut neuf heures pour le parcourir. Avec un peu de précautions, l’on peut faire passer des chevaux par le col de Bonvoisin. Il serait utile, pour aller de Grenoble à Briançon, si les autres routes étaient gardées.
“En allant à Saint-Bonnet par le col de Bonvoisin, après avoir passé la montagne de l’Ours qu’on laisse à droite, l’on rencontre un chemin qui mène à la Chapelle-de-Valgodemar, puis à Lesdiguières en suivant la Sevraisse. »

Millet de Monvelle signale aussi le col de la Grande-Sagne ou de L’Allefroide, qu’il appelle col de Valfroide :
« De Vallouise, un chemin qui passe au village de la Pisse à celui de la Jusse, au col de Valfroide, à Saint-Christophle, à Venan, va joindre la petite route au Bourg d’Oysans. Ce chemin traverse des glaciers, et les éboulements l’ont rendu impraticable ; aussi depuis plus de cinquante ans il n’y a peut-être passé personne (Mémoires militaires, par feu de Bourcet, page 148). »

L’expérience acquise pendant la longue succession de guerres soutenues dans les Alpes Dauphinoises sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV paraît avoir attiré l’attention sur cette grande vallée du Vénéon, aujourd’hui une des plus fréquentées des visiteurs en Dauphiné. Le marquis de PEZAY, maréchal général des logis de l’État-Major de l’armée, en publiant, en 1775, l’Histoire des campagnes de Monsieur de Maillebois en Italie pendant les années 1745 et 1746, consacra un chapitre spécial à la description des vallées des Grandes Alpes dans le Dauphiné et la Provence description en grande partie basée sur les renseignements fournis par la Blottière auxquels toutefois furent jointes quelques données nouvelles, en particulier sur la vallée du Vénéon. Nous croyons devoir en donner copie :

À suivre…

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, une erreur ou si vous souhaitez ajouter une précision,
veuillez nous en informer en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur les touches [Ctrl] + [Entrée] .

Ce contenu a été publié dans ARCHIVES, HISTOIRE, PLAN, REPORTAGE, TEXTE, VILLAGE, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.