1786, Dominique Villars et la Bérarde.

Les habitans de la Bérarde sont doux et affables, ils ont l’air confiant et tranquile ; ils sont plus étonnés qu’inquiets sur les objets de curiosité qui leur amènent des étrangers (L’un d’eux ayant entendu raisonner MM. de Bournon et du Cros sur la formation des montagnes leur demanda si le bon Dieu leur avait dit son secret.) Nous avons logé chez la veuve Richard où nous avons trouvé le fils cadet nommé Charles marié à une fille de douze ans (Dans notre ancien droit français, avant la législation intermédiaire (20 septembre 1792), le mariage était permis, comme en droit romain, à quatorze ans pour les hommes et douze pour les femmes.) Il eut l’honnêteté de nous accompagner avec une attention et une affabilité bien rares. Après avoir couru une journée entière avec nous sur les glaciers, fourni à notre nourriture, à celle de notre guide et de nos mulets pendant deux couchées et un jour, il fit monter le maximum de notre dépence à 5 livres 12 sols. M, de Bournon eut de la peine à luy faire accepter un écu de six livres et nous ne pûmes obtenir de sa modestie de boire avec nous.

Cette offre de notre part qui est en Dauphiné le signe de ralliement et d’amitié comme le chalumeau parmi les sauvages du Nord de l’Amérique ne fut pas nécessaire dans cette occasion et l’amour de l’argent, qui rend aujourd’huy la visite du Mont-Blanc et de Chamouni en Savoye un peu plus difficile pour les voyageurs, n’a point corrompu les habitans de la Bérarde.

Extrait du « PRÉCIS D’UN VOYAGE À LA BÉRARDE EN OISANS », 1786, par Dominique VILLARS
(Publication intégrale du manuscrit 1887)

Un texte court, d’à peine 26 pages, intéressant par sa description du site et des routes, parfois, aussi savoureux par certaines notes de bas de page et dans quelques commentaires personnels de Villars. À découvrir sur Gallica : http://tinyurl.com/hs7tsy9