
Les Pompiers du Bourg-d’Oisans en 1925, au centre le Dr Louis Faure, maire lors de son premier mandat. Revue Autrement-dit No 28, septembre 1999
1953, LE BILAN DU DR FAURE, MAIRE DU BOURG-D’OISANS
Archives : André Glaudas.
En 1953, le Dr Faure, trace le bilan de son mandat commencé en 1947.
Le Docteur Louis Faure, enfant du Pays sera Maire du Bourg-d’Oisans pendant 43 ans, de 1925 – 1968, et Conseiller général du Canton.
Officier de la Légion d’honneur, l’avenue qui traverse le Bourg-d’Oisans porte son nom.
Autres articles sur le même sujet :
Naissance des nouveaux quartiers du Bourg
Les sports d’hiver en Oisans en 1933
L’heure du Bilan : Réunion du conseil municipal du 15 mars 1953
MES CHERS COLLÈGUES,
Suivant la coutume, j’ai tenu, à l’expiration du mandat que les électeurs nous ont confié en 1947, à résumer brièvement notre activité au cours de cette période à faire le point de la situation financière de la commune, à rappeler les principaux postes de dépenses et de recettes de notre budget.
Vous avez arrêté ce budget lors de votre dernière réunion à 15.641.375 francs
Les principales ressources proviennent : de la taxe locale, 5.000.000 francs environ : des patentes (commerçants, entrepreneurs, professions libérales, usines) qui représentent 70 % des impôts directs, fonction des centimes additionnels ; de la subvention au titre de la loi Barangé, 622.000 francs.
Les principaux postes de dépenses sont représentés par des dépenses d’entretien et de fonctionnement, sur lesquelles les initiatives d’un conseil municipal sont très réduites : tels le budget d’assistance, 3.600.000 francs, le traitement des fonctionnaires et employés, communaux 2.200.000 francs, et budget vicinal, 2.600.000 francs (ce dernier, fixé chaque année par le Préfet est couvert par le produit de la taxe vicinale).
En dehors des travaux d’entretien courant des rues, chemins, fossés (le déneigement seul a coûté 125.000 francs en 1952 – 53). Les travaux importants réalisés ces dernières années furent : la réfection et le goudronnage de la route du Paradis, 1.800.000 francs ; de Bassey, 1.000.000 francs : du Cimetière, 500.000 francs ; des Alberges, 200.000 francs.
Vous avez décidé de réaliser cette année la réfection du chemin de Boiron et du 1er kilomètre de la route du Plan. Dépense prévue 2.000.000 francs (1.400.000 francs le kw.).
Voté l’acquisition d’un tracteur F.A.R. (1.550.000 francs payables en 5 annuités) qui permettra l’enlèvement des ordures, le déplacement rapide des 2 cantonniers, le transport des matériaux, pour l’entretien des chemins éloignés du chef-lieu.
Les Ponts et Chaussées ont entrepris depuis plusieurs années dans toute la France un immense travail de rectification des routes nationales, surtout sur les grands itinéraires qui évitent de plus en plus les agglomérations. L’application de ce plan entraine à Bourg-d’Oisans la déviation de la R.N. 91 au droit du garage des Alpes.
Cette rectification ne va pas sans entrainer des perturbations dans le commerce local. Les inconvénients seront réduits au minimum du fait que nous avons pu obtenir que la déviation n’évite pas complètement le Bourg (comme il en avait été question) et qu’un sens unique pourra être organisé.
Les Ponts et Chaussées ayant fixés la largeur de leur route à 14 mètres vous avez décidé de porter la largeur totale de l’avenue, trottoir compris, à 17 mètres. La part des dépenses (achat de terrain pour cette surlargeur) incombant à la Commune avec les dépenses édilitaires (eaux. égouts) peut se chiffrer à 4.000.000 environ couverts par un emprunt.
Les dépenses d’assistance se montent en 1953 au chiffre astronomique de 3.600.000 francs. Vous savez que ce budget nous est imposé chaque année par la préfecture. Il représente la part de la commune sur le budget total d’assistance du département. Cette part est calculée suivant un barème qui tient compte de la valeur du centime et du nombre d’habitants. Ce budget comprend non seulement les dépenses d’assistance médicale gratuite (hospitalisation, soins médicaux, fournitures pharmaceutiques aux assistés) qui ne comptent que pour 1/3, mais doute la part des dépenses mise à la charge des communes par la loi sur la protection de la santé publique, l’inspection médicale scolaire, assistance à la famille, vieillards, tuberculeux, aliénés, enfance, protection contre les tuberculoses, protections infantiles et maladies vénériennes (2/3). Son total augmente chaque année dans des proportions considérables et j’ai pu dire dans un rapport que je faisais l’an dernier au Congrès des Maires, qu’il était la base noire des municipalités. Rapporteur de ce budget depuis plusieurs années au Conseil Général, j’ai fait émettre le vœu que toute cette dernière partie qui échappe complètement à l’initiative et au contrôle des municipalités soit laissée à la marge seule de l’État et du Département. J’ai eu le plaisir de voir dernièrement que le projet de loi portant réorganisation de ce budget, déposé par le ministre nous donnait satisfaction.
Je vous rappelle que en dehors de l’entretien journalier des bâtiments municipaux :
2 églises, 8 bâtiments scolaires, mairie, presbytère, abattoirs, qui absorbent une partie importante du budget, vous avez aménagé la conciergerie pour installer le logement de la concierge, les bureaux de l’enregistrement (nous n’avons pu conserver ce service à Bourg-d’Oisans qu’à cette condition) et de Contributions indirectes, cout 500.000 francs. Vous avez décidé à la demande générale des habitants de La Paute la réfection complète de la toiture de la chapelle de ce hameau 200.000 francs.
Vous avez remis en état le Foyer Municipal. Toiture intérieure, travaux indispensables qui n’avaient que trop attendu. Les règlements de sécurité imposés pour les salles de spectacles nous ont obligés de refaire toute la distribution électrique, à installer un éclairage de secours par accus, etc. La dépense totale a été de près de 2.000.000 francs, sur lesquels nous avons touché 350.000 francs d’indemnités. Il faut inscrire en face de cette dépense une recette annuelle de 150.000 francs (location de la salle et de la buvette).
L’amélioration du réseau de distribution électrique entreprise par E.D.F. a entrainé la construction ou le déplacement de plusieurs transformateurs. Nous avons pris en charge 3 d’entre eux (la ligne étant propriété communale la dépense nous en incombe). L’un d’eux fait bloc avec les cabinets construits derrière la gendarmerie. Coût 1.500.000 francs.
Vous avez décidé l’extension de la force électrique jusqu’à la passerelle du Vert et l’éclairage de cette partie du chemin ; mit à l’étude l’extension de la force à La Pause et aux Sables.
Le réseau de distribution des eaux nous a causé et nous cause toujours de graves soucis, nous pose des problèmes difficiles.
Pour le Bourg son amélioration s’est poursuivie avec la pose de nouvelles bornes d’incendie, la suppression des bornes-fontaines inutiles, l’installation de compteurs chez tous les usagers, la construction d’une canalisation rue de la Fontaine-Château-Périer (530.000 francs) complétée par deux égouts : rue Humbert (350.000 francs) et avenue Jean-Baptiste-Gautier (590.000 francs).
Nous avons réalisé l’alimentation en eau des Gauchoirs complétée par un réseau d’égout (2.400.000 francs) dont 1.200.000 francs de participation E.D.F. et 450.000 francs de subvention.
La source des Gauchoirs très importante, va nous servir, ainsi que vous l’avez décidé, à alimenter tous les hameaux qui restent privés d’eau potable. Aidés financièrement par E.D.F. pour Pont-Escoffier et Auris pour le Clapier, nous desservirons les Alberges, Vernis, Pont de la Romanche, Sarennes, Essoulieu, Bassey. Un branchement reliant la canalisation au Bourg par le Pont de la Romanche et le Pont de la Rive, apportera au chef-lieu un complément utile et alimentera le quartier de la Petite Rive.
Le réseau d’adduction de La Paute et des Sables et pour nous et, plus encore pour les usagers, un sujet perpétuel d’ennuis et de soucis. La route nationale 91 est sujette à des affaissements fréquents qui occasionnent la rupture de la conduite logée dans son sol, entrainant évidemment des coupures d’eau toujours ennuyeuses, qui deviennent catastrophiques dans les périodes de gel. Malgré la pose de compteurs, qui évitent le gaspillage, l’eau manque souvent à La Pause et à Rochetaillée, surtout en période de sècheresse. C’est pour remédier à cet état de choses que vous avez décidé l’amélioration de l’ancienne source de la Lignare et de sa conduite qui sera un complément pour la partie basse de La Paute, tandis que l’amélioration du captage de la Colate donnera plus d’eau au réseau général de ces hameaux.
Dans le plan de l’organisation départementale de lutte contre l’incendie, Bourg-d’Oisans et centre de premier secours. Ce titre entraine des dépenses afférentes à l’entretien et à l’équipement de la compagnie de sapeurs-pompiers, mais nous permet de ne payer que 6 francs par habitant de cotisation annuelle au lieu de 11.
Vous avez dépensé au cours de ces dernières années 850.000 francs pour l’achat d’une pompe, accessoires, réparations de 255.000 francs pour l’équipement des sapeurs.
Notre compagnie bien équipée et pleine de dévouement fait honneur à notre Bourg.
L’agrandissement du cimetière de Bourg-d’Oisans nous a coûté 3.500.000 francs, vous avez décidé l’agrandissement du cimetière des sables qui coûtera 1.275.000 francs environ somme récupérables sur le prix des concessions.
Vous avez subventionné généreusement la fanfare municipale achetée pour 60.000 francs d’instruments qui restent propriété de la commune.
La construction du nouveau bureau de poste, qui s’avère de plus en plus indispensable et qui avait été décidée si longtemps, va être entreprise cet été. Cet immeuble est construit par l’administration avec participation obligatoire de la commune, 20 % du montant des travaux, minimum fixé, par la loi ; malgré nos multiples démarches, nous n’avons pu obtenir mieux. La plus grosse partie de notre participation sera d’ailleurs représentée par la cession du terrain de la commune fait à l’administration.
Nous nous sommes intéressées spécialement au cours de ces dernières années à l’ensemble de nos écoles publiques. L’augmentation du nombre des élèves, la création d’un cours complémentaire, nous ont entrainés à ouvrir de nouvelles classes, à construire un atelier, à loger de nouveaux maîtres. Avec la modification du chauffage centrale au mazout des écoles de familles et maternelle et à l’école de garçons (résultat : nette amélioration du chauffage et économie sur la dépense en combustible), la construction d’un préau, l’achat de mobilier scolaire, les réparations, peintures, aménagements des écoles et logements du Bourg, La Paute, Les Sables, les Alberges, les Ougiers (cette dernière en participation avec la commune de Venosc) ont entrainé une dépense de 6.000.000 environ.
La réussite de notre cours complémentaire qui groupe 110 élèves et dont les succès scolaires ne se comptent plus, nous a amplement récompensés de notre effort. Je suis heureux aujourd’hui de rendre hommage au dévouement et aux qualités professionnelles de notre corps enseignant auquel nous devons ces magnifiques résultats.
Mes chers Collègues, les difficultés financières au sein desquelles se débat actuellement le pays tout entier, ne permettent pas la réalisation de vastes projets, elles exigent une vigilance accrue de tous ceux qui sont chargés de gérer les finances publiques.
Dans notre modeste sphère, nous avons fait de notre mieux, le chiffre de 12.500.000 francs qu’atteint notre budget, pour imposant qu’il paraisse, reste encore en dessous de la normale, puisque les statistiques officielles font ressortir à 8.000 francs la dépense municipale par tête d’habitant dans l’ensemble du pays. Ce chiffre devrait donner, appliqué à nos 2.400 concitoyens, 19.200.000 francs.
Je tiens à vous remercier de votre collaboration dévouée et amicale grâce à laquelle nous avons pu mener à bien la tâche que nous tenons de la confiance de nos électeurs de remercier les membres du personnel municipal, qui, à tous les échelons, accomplissent leur tâche avec complément et dévouement.
Je vous demande d’adresser, à l’issue de nos travaux, une pensée émue à la mémoire de nos deux bons collègues, Félix PAQUET et Joseph MAQUÉRET, décédés pendant l’accomplissement de notre mandat.
Le Maire,
Louis FAURE