1953 Sortie des Jeunes de La Grave à la Bérarde

1953 SORTIE DES JEUNES DE LA GRAVE À LA BÉRARDE

Source : Archives de Mme Louise Pudda
Extrait du Bulletin Paroissial La Grave.
Publication : novembre 1953

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Sortie collective des Jeunes de la Grave à la Bérarde

Depuis l’an dernier, déjà l’idée avait germé d’une sortie collective entre Graverots pour aller rendre visite aux gens de la Bérarde. La neige précoce vint étouffer tous ces désirs.
Dès le début de cette saison, on en reparla et tous les avis recueillis paraissaient favorables. On avait même la chance d’avoir l’appui de certaines autorités municipales.

Donc le 27 août tout le monde se prépara fébrilement pour cette expédition. Songez donc, aller à la Bérarde par le col du Clot des Cavales !
« Où sont mes chaussures ? Qu’est-ce qu’il faut apporter à manger ? Est-ce que ce sera difficile ? Il va falloir s’encorder ? »
Petit à petit tous furent déguisés en touristes, l’appareil de photo en bandoulière et si on n’avait pas su qu’ils étaient Graverots, on aurait juré des Américams.

À 4 heures de l’après-midi, à peu près tout le monde était présent au car, à part quelques défaillants affligés à insolation ou de mal blanc, ce qui évidemment les empêchait de marcher.
On fut rapidement au Lautaret. Et c’est après avoir vu un aigle magnifique, un coq et quelques marmottes que la caravane composée de 15 personnes arriva à l’Alpe.
Reçu avec gentillesse par la famille Jouffrey, tout le monde fut rapidement à l’aise. On dîna bien et la bonne humeur battait son plein quand on en vint à boire à la santé des absents.

À 3 h 30, Paul vient nous réveiller et chassant nos derniers rêves, encore tout endormis, dans la pénombre chacun essaye de trouver ses souliers.
Café au lait et à 4 heures on s’enfonce dans la nuit vers les Cavales. Le jour nous prend au bout du Plan de Valfourche juste à temps pour admirer les faces Nord qui portent les noms des anciens guides de La Grave Col et pointe Émile Pic, pointe Hypolite Pic.
On passe sous Gaspard, sous les jumeaux et la Tour Carrée et plusieurs des jeunes murmurent déjà : « C’est quand même beau la montagne ». C’est vrai quand on est à La Grave, on ne se rend pas compte de tout ce que c’est.
Ça n’a l’air de rien de s’élever comme ça lentement au-dessus des fonds de vallée, mais ça fait monter tout notre être et en haut on débouche sur des horizons merveilleux.

À 9 heures au Col du Clot des Cavales, c’est bien un horizon merveilleux que l’on avait ce jour-là. Les faces et les arêtes étincelantes se dressaient de partout. Pas un nuage au ciel. Là-haut on baptisa avec de la neige tous ceux qui n’étaient jamais montés à 3.000, et c’était la majorité.

Peu de temps après, serrés les uns derrière les autres, on descendit le couloir du côté de la Bérarde, tout sec et en très bonne condition à cette période de l’année.
C’est au pied du couloir qu’on aperçut la face Sud de la Meije, de la Brêche et du Râteau. Certains mirent 5 minutes à réaliser, mais après réflexions, ils trouvèrent : « Oh ! elle est quand même plus belle du côté de La Grave ! »
Sous un chaud soleil, le chemin nous conduisit vers la Bérarde. Il était à peu près midi quand le gros de la troupe arrivé sur la dernière bosse qui nous cachait la capitale, tomba en arrêt devant ce si petit village de l’Oisans, là tout en bas serré contre la rivière. Oh, moi, j’aurais cru que c’était plus grand que ça la Berarde ! »
Le pastis de Casimir Rodier mit tout le monde d’accord.

Les Berardins étaient représentés par Alexandre Richard et tout le monde but à la santé de La Grave et de la Bérarde.
Le déjeuner chez Casimir Rodier fut sympathique.
L’hôtesse nous fit de vrais prix d’ami. On but le café chez Richard Alexandre, les jeunes arrosèrent leur 3.000 et chacun descendit dans un des quatre-quarts où il avait trouvé de la place.

En vérité ce fut une bonne journée et je pense que tous seraient d’accord pour la recommencer. Cela nous a fait découvrir un coin de notre pays. Cela nous a aidés à mieux nous connaître et à mieux nous apprécier. Et surtout cela nous aidera dans l’avenir à recommencer plus nombreux de pareilles sorties, entreprises d’amitié.

Car si vraiment les jeunes espèrent dans l’avenir d’un monde meilleur, il faut s’occuper dès aujourd’hui de développer l’amitié dans nos villages et de vallée en vallée.

Paul ROUSSET

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