
Maison de repos Saint Bernadette de la Grave, carte postale, collection Archives départementales des Hautes-Alpes
CONSTRUCTION D’UN HOSPICE À LA GRAVE EN 1874
Je remercie Mme Louise Pudda qui m’a permis de la numérisation de cette collection de bulletins paroissiaux, véritable mine d’informations sur le canton de La Grave.
Source : Archives de Mme Louise Pudda
Extrait du Bulletin Paroissial La Grave, l’Écho de la Meije et de nos clochers, passer en faisant le bien. Publication : août 1937
GLANES D’HISTOIRE LOCALE
Construction d’un Hospice à la Grave en 1874
Extrait du journal de Claude Liothaud
Rome Laurent, médecin et ex-juge de paix à La Grave, homme d’une éminente charité, ayant conçu le projet de construire un hospice à La Grave intercéda auprès des personnes bienfaisantes de sa connaissance pour obtenir des secours d’argent, afin de pouvoir mettre son projet à exécution. À mesure qu’il recevait de l’argent, il le faisait placer en rente sur l’État, en attendant d’avoir la somme nécessaire pour cette construction.
Malgré tout le zèle qu’il déploya en cette circonstance pour arriver à son dessein, il est mort sans avoir eu la satisfaction de le réaliser. Mais en mourant, il légua presque tout son avoir au bureau de bienfaisance avec condition expresse de construire un hospice. Les choses en étaient là, lorsqu’en 1872 un de nos conseillers généraux de Gap, M. Bontoux, homme riche et bienfaisant, donna la somme de cent mille francs pour aider à tous les cantons du département qui voudraient construire des hospices cantonaux. Les membres du bureau de bienfaisance de La Grave, voulant profiter de cette bonne occasion pour exécuter les charitables intentions de M. Rome, se trouvant d’avoir à ce moment près de vingt mille francs placés sur l’État, sollicitèrent auprès du Préfet pour avoir part au don de M. Bontoux et obtinrent cinq mille francs ; de plus, il leur fut accordé par M. le Préfet cinq autres mille francs du département. En tout dix mille francs.
Alors on s’occupa à chercher une maison dont l’emplacement fut convenable et remplissant les conditions de salubrité et autres nécessaires à un hospice et dont on pût faire l’acquisition. On reconnut que la maison qui remplissait le mieux ce but était une maison située sur la place publique et au levant du presbytère appartenant à Jacob Cyprien, instituteur qui la céda au bureau de bienfaisance, moyennant le prix de quatre mille francs. On fit ensuite dresser les plans et devis ?? par et devis par M. Girard conducteur des Ponts et chaussées à Briançon et on en donna l’adjudication à M. Rambaud joseph qui commença les travaux de démolition le 28 avril 1874. Pendant le cours de l’été de cette année, il construisit les murs et fit le toit. La première pierre des fondations fut mise au-dessus de la porte d’entrée au midi, le tailleur de pierre y a gravé une croix et y a inscrit la date du 10 juin 1874.
L’entrepreneur s’occupa, pendant l’hiver suivant, à faire les portes et les cadres des fenêtres, et au printemps il s’occupa à faire les planchers, les plafonds, les escaliers, etc. de telle sorte que son entreprise fut achevée vers la fin de l’année 1875 et son travail fut reconnu et reçu par M. Girard, le 25 décembre 1875…
NOTE AJOUTÉE. — Faute de ressources et de personne, l’hospice de La Grave, dont nous venons de relater la fondation, n’a pu fonctionner que pendant quelques années. Il a servi ensuite de logement à quelques médecins qui n’ont fait qu’un court séjour dans le pays. Plus tard, on y installa un magasin d’alimentation et même une boulangerie. On se servait aussi de ses vastes salles pour donner des conférences avec projections ou des séances de cinéma. Mais personne ne s’occupait des réparations et en 1933, il se trouvait dans un état de délabrement pitoyable, auquel la commune de La Grave ne pouvait porter remède. C’est alors que les religieuses de la Salette de Lyon installées à La Grave depuis
quelques mois, conçurent le dessein de sauver de la ruine celte belle maison et de l’utiliser pour leurs bonnes œuvres. Elles la louèrent à la commune et après y avoir effectué de grosses réparations, elles y installèrent une pension pour jeunes filles, la Pension Sainte-Bernadette qui fonctionne si bien, où depuis trois ans qu’elle est ouverte quelques centaines de jeunes filles ont déjà passé grâce aux prix modiques de la pension et ont pu ainsi réparer leurs forces usées par les travaux de l’atelier ou, du magasin, ou du bureau et se revivifier pleinement dans le bon air de La Grave. De ce fait, il s’ensuit que cette maison ainsi utilisée, garde quelque chose de sa destination primitive, avec cette différence qu’elle est devenue l’hospice de la gaieté et de la santé. Nous en remercions bien vivement les Religieuses de la Salette de Lyon.