Découverte d’une barge antique au fond d’un lac en Oisans

DÉCOUVERTE D’UNE BARGE ANTIQUE AU FOND D’UN LAC EN OISANS

Lors de la journée du 12 mars 2012, les deux ingénieurs qui s’apprêtaient à faire quelques ultimes tests avec un robot submersible télécommandé ne s’attendaient sans doute pas à faire cette extraordinaire découverte archéologique au fond d’un lac dans le canton de l’Oisans.

Oh ! Le vilain poisson que voilà. Allez, sans rancune. À l’année prochaine. 

 
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M. Charles Nine, technicien EDF expliquera après l’officialisation de la découverte, que ces derniers essais avec le mini sous-marin télécommandé n’étaient initialement pas prévus et qu’ils avaient pour but de tester la transmission et le caisson étanche du caméscope dans un environnement défavorable et hostile.
En effet, c’est le tout nouveau système d’ondes F.A.K.E (Floating Anten Konnecting Equipement), équivalent du WiFi, mais dans une version aquatique qui devait être validée par cette batterie d’essais afin de confirmer qu’il est désormais possible de transmettre des données numériques, sans fil, en utilisant l’eau comme conducteur d’onde.
Ce nouveau système de transmission est développé par la société Britanique Fishliar King qui, pour cette occasion, avait envoyé deux ingénieurs en Oisans.
Ils devaient, secondés par des techniciens EDF, tester la qualité de l’image par retour vidéo sur l’écran d’une console équipée d’une télécommande pour la navigation du minisubmersible ainsi que deux manettes pour déployer une lampe et deux tubes télescopiques articulés pour des prélèvements divers (vase, sédiments, eau…).
Ce 12 mars devait clôturer un calendrier très chargé. Les derniers tests sur les fonds du lac du Verney, à l’aval d’Allemont, devaient conclure une longue série d’essais effectués tout au long des 18 derniers mois.

Pourquoi ce lac et pas un autre ?
Ces essais, à proximité d’une centrale à l’aplomb du survol de la ligne à très haute tension 400 kV, faisaient de ce lac un lieu privilégié qui devait garantir aux ingénieurs EDF que la réception de l’image ne serait pas perturbée par les émissions d’un champ électrique tout proche. 

Les expérimentations avaient donné entière satisfaction. Cependant, M. Nine, résolu à ne rien laisser de côté, demanda au technicien Anglais (dont le nom n’apparaît pas dans l’article) qui l’accompagnait sur le site, de procéder en début d’après-midi à une ultime série positionnée à la perpendiculaire de la ligne haute tension, sur une portion où le lac est le plus profond. 

Vers 14 heures, le petit bathyscaphe s’immergea. Après quelques minutes, les images ne semblaient plus être transmises. L’écran demeurait désespérément noir. L’ingénieur anglais qui pilotait le sous-marin fit remarquer à M. Nine que d’après ses relevés la transmission fonctionnait parfaitement, mais que l’avant du sous-marin semblait encastré dans « une forme creuse ». Après quelques manipulations de la turbine radioguidée, le mini sous-marin se débloqua dans une longue marche arrière qui fit apparaître la forme creuse petit à petit sur l’écran.
M. Charles Nine émit l’hypothèse d’une épave balancée par des vandales et n’y prêta aucune attention.
Les essais terminés, les deux techniciens retournèrent au centre de traitement dans un bureau spécialement aménagé au sein même du musée Hydrélec (en travaux actuellement), afin de vérifier que tous les paramètres et la vidéo enregistrés étaient exploitables et bien encodés malgré le champ électrique.
C’est lors de ce visionnage que M. Damweight, deuxième ingénieur Britanique en charge du traitement des données et accessoirement passionné d’archéologie, fit remarquer que les dernières images (la fameuse forme creuse) ressemblaient beaucoup à la silhouette d’une « barge antique ».
M. Damweight prit alors l’initiative de poster la vidéo sur un forum archéologique où d’éminents spécialistes se sont rapidement penchés sur les images. (Quand j’ai appris cette incroyable histoire, c’est sur ce même forum que j’ai « récupéré » la vidéo jointe à cet article.)

Selon les premières constations, la forme serait bel et bien une barge de type burgonde. D’après sa forme et quelques éléments caractéristiques appelés « hamo » visibles sur la vidéo (seconde 42 à 45), elle daterait de la toute fin du Ve ou du début du VIe siècle. Elle corroborerait l’hypothèse que bien avant la formation du Lac Saint-Laurent, certaines rivières en Oisans étaient utilisées comme des « tapis roulants aquatiques » pour acheminer des matériaux lourds. La période charnière entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen âge aurait été propice aux échanges commerciaux et à l’acheminement de ces charges avec un minimum d’hommes pour les manœuvrer, et cela, sur de grandes distances (au pied du Col du Sabot jusqu’au bassin Grenoblois et sans doute vers Vienne) selon les historiens spécialisés de cette période.

L’histoire n’arrête pas là. 
Sur le forum archéologique, les discussions et les groupes de travail se forment. Une ferveur semble envahir la communauté scientifique qui propose dès cet été la formation d’une équipe de plongeurs spécialisés pour cartographier le site, prendre toutes les mesures, d’autres photos et films afin de soulever ce voile que l’histoire a déposé sur cette barge il y a plus de 1600 ans.

Si vous souhaitez suivre les équipes et les développements de cette extraordinaire découverte, vous pouvez visiter ce forum qui reprend plus en détail et avec de nombreuses photos toute l’histoire et ses développements futurs.


Cliquez sur ce lien : Forum sur la barque burgonde du lac du Verney.

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