Un vestige du lac saint Laurent ?

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Vallée de Livet et Gavet, photo Raoul Blanchard, début XXe, source Musée Dauphinois.

UN VESTIGE DU LAC SAINT LAURENT ?

Source BNF-Gallica : Précis de la géographie universelle, ou Description de toutes les parties du monde…. Tome 3,
par Conrad Malte-Brun (1775-1826).
Date d’édition : 1832-1837

Sur le même sujet :  
Survol du lac Saint Laurent
Le Lac Saint-Laurent avant 119-1219

Extrait où il est question de la petite route de l’Oisans du lac Saint-Laurent et d’un mystérieux vestige…


Prenons une autre direction : suivons, au sud de Grenoble, le chemin de Vizille au Bourg-d’Oisans. À la sortie du premier de ces bourgs on pénètre dans la sombre vallée de la Romanche, qui, resserrée entre de hautes montagnes boisées, offre les aspects les plus sauvages et les plus pittoresques. Cette gorge étroite règne sur une longueur de 6 à 7 lieues, offrant quelques hameaux renfermant des usines, dont le plus important comme le plus central est celui de Gavet. On reconnaît encore, au bout de ce trajet, la digue de l’ancien lac de Saint-Laurent qui couvrait jadis toute la vallée du Bourg-d’Oisans. « Ce lac dut son existence de deux siècles à l’un des plus terribles événements auxquels sont exposées les vallées des Alpes. Deux torrents se précipitent, en face l’un de l’autre, du haut des montagnes, dans la Romanche, à l’endroit même où cette rivière sort du large bassin du Bourg-d’Oisans pour entrer dans la gorge. Ils grossirent subitement l’un et l’autre, dans le XIe siècle, au point d’entraîner au fond de la vallée une immense quantité de rochers, de terres et de graviers, qui, se joignant des deux côtés, finirent par la barrer ; et les eaux de la Romanche, retenues par cette chaussée, s’élevèrent jusqu’à son niveau, en couvrant toute la plaine à une hauteur de 60 à 80 pieds. Un reste de pont qu’on trouve sur la route qui conduit au Bourg-d’Oisans, indique encore aux voyageurs la hauteur du lac, et par conséquent celle de la digue. Formée et cimentée par la nature, ce fut la nature qui la détruisit ; les eaux du lac qui la minaient dès longtemps la rompirent enfin, dans le XIIIe siècle, en septembre 1229, et se précipitèrent avec impétuosité dans la vallée inférieure, et de là, dans celle du Drac, enfin dans celle de l’Isère. Elles entraînèrent avec elles tous les villages, toutes les habitations qui se trouvaient sur leur passage, et submergèrent la ville de Grenoble. Il n’y eut de sauvées que les personnes qui eurent le temps, avant la crue des eaux, de se réfugier, ou sur les montagnes, ou dans les hautes tours et les clochers de la ville : tous les ponts furent renversés. Le premier accident avait enseveli la plaine de l’Oisans, le second l’exhuma de son tombeau. Mais la catastrophe qui l’a submergée peut se reproduire encore : la cause subsiste toujours, et peut, d’un moment à l’autre, produire le même effet. La violence des deux torrents et les débris des monts qu’ils entraînent avec eux peuvent encore boucher la vallée, en opposant une nouvelle digue à la Romanche, et former un nouveau lac, qui ne trouverait de même son dégorgement qu’en s’élevant à la hauteur de cette digue. »

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