Les excursionnistes face au lac du Chambon

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Carte postal GEP, vers fin des années 30, Collection du musée Dauphinois.

LES EXCURSIONNISTES FACE AU LAC DU CHAMBON
250 anciens combattants ont visité le barrage

 Source : Le petit Dauphinois, édition du 11 mai 1936

Autre article sur les autocars RICOU : Excursion à la Bérarde avec les auto-cars RICOU

À travers l’Oisans en fleur.
Sous les auspices du « Petit Dauphinois » et de la Maison Ricou, 250 anciens combattants ont visité le barrage da Chambon.

Les excursionnistes face au lac du Chambon.

L’excursion offerte à l’Union des Mutilés et Anciens Combattants par M. Francis Ricou et le « Petit Dauphinois » a eu lieu hier et dans les conditions à satisfaire les plus difficiles.
Le départ a été donné, place Victor Hugo, à 8 heures comme il avait été prévu. Deux cent cinquante « vétérans » avaient pris place dans les dix autocars mis gracieusement à leur disposition par la maison Ricou, et on ne savait pas ce qu’il fallait le plus admirer de leur discipline, joyeusement consentie ou de la gaieté archi-gauloise qui présida des le matin, à cette petite expédition.
Les véhicules étaient des « Ricou » c’est-à-dire, rapides, confortables, et avec au volant, la fine fleur des chauffeurs. La caravane prit donc, la joie en poupe, le chemin de l’Oisans, avec à bord des véhicules qui la composaient, des gaillards disposés à utiliser au mieux de leur belle humeur des possibilités de la journée.
Le temps contribua à maintenir dans d’excellentes dispositions le moral des voyageurs. D’abord maussade, il s’éclaircit et ce fut dans une apothéose de lumière et de couleur que le cortège automobile atteignait de la prière étape de la journée, le barrage du Chambon.
C’est là une des merveilles du Dauphiné — 1936. De proportions babyloniennes, il constitue comme un des plus beaux, un des plus orgueilleux poèmes de béton et de maçonnerie qui aient été élevés à la gloire de la technique de ce temps. Et les Anciens Combattants que les Autocars Ricou avaient conduits là-haut, dans le minimum de temps dans le maximum de confort et de sécurité sans être dans leur majorité grands clercs en matière de grands travaux, surent apprécier à sa juste hauteur cet ouvrage où l’homme risque la gageure de se mesurer avec les forces de la nature sans être humilié du résultat de la confrontation.
Mais leur admiration était limitée quant à sa durée à une heure. Dans les « collectives », les pouvoirs de l’horaire sont dictatoriaux. Les excursionnistes rejoignirent donc, au commandement des Klaxons, les autos de la caravane, échappant à l’emprise de ce décor, où les escarpements de béton armé se mariaient honorablement avec les murailles de schiste, se dérobant aussi aux agréments d’un petit café du voisinage, où le meilleur accueil leur avait été réservé et au plus juste prix.
Le retour à Bourg-d’Oisans s’effectua toujours à l’heure H. Les anciens combattants avaient tenu, car ils appartiennent pour ainsi dire par destination à la catégorie de ceux qui se souviennent — ils ont payé, pour ça avec leur chair, avec leurs illusions — à rendre hommage aux enfants du Bourg-d’Oisans morts à la guerre.
À 11 h 30, le cortège était salué par la « Lyre de l’Oisans » qui sous la direction de son éminent chef M. Polycarpe faisant entendre avec brio des morceaux de circonstances. M. Marcel Cocat, président de la section de l’U.M.A.C. de Grenoble déposait une palme au pied du monument aux morts. Une minute de silence était observée par l’assistance grosse de souvenirs émis que venait exalter, exécutée par la fanfare une ode funèbre d’une inspiration élevée.
Les visiteurs auxquels s’étaient joints de nombreux camarades du Bourg-d’Oisans se réunissaient ensuite après le rite de l’apéritif, dans la salle des fêtes du Foyer municipal, où leur était offert par le « Petit Dauphinois » un déjeuner d’honneur.
Le menu avait été composé avec un soin qui fait honneur à la technique gastronomique de M. et de Mme Jouffrey les sympathiques propriétaires de l’Hôtel des Alpes. L’excellence des vents fit naitre à leur avantage maintes comparaisons avec les fameux aramons de l’Intendance.
Au champagne auquel la Municipalité et la section de l’U.M.A.C. de Bourg-d’Oisans avaient tenu à participer M. Marcel Cocat, prenant le premier la parole, remercia, avec une éloquence née du cœur les organisateurs, les protagonistes de cette journée, M. Francis Ricou, et M. Marcel Besson, dont les noms soulevèrent de vives ondes d’acclamation.
— D’ailleurs, dit le président, de la section de l’U.M.A.C. de Grenoble, ce n’est pas tant pour ce déjeuner savoureux pour cette splendide excursion que nous les remercions aujourd’hui, mais c’est d’avoir bien voulu penser à nous Anciens Combattants, à une heure ou pour beaucoup, nous faisons figure de vielles badernes n’ayant d’autres ambitions que d’émarger au budget.
M. Marcel Cocat, ayant encore remercié les représentants des anciens combattants et de là municipalité de Bourg-d’Oisans, et notamment M. Le Dr Faure, maire et M. Le Dr Léger, premier adjoint, termina en exaltant le rôle de l’U.M.A.C. qui met au-dessus de la mêlée la défense des droits légitimes des anciens combattants et la défense de la paix.
M. le Dr Faure, au nom de la ville de Bourg-d’Oisans souhaite aux excursionnistes la plus cordiale des bienvenues. Lui aussi avant toute chose, il tient à remercier de leur généreuse et traditionnelle initiative. MM. Francis Ricou et Marcel Besson, à qui il est très fier de rendre hommage.
Il remercie encore les représentants de l’U.M.A.C. d’avoir bien voulu témoigner aux 95 morts du Bourg-d’Oisans une fraternelle piété.
— Ce geste dit-il, d’affection et d’amour, symbolise pourtant la haine que tous, nous entretenons contre cette immense [illisible] qu’est la guerre.
M. Blanc-Quintel, président de la section locale de l’U.M.A.C. prononça une brève allocution, tressant un palmarès des remerciements et notre directeur M. Marcel Besson vint terminer ainsi le cycle des discours.
— C’est justement parce que vous n’étiez pas mêlés aux querelles des partis, dit-il, notamment qu’à certaines heures vous êtes apparus au pays comme des guides sûrs comme l’incantation des sentiments les plus élevés et que votre voix à pu retentir de haut pour rappeler où était le devoir.
« C’est grâce à vous — on doit aujourd’hui vous en rendre hommage — que le sentiment de la Patrie s’est affirmé de façon permanente depuis 1918, a survécu à tant d’atteintes qui nous brisaient leur cœur.
« La France suit son destin de nation démocratique. Le peuple souverain choisit librement ses maîtres et leur fixe ses directives.
« Mais vous me permettrez de constater que, quelles que soient les fluctuations de notre vie politique, aucune nation de notre vie politique, aucune majorité n’a jamais pu s’imposer dans notre pays sans avoir tout d’abord proclamé son amour de la France et le respect de son passé.
« Ainsi, sous la caution de sentiments patriotiques, au respect desquels nous vous savons disposés veiller, la France peut poursuivre hardiment sa marche vers le progrès.
« C’est grâce à vous, Anciens Combattants, que la flamme continue à brûler aussi pure. C’est la mission que vous vous étiez tracée. Vous l’avez remplie, j’ai le devoir de vous dire ici la gratitude de tous les vrais Français ».
Des applaudissements crépitèrent. Un triple ban déroula ses bruyantes cascades et cette fête des camaraderies retrouvées, des amitiés renouées, s’acheva gaiement comme l’après-midi finissait.
Le retour de la caravane s’effectua sans incident. Les Anciens Combattants durent faire une dernière halte à Vizille où l’apéritif leur a été offert par la Section Locale de l’U.M.A.C..
La dislocation eut lieu à Grenoble, l’ombre mélancolique qu’étendait sur les adieux de plus d’un excursionniste que la distance la nature de ses occupations des exigences de la lutte pour la vie éloignaient de ses camarades se trouvait tempérée par l’espérance de la certitude de « remettre ça » dans deux ans selon une agréable tradition qui chez nous au « Petit Dauphinois » a force de loi.
Outre les personnalités déjà désignées, assistaient notamment à cette sortie MM. G. Blessy, secrétaire général du « Petit Dauphinois » ; Pelletier et Chevrier, vice-présidents ; Allouard, président du Comité des fêtes ; Soulier, trésorier ; Lagorce, secrétaire de la Section de l’U.M.A.C. de Grenoble ; Rouaset, secrétaire général de l’U.M.A.C. de Grenoble ; Bailloud, trésorier général ; Romon, secrétaire général des Blessés du Poumon ; Aubert, secrétaire des Poilus d’Orient ; Bertrand, directeur des établissements Ricou ; Giniès 2e adjoint de Bourg-d’Oisans ; Chatel, président de l’U.M.A.C. d’Allemont ; Marius Rousset, président de la fanfare de Bourg-d’Oisans.

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