L’exploitation de la Glace au XIXe siècle.

L’EXPLOITATION DE LA GLACE AU XIXe SIÈCLE
Extrait de « Au Pays de la Meije » de Paul Louis Rousset PP. 27-28.

« En dernier lieu il est amusant de parler d’une conséquence inattendue de la dernière extension du « petit âge glaciaire». Après 1850, la glace progressant, le glacier de la Girose avait regarni ses langues terminales de façon spectaculaire. L’une d’entre elles, en dessous des Fréaux, dans la combe de Malaval, descendait d’une manière provocante, l’homme eut l’idée de l’exploiter.
On peut lire en effet sur les registres de délibérations de la Mairie de La Grave de 1883, que deux associés Laforest et Gignoux, directeurs de la « Compagnie générale des glaces des Alpes » avaient demandé une permission d’exploitation de tous les glaciers de la commune, pour trente ans. Après réflexion, le conseil municipal agréa la demande pensant qu’il y aurait là un mouvement très profitable à tous les habitants de la commune et que cela augmenterait de façon considérable le trafic des voitures à chevaux. Il fut décidé de passer un bail de 50 francs par an. Mais, détail qui a son importance, car il y avait des bruits d’établissement d’un chemin de fer par le col du Lautaret, il était prévu qu’en cas de construction d’une voie ferrée dans la vallée de la Romanche, le bail serait résilié « ipso facto » sauf bien entendu si un nouveau prix de louage était débattu avec le conseil !
Les travaux débutèrent. On faisait sauter le front du glacier à la dynamite et en bas on recueillait les morceaux. Enveloppés dans des serpillères, on en faisait de gros· chargements sur des charrettes à chevaux, qui descendaient immédiatement sur Grenoble. Arrivé du côté de Jarrie, quand il y avait encore toute cette grande plaine à traverser, certains jours le cocher devait prendre des sueurs froides, voyant diminuer son chargement à travers les toiles, il ne pouvait même pas avoir l’espoir de le revendre au litre !
L’histoire ne dit pas si ces Messieurs de la Compagnie générale des glaces ont fait fortune, mais on n’en trouve par la suite nulle trace dans les registres de délibérations … Cette entreprise n’était peut-être pas unique, mais sûrement assez rare dans les Alpes (NDR, le glacier du Casset a été exploité la même façon 30 ans plus tard). Une nouvelle fois la glace aurait pu devenir comme une mine d’or … mais peut-être le sort et sûrement les conditions climatiques en ont décidé autrement. »

À lire aussi, l’exploitation du glacier du Casset : http://www.ledauphine.com/…/quand-le-glacier-du-casset…

Illustration : Gravure de 1850, Glacier de la Grave.
Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, Le Dauphiné Paris, 1853 mise en ligne sur le très bon site « Le cartographe ».http://tinyurl.com/gq2u7ou

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