Soldat Jean Bérard de Sébastopol aux Aymes

Cliquez-moiSOLDAT JEAN BÉRARD, HÉROÏQUE DE SÉBASTOPOL AUX AYMES !
Un fait divers tiré de la presse locale de 1858.
Aucune description du héros ne nous permet de savoir s’il était frisé ou non.
Les registres d’état civil nous indiquent que dans les années 1870 un Jean Bérard était maire de la commune de Mizoën, une recherche dans ces mêmes archives fait apparaître un Jean Bérard né le 10 février 1823 (peut-être est-ce le même qui est décédé, 62 ans plus tard, le 5 février 1885 aux Aymes, [mais je ne retrouve plus l’archive qui mentionne le décès, j’indique donc cette information de mémoire]). Dans le contexte de notre histoire, il aurait donc 32 ans lors du siège de Sébastopol, 33 lors de la bataille de Malakoff, et 35 ans au moment où nous le retrouvons dans cette étonnante histoire de secours. Tout cela semble cohérent, mais sans aucune garantie. La famille Bérard ayant beaucoup de Jean, ou de Jean en première partie d’un prénom composé, seul un spécialiste en généalogie pourrait démêler l’écheveau qui permettrait d’en sortir une information exempte des approximations que j’avance. 

[Mise à jour le 11 mars 2013]
Monsieur Denis VEYRAT nous confit son analyse sur la recherche généalogique de « Jean Bérard » de notre histoire. Une analyse et une réflexion décrite point par point, qui très rapidement se profile comme une enquête policière avec des fausses pistes, des doutes et plusieurs hypothèses. Tout simplement passionnant. Merci Denis pour ce travail qui se trouve en fin d’article (cliquez ici).

24 février 1859 Courrier de la Drôme Ardèche.

Page 2, rubrique Chronique locale et départementale.

Le Courrier de l’Isère rapporte un trait d’intrépidité qui vient d’avoir lieu à Mizoën, une des communes des hautes montagnes de l’Oisans.
Le nommé Jean-Pierre Vieux, indigent et aveugle, partit de cette commune pour se rendre à Aymes, où il habite, à une distance de deux kilom. Souvent il faisait seul cette route, qu’il connaissait très-bien. Ce jour-là, la neige étant tombée en abondance, l’aveugle cherche en vain les indices qui lui servaient de jalons.
Il se dévoya totalement, et quel ne fut pas son effroi, lorsqu’autour de lui il entendit gronder les avalanches.
Entrainé par des tourbillons de neige, il roula sur les bords d’un gouffre à pic, d’une profondeur d’environ 1.800 mètres, où il eut infailliblement trouvé la mort, si, par un hasard providentiel, il ne se fut pas trouvé arrêté dans un tas de neige, amassé sur une des saillies du roc.
À ses cris lamentables, accoururent bientôt des enfants qui venaient de l’école. À la nouvelle de l’accident, le maire de Mizoën arriva suivi de quelques habitants armés de cordes. Les plus hardis n’osaient pourtant se faire descendre auprès de Veux (Vieux sans doute), suspendu à près de 40 mètres au-dessous du sommet, lorsqu’un soldat du 100e de ligne, Jean Berard, se fait solidement lier, tenta la descente non sans dangers inouïs et de grandes précautions remonta enfin avec le malheureux aveugle.
On avait voulu parler en vain à ce brave militaire du péril qu’il allait courir. Bah ! Répondait-il, à Sébastopol et Malakoff, j’en vis bien d’autres.
On n’a pas besoin de dire quel accueil enthousiaste fut fait par la population, à l’intrépide sauveur du mendiant.

 

Complément apporté par M. Denis Veyrat

1) Quelques remarques d’abord sur le préambule (en italique)

  • en 1859 le maire est bien un Jean Bérard (je n’ai pas recherché lequel)
  • le 10-02-1823 c’est Paul Bérard (pas Jean) qui nait, fils de Pierre et Anne-Marie Guillet
  • en 1885 je n’ai pas trouvé de trace du décès d’un Jean Bérard (NDA moi non-plus, j’ai dû mal lire le registre).

 2) Qui est le malheureux accidenté Jean-Pierre Vieux ?

 en recherchant sur ma base de données, j’ai trouvé deux Jean-Pierre Vieux

  • Jean Pierre né le 28-10-1842 au Dauphin, fils de Pierre est Magdeleine Delort
  • Jean Pierre né le 18-07-1790, fils de Pierre et Marguerite Bérard, il se marie en 1813 avec Françoise Jouffrey et en 1820 avec Suzanne Fay. Il décède le 27-06-1863 aux Aymes (le décès est déclaré par son fils Paul, et sa deuxième épouse). La deuxième hypothèse me semble mieux convenir, mais je ne vois pas pourquoi il est déclaré indigent (à moins que ce soit à cause de son infirmité).

Il faudrait chercher sur le registre du Bureau de Bienfaisance qui se trouve peut-être à la mairie de Mizoën.

 3) Qui est ce valeureux Jean Bérard ?

Le patronyme Bérard ou Bérard-Coste est très fréquent à Mizoën : il y a environ 220 garçons entre 1670 et 1892

Si on ne garde comme prénoms que Jean, Jean-Baptiste ou Jean xxxx il en reste encore 62.

Pour sérier le problème, on a deux informations importantes :

  • il était à Sébastopol et à Malakoff donc entre octobre 1854 et novembre 1855
  • il est soldat au 100° de ligne (pas officier ou sous-officier), il fait le service militaire, le 24-02-1859. Il doit être en permission.

Comment se passe le service militaire à cette époque : c’est la loi de 1832, durée 7ans entre 20 et 27 ans, tirage au sort au Bourg d’Oisans, on peut désigner un remplaçant (l’exonération, 2800 francs, ne commencera qu’en 1855, c’est trois ans de salaire d’un instituteur !)

Donc faisons un peu des mathématiques : en 1854 il a entre 20 et 28 ans donc naissance comprise entre 1826 et 1834 ; en 1859 il a entre 20 et 28 ans donc naissance comprise entre 1831 et 1839. Sa date de naissance est donc l’intersection de ces deux intervalles soit : 1831-1834 …OUF ! 

Il nous reste alors 3 hypothèses :

  •  Jean Bérard né à Singuigneret le 23-12-1834 de Pierre et Marie Guillet, il se marie en 1858 au Freney avec Marie Joséphine Arlot, ils sont tous deux instituteur en 1858 à Venosc. Ce n’est pas le bon profil. (Vue 186, Archives Départementales de l’Isère, Registre des naissances 1807 – 1835)
  • Jean François Bérard né aux Aymes le 17-06-1834 de Jean et Marie Marguerite Jouffrey, il se marie à Mizoën en 1869 avec Mélanie Girardet (Vue 184, Archives Départementales de l’Isère, Registre des naissances 1807 – 1835)
  • Jean Jacques Bérard né le 22-10-1834 fils de Jean et Marie Bérard, il se marie en 1861 avec Marie Magdeleine Bérard et se remarie en 1871 avec Marie Rosalie Bérard. (Vue 185, Archives Départementales de l’Isère, Registre des naissances 1807 – 1835)

 Il faut choisir entre ces deux possibilités; mais la mémoire du pays devrait donner la solution, car ce n’est pas très ancien : ce n’est jamais que l’arrière grand-père d’un Mizoënnais de 70 ans !

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