Projection du 23 mai

RACONTE-MOI LE FRENEY, PROJECTION DU 23 MAI

C’est sous le signe du plaisir que s’est déroulée la projection du site du village sur grand écran.
Plaisir de montrer le travail réalisé par notre association Freneytique. Plaisir de remercier et féliciter  les membres de l’association; Pat, Laurent, Jean-François, Lucien, Brigitte, Cyrille, Denise, Paula et ma douce Agnès. Par leur investissement, leur soutien et leur disponibilité, ils apportent l’énergie qui fait vivre notre projet. Plaisir d’entendre félicitations et encouragements par les mots de M. Christian Pichoud, notre maire. Plaisir enfin de retrouver dans la petite salle de classe tant de visages souriants venus découvrir pour la quatrième fois le site du village sur grand écran.
Cette année, deux événements ont ponctué le travail de notre association. 

Le dossier de Carolles qui relate l’échange scolaire entre la classe du Freney d’Oisans et la ville de Carolles dans la Manche.
J’avais annoncé la venue d’un invité-surprise. Yves Robillard, fils d’Aimable Robillard, coorganisateur avec Melle Charat de l’échange entre les deux classes en 1954. Yves et Nelly, son épouse, ont traversé la France en avion pour participer à la projection et rencontrer les élèves de la classe de 1954. C’est d’une voix très émue qu’il nous a lu un très beau texte où chaque phrase, chaque mot nous faisait mieux comprendre toute l’importance de l’échange pour lui et sa famille. Son intervention a été très applaudie.
Yves, Nelly, merci encore pour votre venus votre gentillesse et pour ces belles lignes nous font encore plus aimer notre si beau village.
Le deuxième évènement était l’envoi de deux photos de classes de 1933 et 1937 par Monsieur Jordan Strappazzon. Documents remarquables, car d’une qualité et d’un état de conservation extraordinaire. Monsieur Jordan Strappazzon, en plus de nous transmettre ces deux trésors sur l’histoire du village, a presque retrouvé tous les noms des élèves présents sur les photos.
Qu’elle n’a pas été ma surprise de découvrir à la toute fin de la projection que Monsieur Strappazzon accompagné de sa petite fille, étaient venus assister à la projection.
Jean-François Bert présenta le travail de l’école, et l’étonnante productivité et imagination des enfants que vous pouvez retrouver sur le forum et la page de l’école.
La projection terminée le verre de l’amitié fut partagé. Beaucoup d’échanges, de souvenirs évoqués, beaucoup de plaisir une fois encore à nous retrouver, toutes générations confondues au cœur de notre village pour mieux le raconter.

A TOUS LES GENS DU FRENEY…
Comme je l’ai annoncé dans le message que Lionel Albertino m’a demandé d’écrire pour clore le chapitre de l’été 55, il me reste à vous raconter une petite histoire.
Mais avant, je voudrais vous dire combien je suis heureux et ému d’être parmi vous ce soir, dans cette petite école du Freney où mes parents ont séjourné il y a maintenant 54 ans.
C’est à eux que je pense en ce moment et bien sûr à mon père qui aurait été si heureux et si fier de voir son échange si bien mis en valeur sur votre site.
J’essaie de m’imaginer ce que ce voyage pouvait représenter à l’époque. Traverser la France avec 14 élèves pour les emmener vivre des jours inoubliables dans un village de montagne, chez leurs correspondants, était, en 1955, une plus grande aventure que ne le serait aujourd’hui un voyage à l’autre bout de la planète.
Combien de trésors d’imagination et de persuasion a-t-il fallu développer pour financer pareille expédition et pour convaincre les parents de laisser partir leurs enfants ?
Ils avaient, Aimée Charat et mon père, la fougue de leur jeunesse, la foi dans leur mission, l’amour de leur métier et l’irrésistible envie de partager de tels moments avec les enfants qui leur étaient confiés. Ils étaient persuadés, à juste raison, que la connaissance de l’autre et l’investissement nécessaire à la réalisation d’un tel projet ne pouvaient apporter que bienfaits et épanouissement à leurs élèves.
Toute ma vie j’ai entendu mon père raconter le Freney. En famille bien sûr, mais aussi avec ses collègues, ses amis, au rang desquels Aimée Charat et son mari Marc Pessin. Lorsqu’ils se retrouvaient, s’allumait dans leurs yeux une petite flamme qui nous montrait combien leur échange restait un moment inoubliable de leur vie. C’est aussi lors de visites régulières de quelques anciens élèves de Carolles restés attachés à leur maître que mes parents revivaient avec bonheur ce merveilleux mois de juillet 55. L’histoire que je me suis promis de vous raconter concerne justement l’un de ces élèves et si elle n’était pas totalement vraie, elle pourrait commencer comme un conte…
Il était une fois, un petit garçon, Aimé Martine, enfant de l’assistance publique, vivant en famille d’accueil dans un petit village de la Manche, niché au bord de la baie du Mont St Michel. Comme tous les garçons du bourg, Aimé fréquentait l’école publique dans la classe unique du maître des lieux… mon papa… enfin celui qui allait être mon papa puisque je n’étais pas encore né.
Rentrée 54, depuis 1 an, la classe vit au rythme de la correspondance avec une petite école de montagne en Oisans. Echange de lettres et de reportages sur la vie d’ici et de là bas. Des liens se tissent au fil des courriers. De plus, ce dont tout le monde rêvait est devenu une certitude depuis qu’un matin le maître a dit :
« Cet été nous irons voir nos correspondants ».
Depuis cette annonce, souvent les regards se tournent vers la petite épingle piquée sur la carte de France accrochée au mur de la classe au beau milieu de la tache marron foncé des Alpes.
Bien que sa famille d’accueil ne puisse pas recevoir de correspondant, Aimé fera partie du voyage. Pas question de laisser un élève à Carolles. Au Freney, la famille de son correspondant ayant très peu de moyens, Aimé sera logé à l’école avec mes parents. Là, entouré et choyé, il passe un séjour merveilleux qui reste, ce sont ses mots « un des plus beaux moments de sa vie ». Tous les jours il rejoint les autres pour des journées inoubliables et le soir retrouve près de son maître la chaleur d’une famille et l’affection de ma maman.
Le dernier soir, après l’excursion à la Bérarde qui avait tant impressionné mon père, en se mettant à table, ma maman a la surprise de trouver un petit paquet caché sous sa serviette : c’était un petit edelweiss en plastique qu’ Aimé lui avait acheté dans une boutique de souvenirs au col du Lautaret, en prélevant l’argent sur le maigre pécule que son grand frère lui avait donné avant son départ.
edelweissCe bijou de pacotille, ma mère l’a toujours gardé, comme un trésor, pour toute la tendresse, l’amitié et la reconnaissance qu’il représente.
Lorsqu’ Aimé, devenu adulte, venait rendre visite à mes parents avec sa femme et ses enfants, ma mère ressortait l’edelweiss de sa boîte et ses yeux brillaient de tendresse.
J’ai dans ma poche la petite boîte rouge et son trésor que ma mère m’a confié le temps d’une escapade dans les Alpes, pour vous le montrer. J’ai aussi apporté le cahier de correspondance d’Aimé Martine, cahier qu’il a conservé depuis tout ce temps parce qu’il est le souvenir de ces jours merveilleux et de quelques jours heureux de sa jeunesse.
Voilà, cette histoire est terminée. Il me reste à vous remercier tous et particulièrement Lionel pour avoir permis à cette belle histoire de renaître et de circuler sur la toile.
Ma maman m’a chargé de vous faire part de toute sa reconnaissance.
Mon père aurait été comblé comme nous le sommes tous.
Du fond du cœur, merci.

Nantes le 21 mai 2009 Yves Robillard

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