Yvonne, 11 ans, dans les montagnes de l’Oisans

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Hameau des Aymes, commune de Mizoën, années 30, collection musée Dauphinois.

YVONNE, 11 ANS, DANS LES MONTAGNES DE L’OISANS
Remerciements à M. Jean-Claude Vial qui m’a transmis ce texte rédigé, dans les années 30, par sa maman Yvonne, alors âgée de 11 ans 1/2.  

Source : Revue La Gerbe, No 48, septembre 1934
Témoignage de Mlle Yvonne Firmont (11 ans 1/2)
Commune de Mizoën (Isère)

Sur le même sujet : 
– Travaux agricoles à Saint-Christophe-en-Oisans

GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE
Dans les montagnes de l’Oisans

Nous habitons un petit village de l’Oisans, à 1250 mètres, juste au-dessus du grand Barrage du Chambon en construction. Je vais vous dire qu’aux Aymes-en-Oisans, les champs sont en pente et chaque année, nous sommes obligés de « charrier la broue », c’est-à-dire de porter la terre du pied à la cime, dans des paniers, parce que les champs sont en pente et que la terre glisse facilement. On porte cette terre à dos de mulet ou à bras de personne, nous fumons les champs avec du fumier, nous mettons le bât au mulet avec des « paniers » de chaque côté, ce qui forme deux poches ; on les remplit de fumier et on les porte au champ en tenant le mulet par la queue. Nous le vidons à terre, nous « l’épanchons », c’est-à-dire, nous l’étendons sur toute la surface de la terre avec un trident pour que la charrue ne jette pas la terre en bas du champ, nous labourons avec une petite charrue qui se compose d’un tout petit soc, d’une seule roue au milieu. Elle retourne encore assez bien la terre ; on casse la terre avec des pioches, on enfouit le fumier dans le sol à l’aide d’un râteau.
Nous sortons les mauvaises herbes : chardons, pissenlits, etc., nous mettons les pommes de terre en même temps à la file les unes des autres. Quand elles vont bientôt sortir, on casse les tiges avec un râteau dont les dents sont en fer. Quand les pommes de terre sont fleuries, on coupe les herbes avec une faucille, on les fait sécher, on les donne aux moutons. Nous piochons ou labourons les pommes de terre ; nous les mettons dans la cave. Quand il fait chaud, elles germent ; on dit qu’on les « débroque », c’est-à-dire on enlève leurs germes, et toutes les années c’est là même chose.
Ici la culture est difficile et nous mangeons tout ce que nous récoltons. Aussi nos papas sont obligés de faire autre chose pour apporter un peu d’argent à la maison. Mon papa voyage dans les Vosges, l’hiver, pour vendre des lunettes. Le papa de Berthe Bérard travaille comme surveillant à la mine des Grandes Rousses et elle ne le voit que 5 jours par mois. Le papa du petit André travaille comme manœuvre au Barrage du Chambon.

 

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