Historique sur le barrage

Une aventure industrielle et financière :
En ce début des années 1920, le barrage du Chambon va être celui de tous les défis… Tout d’abord, on hésite entre un barrage voûte et un barrage poids : on opte sagement pour ce dernier, dont les principes seront codifiés dès 1923, grâce à l’expérience acquise sur celui d’Eguzon, alors qu’il faudra attendre 1928 et Le Sautet (Drac) pour les barrages voûtes. On entre toutefois dans l’ère du gigantisme : le projet précise que le réservoir va couvrir une superficie de 140 ha et contenir 54 Mm3 d’eau. Le barrage lui-même s’élèvera 88 m au dessus du lit de la Romanche, mais 137 m au dessus de ses fondations. Le couronnement aura une longueur de 294 m et sera à la cote 1043,5, pour une cote maximale de retenue de 1040. Compte tenu du danger potentiel pour les populations à l’aval, l’étanchéïté du béton, mais aussi des roches encaissantes, sera particulièrement soignée. On utilisera donc du béton cyclopéen (20% d’enrochement) mais richement dosé en ciment (250 kg/m3) , avec des enduits spéciaux à l’amont. Et surtout, – c’est une première mondiale ! -, on traitera le rocher par injection de lait de ciment et un système de drainage complet collectera les eaux de suintement éventuel de la retenue.

Ce sera aussi le plus haut chantier d’Europe… Bref l’Etat, à travers le Service des Forces Hydrauliques, suit de près le projet, d’abord pour ses aspects sécurité, mais aussi parce qu’il doit être le point de départ des grands équipements de stockage et de régulation qui devraient se multiplier. La loi du 16 Octobre 1919, proposée par le député de l’Isère Léon Perrier, déclare que l’énergie hydroélectrique est d’intérêt public et précise les droits et les devoirs des industriels. Elle sera complétée par la loi du 19 Juillet 1922 qui renforce la collaboration public–privé notamment pour le transport de l’électricité haute–tension.
La mise en place du projet commence donc avec la création, en 1921, de la SCICR (Société Civile des Intérêts Collectifs de la Romanche), sous l’impulsion du Service des Forces Hydrauliques du Sud-Est. Le Ministère de la Guerre promet 10 millions de francs si la retenue peut être vidangée rapidement, et servir d’entrepôt subaquatique à des munitions dangereuses. La première demande de concession date de 1923, mais achoppe sur certains détails comme le tracé futur de la RN 91. Ce n’est qu’en 1926 que le décret de concession est accordé. La SCICR cède la place à la Société de Régulation des Forces Motrices de la Vallée de la Romanche (SFMVR) ou Société Chambon-Romanche, à capitaux mixtes (50%, 50%), entre l’Etat et une douzaine d’industriels. Le décret précise les deux objectifs: “ pour la régulation des débits et la conservation des stocks de guerre ”…. Initialement chiffré à 30 millions de francs, le budget est revu à la hausse dès 1928 et passe à 60 millions de francs (45 pour le barrage , 7 pour le rétablissement de la route, 5 pour les acquisitions de terrain, et 3 pour les frais généraux et intérêts). La moitié du Conseil d’Administration émane de l’Etat, et deux ingénieurs des Ponts et Chaussées assureront la direction des travaux et des études techniques… Dix ans auront donc été nécessaires pour mettre en place ce projet…. Fin 1927, un appel d’offre est lancé pour trouver un entrepreneur : quatorze entreprises répondent, dont trois sont retenues, avant de choisir finalement la société anonyme Campenon-Bernard. Parallèlement, il faut faire le choix du cimentier, du fournisseur des ouvrages annexes (les vannes, notamment pour l’évacuateur de crue)… Ce seront finalement le cimentier Vicat et la Société des Barrages Automatiques de Zurich qui seront choisis.
L’éxécution initialement prévue allait d’Avril 1928 à la fin de l’année 1930, pour une livraison en 1932… le chantier a déjà un peu de retard… même si les travaux préparatoires ont déjà commencé…

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