Clous, crampons et fers à cheval.

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Gravure vieux livre anglais.

CLOUS, CRAMPONS ET FERS À CHEVAL
Ou l’on apprend que Gravarots et Venocains rivalisaient d’ingéniosité pour parer à toutes glissades !
Extrait du texte de H. Durand, publié dans le Bulletin pyrénéen : Section de Pau du Club alpin français (CAF)

Il y a quinze ou vingt ans, quand je gravissais les hauts sommets de l’Oisans, plusieurs guides, parmi lesquels Émile Pic et ses fils (de La Grave), faisaient enfoncer à demeure dans les talons de leurs souliers de grandes pointes carrées d’une longueur de 40 millimètres, très gênantes en beaucoup d’occasions, mais qui, dans la montagne, leur procuraient une grande solidité à la descente et même à la montée, pour hisser la majorité de leurs clients sur les corniches minuscules et glacées de la Meije et des Écrins. Je voulus une fois les imiter, mais je ne pus m’habituer à ces échasses et dus les faire enlever.
Un forgeron du village de Venosc, dans la vallée du Vénéon, eut tout récemment la bonne idée de fabriquer de légers fers à cheval, munis de trois mamelons taraudés, dans lesquels on visse à frottement dur, avec une petite clef spéciale, des crampons en acier trempé, courts, demi-longs et longs. Ces fers, ajustés et cloués à demeure par le cordonnier sur les talons, sont d’un usage très commode et très sûr dans toutes les situations où on peut se trouver dans la montagne ; il suffit de remplacer les crampons, ce qui se fait très vite en cours de route, sans ôter les souliers.
Un homme ainsi chaussé, quand il est très exercé, peut passer à peu près partout sans tailler de pas, aussi bien que s’il était muni de grands crampons de semelle.
C’est ce que j’éprouvai pendant la saison de 1911. J’avais eu recours, pour quelques entreprises glaciaires, aux services de l’excellent guide Eugène Estienne, de Vallouise, assisté d’un de ses neveux.
Les guides, sur leurs petits crampons de talon, moi sur mes grands crampons à huit pointes, nous passâmes le col assez difficile du Selar, sans donner un coup de piolet.
Le lendemain, je montai, à cheval, aussi haut que possible (refuge de Provence), pour coucher au refuge Lemercier, et le surlendemain nous traversâmes le Pelvoux.
Le couloir Coolidge, bien raide cependant, et en partie verglacé, fut franchi sans autre travail que quelques pas à tailler pour contourner la rimaye.
Dans les ressauts du magnifique glacier des Violettes, les crampons nous suffirent presque partout, sauf en quelques passages particulièrement difficiles, et nous firent gagner plus de deux heures sur le trajet au piolet, comme on le faisait autrefois. J’arrivai de bonne heure à Ailefroide, bien fatigué, mais ravi quand même de ma course.
Ces petits crampons sont donc d’un excellent usage, et doivent être très commodes en hiver pour mettre et ôter les skis, suivant les changements de terrain. J’ai cru devoir les signaler à mes jeunes collègues des Pyrénées, dont je suis les travaux avec tant de sympathie et d’intérêt.

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Crampon en forme de fer à cheval.
Source Musée Dauphinois.

J’ai oublié le nom du fabricant, mais si quelqu’un désire le connaître, je le retrouverai facilement.
Un peu d’exercice est nécessaire pour apprendre à porter les crampons ; mais ce n’est pas difficile, et l’expérience est bientôt acquise.
Il faut écarter un peu la jambe marchante pour ne pas accrocher pantalon ou jambière ; celle qui est à la pente est surtout à surveiller, parce que le mouvement d’écart lui est plus difficile.
Ne cherchez pas à imprimer le bord de la semelle dans la neige, comme il faut le faire avec les souliers ferrés ; mais prenez la pente comme elle est et appliquez-y à plat le crampon. Vous serez parfaitement solide sur la neige et sur les bandes de neige verglacée, comme il y en a si souvent dans les Alpes, et sans doute en hiver dans les Pyrénées.
Le verglas causé par les écoulements d’eau, qui ressemble à du verre, est plus dangereux. Mais le moindre coup de piolet assure le crampon, tandis qu’avec les souliers ferrés, on n’a de sécurité qu’en taillant des pas, chose longue et souvent impossible, puisque l’épaisseur manque. Les crampons sont donc souvent très utiles, et leur usage peut prévenir bien des accidents.

H. DURAND,
Section de Paris.

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