INAUGURATION DE LA PREMIÈRE TÉLÉCABINE DE VENOSC
Premier article d’une série de trois où il sera question de développement touristique et de choix politique pour le village de Venosc entre 1972 et 1977.
Cette première retranscription d’un article du Dauphiné date du 23 juillet 1972.
Remerciement à Agnès qui a repris le texte complet de l’article.
Une belle réalisation, une mémorable journée
M. Aimé PAQUET, ministre du Tourisme
Inaugure les télécabines de Venosc reliant la vallée du Vénéon aux Deux Alpes
Les vieux et hardis chemins qui, naguère conduisaient de la vallée du Vénéon aux alpages devenus la belle station des Deux-Alpes, épuisaient les hommes et les bêtes.
Aujourd’hui, en sept minutes, c’est un survol léger, gracieux, qui enchante l’œil le plus blasé en cet Oisans à la fois temple de la rudesse « et de la beauté ».
Une ligne aérienne équipée de 40 cabines permettant un débit de 270-300 personnes-heure, désenclave désormais l’auge aval du Vénéon, sous le pittoresque village de Venosc. Elle donne aux promeneurs et touristes la joie intense d’admirer « d’en haut » les lacets de la célèbre route de la Bérarde circulant dans le chaos des blocs écroulés et fournit aux skieurs la faveur d’une « dépose »en un instant sur les pistes parmi les plus belles des Alpes.
Une belle et grande réalisation.
Mais encore un exemple, en notre équipement touristique, ainsi qu’allaient l’exprimer dans l’élan de leurs discours MM Giraud, Maire de Venosc et Aimé Paquet secrétaire d’Etat.
L’heure inaugurale
Sur la vaste esplanade où la gare de départ aligne ses 40 nacelles couleur coquelicot, on a fleuri un podium de drapeaux et de bouquets tricolores.
Ici se rassemblent les « officiels « . Ils sont nombreux. Avant l’instant inaugural, ils admirent l’horizon fascinant et cherchent les hardes de chamois qui caracolent sur les flancs de la réserve d’en face, l’Aiguille de Venosc.
Ils apprennent qu’au petit matin ces chamois descendent jusqu’aux flots du Vénéon et qu’on voit les mères instruisant leurs petits à faire « la ramasse » c’est-à-dire, la glissage, sur les névés.
Toutes ces personnalités ont franchi la forte coulée qui, lors du violent orage de la veille, s’abattit sur la route. Un énorme éboulement. Mais les montagnards sont courageux. Toute la nuit la subdivision des Ponts et Chaussées de Bourg d’Oisans lutta pour livrer le passage.
Après cette besogne harassante, M. Robert Turc-Baron, entrepreneur, adjoint au maire, littéralement épuisé eût un accident grave. On commenta, durant la journée cet acte d’abnégation.
Ce mauvais pas étant franchi, on vit autour de M. Aimé Paquet et de M. Jean Vaudeville, préfet, MM. Paul Mistral, sénateur, Jean Boyer, député, l’ingénieur général Mante directeur de l’Equipement. Bijuval chef de centre de l’E.D.F. de l’Ile-de-France, Robert Aymar, ancien député, Rivière, directeur de la protection civile, drecq ingénieur à la direction des Ponts (Bourg d’Oisans), Grelier, inspecteur de la jeunesse et des sports, René Faure, maire de Mont-de-Lans, Bellin, maire de Bourg d’Oisans, les conseillers généraux Salafard, et Roland Martin, Rouard, Perceval, adjoints de Venosc, Chalvin, adjoint de Mont-de-Lans, tous les maires du canton, le capitaine Neveux de la C.R.S.47, Georges Rajon, président de la S.A.T.A., le père Jean de Roodenbeke, Weber directeur de la firme qui construisit les télécabines, Muller, ingénieur du Génie Rural, Tournoud, et Bérard, des Eaux et Forêts, Pierre Faure, maire de Saint-Christophe, Carrel ancien maire, Joseph Martin, président de la S.E.D.A., etc…
Le ministre élève le débat
Après avoir salué tous les notables et remercié le Ministre du Tourisme de l’honneur qu’il fait en présidant cette cérémonie, M. Giraud, maire de Venosc exprima quels étaient les buts et les ambitions d’une réalisation aussi hardie.
Il y avait dans son discours beaucoup d’émotion. En homme qui aime son terroir, qui veut l’adapter aux exigences modernes, qui a la foi en l’avenir de cette nature d’exceptionnelle beauté équipée pour mettre en valeur cette beauté.
On attendait beaucoup du discours de notre nouveau Ministre du Tourisme.
Lequel félicita d’abord ces « bâtisseurs de tourisme » ceux qui osent, ceux qui réalisent.
Mais M. Aimé Paquet, profitant de cette manifestation qui est l’exemple même de la volonté des hommes, éleva le débat :
« Vous nous montrer aujourd’hui comment il faut s’y prendre pour revivifier des régions déclinantes et leur donner un nouvel essor en notre économie.
« Mais le tourisme que vous servez si bien, est plus encore une richesse humaine.
« Dans le monde exigeant, il peut aifer l’homme par le retour aux joies simples, le retour à la nature, ce que j’appellerai « un supplément d’âme » dont il a besoin.
« Il convient donc de définir une politique du tourisme en fonction même de ces besoins et de ces aspirations.
« Mais, cette politique doit être définie pour les hommes et conduite avec les hommes.
« Elle passe par la coordination et le regroupement des efforts, par la formation et la participation de chacun, par l’étalement des loisirs.
« Une politique de tourisme qui créerait des richesses et des emplois dans une région sans y associer les hommes et les femmes qui y vivent, serait finalement néfaste. »
Tous les invités firent ensuite l’ascension jusqu’aux Deux Alpes dans ces télécabines up to date. Et encore, de la station jusqu’au 1er tronçon lançant les skieurs jusqu’au glacier des neiges estivales.
Après avoir survolé un troupeau de moutons de 1 800 bêtes venues des plaines de la Crau, on apprécia le champagne apéritif, mis au frais au chalet « la Pastorale », le bien nommé.
De ces hautes altitudes on redescendit enfin, pour le déjeuner au Bourg-d’Arud, dans le bassin verdoyant où se niche, ô surprise… une gentilhommière du XVIIme à l’histoire émouvante.
Un sieur Rochette, vers 1650 revint riche des Indes, acheta un titre de chevalier… et c’est ainsi, chez les lointains descendants de de seigneur de la Morlière, que le Ministre Paquet et tout le cortège inaugurant les télécabines, savourèrent les gastronomies de cette hostellerie-château, de la façon la plus démocratique.
Sur la route de la Bérarde ces patrons hôteliers, les Giraud l’ancien (les arrières-neveux de la Morlière) on sert, et on sert bien, à pied et à cheval depuis un bon siècle. Au moins.
Roger L. Lachat
M. Aimé Paquet, ministre du Tourisme, assisté de M. M. Giraud, maire de Venosc, coupe le ruban symbolique en présence de MM. Vaudeville, préfet de l’Isère, Paul Mistral, sénateur et d’une foule d’invités.
L’une des premières bennes, avec à son bord M. A.Paquet, ministre et M. P. Mistral, sénateur, arrive au sommet.
Au fond, la Muzelle et son glacier.