La Mine d’Or des Salomon

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La Meije vue du Chazelet, photographie Marcel Fleureau, source archive départementales des Hautes-Alpes

LA MINE D’OR DES SALOMON

Source : Archives de Mme Louise Pudda
Extrait du Bulletin Paroissial La Grave.
Publication : janvier 1954

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Il n’y a pas si longtemps, on a extrait du minerai de cuivre près des Hières, du minerai de plomb argentifère au Grand Clot, non loin des Fréaux et au Chazelet. À t-on exploité jadis une mine d’or dans le canton ? C’est possible. Voici à ce sujet, transcrit des notes manuscrites du R. P. Berthet, dominicain, natif des Hières, aujourd’hui décédé, un texte intéressant qui nous a été communiqué par une famille de La Grave.

Abbé BERARD.

« … on pense même qu’il y a une mine d’or communément désignée sous le nom de « Mine des Salomon ».
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il y a une quarantaine d’années (le Père Berthet a écrit vers 1920) des Italiens sollicitèrent du maire de La Grave l’autorisation d’exploiter une mine dans la région où la légende ou la tradition place la mine des Salomon. Cette autorisation, m’a affirmé en 1915 le fils du maire d’alors, leur avait été accordée moyennant une redevance annuelle.
Pendant deux ou trois ans, ils revinrent dans le pays et soldèrent la somme convenue, mais après ce laps de temps, le maire ne les voyant pas revenir leur écrivit et en reçut cette réponse : ils ne comptaient plus s’occuper de la mine que jusque-là ils avaient exploitée. Le filon était-il épuisé ? L’extraction du minerai était-elle devenue plus difficile ? On ne l’a jamais su ni recherché.
Personne d’ailleurs ne s’était préoccupé de cette mine hypothétique dont nous avions souvent entendu parler dans notre enfance.

Pendant les longues veillées d’hiver, les anciens parlaient de cette fameuse mine et quelques-uns d’entre eux qui avaient gardé les troupeaux dans les pâturages de Martiniare, affirmaient avoir vu à la tombée de la nuit des étrangers communément appelés Genevois qui venaient à la recherche du précieux métal et disparaissaient après en avoir rempli leurs besaces.

Ce qui a pu accréditer l’existence de cette mine c’est le fait suivant que nous avons trouvé consigné dans un livre de famille qui existe encore et où il est raconté, avec des détails qui en garantissent l’authenticité, ce qui suit : « L’an de grâce 1717 et le 12 décembre (écrivait Pierre Berthet habitant les Hières) J. Salomon et P. Paillas, marchands à Turin, ont été mis en prison au dit Turin, avec leurs femmes, et aussi P. Salomon, père du dit J., pour la fausse monnaie qu’ils faisaient fabriquer dans une maison dehors la ville. Lesquels avaient déjà fait banqueroute depuis l’année 1715 au mois d’octobre de plus de 150.000 livres, monnaie de France, et un mois après, M. Salomon père est sorti « de prison étant malade et âgé, ensuite de quoi, il est mort et a été enterré à Turin.
« Les femmes ont été en prison cinq mois, après les quels on les a fait sortir et mis en liberté. Ensuite de quoi, elles se sont retirées, l’une à Briançon et l’autre aux Terrasses.
« Finalement le 12 du mois de septembre de l’an 1718, ils ont été pendus à Turin. L’une de ces femmes fréquentait aussi bien que les autres membres des familles Paillas et Salomon, la haute
société turinoise et jouait gros jeu dans les salons.
Or, comme on la plaignait d’avoir perdu dans une soirée, une très forte somme, elle répondit avec désinvolture :
« Bah ! il suffira du travail de mon mari pendant une nuit pour réparer cette brèche ! ».
Cette parole imprudente donna l’éveil. Paillas et Salomon furent dénoncés comme faux-monnayeurs au Roi qui malgré l’amitié qu’il avait pour eux, les fit arrêter et exécuter.

Telle est l’histoire que nous avons entendu raconter et qui dans l’esprit du peuple portait à croire que l’or dont ils fabriquaient de fausses pièces à l’effigie du Roi Victor-Amédée II provenait de la mine qui porte leur nom. »

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