Le saviez-vous ?

LE SAVIEZ-VOUS ?
Je vous propose une nouvelle rubrique qui relate des faits divers, anecdotes, chroniques de la petite (ou grande histoire) de notre région.
N’hésitez pas à envoyer à l’association Freneytique d’autres épopées pour enrichir cette rubrique.

LA CHÈVRE ET LE GANTIER

chevre_interdite Je ne vous apprendrais pas que la ville de Grenoble a, pendant presque deux siècles, été considérée comme la capitale mondiale de la ganterie. La maîtrise et le talent des artisans, la mécanisation et l’industrialisation du processus de fabrication grâce à l’invention de Xavier Jouvin ne sont pas étrangés à ce titre. Les peaux de chevreaux étaient aussi la fierté de nos gantiers. Les élevages florissant, propices dans nos régions montagneuses, étaient la matière première, qui après traitement, habillait finement les mains les plus délicates.
Mais à la fin du 18e la chèvre très (trop) abondante dans nos campagnes voit ses jours comptés. Le gouvernement décida tout bonnement de leur extinction par un décret pour le moins radical.

Les pauvres biquettes étaient considérées comme animaux nuisibles et rendues responsables de tous les maux. Lisez plutôt :
« Le gouvernement, effrayé du déboisement de nos forêts, ordonna la destruction des chèvres qui lui furent signalées comme une des causes qui contribuaient au dépérissement des jeunes arbres dont elles mangent les bourgeons. Cet ordre fut exécuté avec tant de rigueur, poursuit le narrateur, que, non seulement on ne permit plus le pacage dans les bois, sous peine de mort pour ces animaux, mais que même, la maréchaussée, chargée de l’exécuter, pénétra jusque dans les maisons pour les tuer… »

Cent ans plus tard, les pauvres bêtes sont à nouveau clouées au pilori, on leur reproche :
« dévastation des forêts, la nudité des montagnes et la sécheresse du climat »…

La corporation des gantiers, très importante à cette époque, se voyant spoliée de la matière première qui avait fait sa fortune et sa si grande et belle réputation, est alors venue au secours de toutes les Blanchettes, Noiraudes… C’est avec conviction et virulence qu’elle prit fait et cause pour sauver le caprin de la disgrâce.

La chèvre sauvée pouvait alors retourner paître en toute quiétude avant de se faire occire pour mieux être tannée par son sauveur le gantier.

Source :
L’Isère autrefois
© 1976 éditions des 4 Seigneurs
ISBN no 2-85231-022-8

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