Le seuil de l’Aveynat 2/5

Le Vénéon, affluent de la Romanche

LE SEUIL DE L’AVEYNAT 2/5
1927 Syndicat de défense de la Plaine de l’Oisans en lutte contre le rehaussement du seuil de la plaine d’Oisans. (2e partie)

Archives :
André Glaudas

Une série de 5 articles consacrés à la plaine d’Oisans et la lutte contre son inondabilité récurrente.
Presque un siècle après sa publication, cet article conserve tout son intérêt et une corrélation avec le nouvel aménagement hydroélectrique de Romanche-Gavet, je vous invite de lire également les trois articles suivants de M. Bernard François, Président de l’association Coutumes et Traditions de l’Oisans :
Bulletin Coutumes et Traditions No 75 : Le barrage de l’Infernet, les détails du projet du barrage d’Édouard Lullin
Bulletin Coutumes et Traditions No 76 et 77 : Abaissement des seuils de la plaine d’Oisans 1/2  et Abaissement des seuils de la plaine d’Oisans 2/2,  (historique complet sur la lutte permanente de la plaine du Bourg-d’Oisans à l’abaissement des seuils de la Romanche.)

1re partie : Le seuil de l’Aveynat 1/5

– Le barrage d’Édouard Lullin –

Au moment où les travaux exécutés donnaient un excellent résultat, M. LULLIN Edouard, domicilié à Grenoble, demanda l’autorisation de construire un barrage sur la Romanche au lieu dit le Pont de l’Aveynat.

Sur la protestation énergique du Conseil municipal du Bourg-d’Oisans et de tous les Syndicats, l’Administration des Ponts et Chaussées étudia avec l’attention la plus scrupuleuse la demande déposée par M. LULLIN. Le 12 juillet 1894, M. l’Ingénieur du Service hydraulique déposa un rapport très documenté, d’une grande clarté et d’une précision méticuleuse. Ce rapport a été accepté par MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées et a servi de base à l’élaboration de l’arrêté préfectoral du 13 septembre 1894, lequel a accordé l’autorisation de faire le barrage à 144 mètres en aval du Pont de l’Aveynat, fixant le niveau de la crête du barrage à la cote 700,65.

Dans le rapport du 12 juillet 1894, il est formellement stipulé ce qui est écrit en tête de la présente délibération, savoir : « Le plus grave danger qui menace actuellement la plaine de l’Oisans est l’exhaussement progressif du lit de la Romanche. On ne peut lutter contre ce danger qu’en augmentant la pente du torrent par l’abaissement du seuil qui ferme l’extrémité de la plaine ». Pour fixer à la cote 700,65 le niveau de la crête du barrage, nous avons considéré que si on abaisse de 1 m. 50 le seuil de l’Aveynat, la cote du fond du lit sera au pont de 700,90 c’est-à-dire encore légèrement supérieure au niveau fixé par la crête de l’ouvrage.

Pour compenser en partie les inconvénients du barrage fixé à la cote 700,65 l’arrêté préfectoral prescrivait l’ouverture, à la suite du barrage, d’un pertuis de 6 mètres de débouché libre dont le seuil serait à 2 m. 50 en contrebas de la crête du barrage et dont la vanne devait s’élever au-dessus du niveau des plus hautes eaux. Cette situation officielle a été complètement modifiée par les travaux exécutés dans le lit de la Romanche par l’usine de Livet.

En 1907, la Société propriétaire de l’usine de Livet a, sans aucune autorisation, fait des modifications importantes au barrage fixe construit au lieu dit le Pont de l’Aveynat. Par le moyen de poutrelles en fer supportant des plateaux, la Société a construit un nouveau barrage de 2 mètres environ au-dessus du barrage autorisé. Lors d’une forte crue, en 1908, la Société a été obligée de faire sauter à la dynamite une partie du barrage non autorisé. L’hiver suivant le même barrage a été reconstruit. Au mois de juillet 1914, au moment d’une forte crue, la Romanche charria des arbres entiers, lesquels furent arrêtés par le barrage et la passerelle de l’usine de Livet, formant ainsi un troisième barrage.

1o Barrage autorisé cote 700,65 ;
2o Barrage non autorisé au-dessus du premier, cote approximative 702,65 ;
3o Barrage accidentel formé par les arbres charriés arrêtés par le barrage et la passerelle (cote minimum 706).

Les eaux de la Romanche ne pouvant plus s’écouler normalement montèrent rapidement. Malgré le dévouement des gens du Bourg-d’Oisans, la digue de la Romanche se rompit au-dessous du criblage et la plaine fut inondée et plusieurs hectares de bonnes terres furent recouverts par une épaisse couche de graviers et de pierres. Sur une protestation énergique de M. le docteur GIRARD, alors directeur-syndic du Syndicat Supérieur de l’Oisans, la Société de Livet répondit qu’elle modifierait son barrage afin de donner satisfaction à la population.

De 1908 à 1923, c’est-à-dire pendant la durée du barrage fixe non autorisé, les graviers se sont accumulés et le lit de la Romanche s’est élevé considérablement. Actuellement, la Route Nationale de Grenoble à Briançon est constamment menacée pendant toute la période des hautes eaux.

À suivre… Un barrage automatique

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