Les quais de la Rive du Bourg-d’Oisans

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Quais de la Rive, carte postale GEP, début XXe.

LES QUAIS DE LA RIVE DU BOURG-D’OISANS
Texte de M. André GLAUDAS,
Publié dans la revue « Autrement dit »,
dans les no 22 et 23 en 1997 au Bourg-d’Oisans.

1842 est l’année repère pour parler positivement des quais de la Rive. Cette date correspond à celle de la construction en pierre du pont jeté sur la rivière à l’occasion du tracé de la RN 91 et à celle de la création d’un tout petit syndicat spécial pour l’aménagement de la Rive. Ce consortium entreprend, entre autres, à cette époque, l’alignement des berges.

Au cours des ans, les chemins qui bordent la rivière sont aménagés en routes carrossables. On y construit une passerelle qui conduit aux jardins voisins. Dans son prolongement « la route des Quais » appelée aujourd’hui « Avenue des Maquis de l’Oisans » est élargie. Puis, on y aligne de partout de jeunes platanes. Les lavoirs-abris y foisonnent. C’est là que se colportent tous les secrets du village. On y apprend les nouvelles et les ragots passés, présents et même futurs ou imaginaires.
Pendant la guerre de 14/18, une habitation riveraine, la pension Bon Accueil sert d’hôpital temporaire aux Poilus convalescents.
Les nombreuses cartes postales représentant les quais de la Rive adressées partout en
France, contribuent à mieux faire connaître notre ville. Deux faits marquants méritent d’être signalés : l’implantation du monument aux morts après la Première Guerre mondiale et l’incendie le 28 septembre 1928 de la gendarmerie, située sur
les quais, alors que tout le bas pays subit la dernière grande inondation de la Romanche. « Le feu dans l’eau », dira-t-on.

Paradoxe : des eaux transparentes, reposantes, des allées ombragées, ce havre de paix a toujours été contrarié par les nuisances de la vie économique. Aujourd’hui encore, des véhicules polluants, bruyants, encombrants, troublent cette aire de promenade tant recherchée par les touristes.

Par un choix judicieux, les quais de la Rive ont été baptisés du nom de deux scientifiques, bourcats de surcroît, Berlioux et Girard, dont nous verrons prochainement la biographie.

Quai de la Rive, carte postale GEP, début XXe.

Quai GIRARD
Jules Marius Girard est né à Bourg d’Oisans, le 30 janvier 1847, d’un père négociant et de Anne-Marie Schneider. Après un séjour au petit séminaire de Grenoble, il commence ses études médicales dans cette ville pour les terminer à Paris. Il prend part, entre temps, à la guerre de 1870-71 comme médecin aide-major. Interne des hôpitaux de Paris, il est lauréat de la faculté de médecine en 1873. Dès 1874, il revient à Grenoble comme professeur à l’école de médecine et chirurgien en chef de l’hôpital. Il a 27 ans. Il fait paraître des brochures de vulgarisation sur les maladies infectieuses, la désinfection, l’hygiène. Ce dernier sujet sera le cheval de bataille » obsessionnel de toute sa vie.
Il prononce en 1882 devant le conseil municipal de Grenoble, l’arrêt de mort de l’hôpital général qui date du début du 17e siècle. Horrifié par la description qu’il fit de l’insalubrité du vieil édifice, le conseil s’empresse de voter la construction du nouvel hôpital de la Tronche (inauguré malgré tout qu’en 1913). Conseiller municipal de Grenoble en 1884, il rédigea un rapport sur l’assainissement de la ville par le « tout à l’égout » suivi en 1887 d’un projet sur le même sujet. Tous ses travaux lui valurent le titre de membre de la société de médecine de France et depuis 1941, une place du quartier de l’Ile Verte porte son nom.

Sans abandonner ses activités grenobloises, il devient maire de Bourg d’Oisans en 1896. Son ministère est marqué par l’achèvement de la scolarisation dans les hameaux. Il institue la caisse des écoles. Nous lui devons la construction des « trois ponts », de la passerelle sur la Rive. Il ouvre une place publique avenue de la gare (aujourd’hui foyer municipal et jardin public où trône son buste). Ses deux axes d’efforts porteront sur l’assainissement et l’embellissement de la ville. Hygiène et tourisme naissant font bon ménage. Il achève les adductions d’eau des hameaux, institue un règlement sanitaire communal. Il assainit les rues par le « tout à l’égoût » enterré, construit un abattoir, ouvre le cimetière des Sables, perce la route du Paradis, aménage les quais de la Rive, aligne et élargit les rues, les dote de trottoirs, d’éclairage public et les agrémente de platanes et de marronniers. Malade, il se retire de la vie publique en novembre 1909 pour décéder en 1919. Il était chevalier de la Légion d’honneur et officier d’instruction publique. Pour les Bourcats, il restera un grand administrateur. Clairvoyant, efficient, très attaché au pays de ses ancêtres.

Quai BERLIOUX
Étienne Felix Berlioux est né à Bourg d’Oisans le 22 septembre 1828, d’Étienne et de Louise Gaston, boulangers de cette ville. Il consacra toute sa vie à l’enseignement. D’abord professeur d’histoire dans les collèges puis au lycée de Lyon, il devient en 1874 professeur de géographie à la faculté des lettres de cette ville. Son cours est suivi avec passion par des auditeurs toujours plus nombreux. Le professeur inspire respect et admiration pour l’ardeur juvénile de son enseignement pour une science alors toute nouvelle. Ce n’est plus de l’enseignement dira-t-on, c’est de la prédication. Il sera l’un des fondateurs de la transhumance au repos autour du monument aux morts la société de géographie de Lyon. C’est au nom de la géographie, dont on peut dire qu’il a été l’apôtre, que Berlioux s’intéresse à l’alpinisme et fonde également la section lyonnaise du Club Alpin Français. Il en assumera même la présidence un temps. Il écrit de très nombreux ouvrages sur l’Afrique, l’Europe nordique, le Jura entre autres. 

Son ouvrage sur la traite des esclaves servira de référence à la commission internationale réunie en 1876 à Bruxelles pour l’étude de l’abolition de la traite. Il décède le 2 juin 1910 à la suite d’un accident. Sa modestie et sa simplicité l’avaient toujours tenu éloigné des honneurs. Il a laissé l’image d’un savant précurseur éclairé et attachant d’une nouvelle science : La Géographie.

André Glaudas

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