Les routes au XVIIIe siècle en Oisans

Route de la Grave, cascade de la Pisse, carte postale début XXe, source : Musée Dauphinois. LES ROUTES AU XVIIIe SIÈCLE EN OISANS

Le 1er septembre 2024, lors du grand vide-grenier de la foire du Bourg-d’Oisans, un fragment de livre m’a été déposé à mon stand par un exposant voisin : « Tenez, cela peut vous intéresser… ! »
De l’ouvrage original de plus de 560 pages, il n’en restait qu’un cahier décousu du reste malheureusement disparu, je ne sais où. Seul le dernier chapitre subsistait, intitulé « Troisième partie – Routes principales et communications particulières du comté de Nice, de la Provence, du Dauphiné, de la Savoie, du Buggy et des vallées qui sont au-delà de la grande chaîne des Alpes ».
Rapidement feuilleté, le cahier propose, page 519, un descriptif des routes principales du Mandement d’Oysans. Quelques informations géographiques, particularités des chemins adaptés ou non pour les voitures à roues, les chevaux et le temps du trajet en fonction du moyen de transport.
L’ouvrage original en question, avant de partir en capilotade, s’intitulait : « Documents inédits relatifs au Dauphiné – 3e volume contenant – La topographie militaire de la Frontière des Alpes par M. Montagnes, édité par les soins de M. A. Rochas d’Aiglun, capitaine du génie, membre de l’Académie Delphinale – Grenoble, Allier, imprimerie-Libraire, Grande-rue, – 1875 ». Il reprenait une publication de 1777, offrant une description précise de la frontière des Alpes de Nice à Genève, passant par le Dauphiné, rédigée par l’ingénieur-géographe M. de Montannel, s’appuyant sur des travaux antérieurs de cartographie militaire menés par les officiers du Génie et les ingénieurs-géographes.

L’ouvrage débute par une « Notice historique » d’A. de Rochas, qui retrace l’histoire de la cartographie des Alpes jusqu’au XIXe siècle.
Le mémoire de Montannel est ensuite divisé en trois parties détaillées :
– La configuration des rivières et vallées des Alpes, de Nice à Genève, en se concentrant sur leur importance stratégique militaire. Il analyse les montagnes, les routes, les positions fortes, et propose des tactiques basées sur la topographie.
– Les places fortes situées le long de la chaîne alpine, décrivant leurs moyens de défense et leurs faiblesses.
– Les routes principales et les communications spécifiques à travers les vallées alpines, détaillant les moyens de transport possibles selon le terrain. C’est cette partie qui a échoué sur mon stand.

On peut noter que l’ouvrage original incluait également des plans historiques et une carte dépliante, parfois manquante dans certains exemplaires vendus chez les bouquinistes.
Publié dans la collection « Documents inédits relatifs au Dauphiné » par l’Académie delphinale, cette publication demeure une référence essentielle pour l’étude de la topographie militaire des Alpes franco-italiennes.

Plus d’informations sur le site de la Bibliothèque dauphinoise.

Graphie originale conservée.

MANDEMENT D’OYSANS ROUTES PRINCIPALES

Pour aller du Bourg-d’Oysans à Briançon, on suit la petite route, laquelle passe au pont de Sainte-Guillerme, au Mont-de-Lens, au col du Lautaret, etc. Les bêtes de charge parcourent cette route en deux petites journées.

Pour aller du Bourg-d’Oysans à Grenoble, on suit la petite route, laquelle passe à Livet et au pas de Séchilienne; on compte huit heures.
Toute la petite route de Briançon est fort bonne pour les chevaux depuis Briançon jusqu’au Bourg-d’Oysans, et pour les voitures à roues depuis ce bourg jusqu’à Grenoble.

En 1733, on entreprit de faire passer de la grosse artillerie sur toute l’étendue de la petite route de Briançon et on y réussit ; il est vrai que ce ne fut qu’avec des peines infinies, car il y fallut étançonner (consolider) tous les ponts, aplanir et élargir de loin en loin la route, se servir de leviers, de poulies mouflées, de cabestans et y employer une multitude de bras, des boeufs et des chevaux. La plus grande difficulté fut dans ]a combe de Malaval.

Pour aller du Bourg-d’Oysans à Grenoble, on passe aussi à Allemont, au col de la Coche, à Villardbonaud, à Lancey, à Domêne, à Gières. Cette route est bonne pour les chevaux, et les bêtes de charge peuvent la parcourir en deux fortes marches.

Pour aller du Bourg-d’Oysans à Corp, on passe à la Paute, au col d’Ornon, à Chantelouve, au pas de la Barrière , au col de la Cheinalette et à Sainte Luce. Cette route est bonne pour les chevaux ; il faut onze heures.

Pour aller du Bourg-d’Oysans à la Mure, on passe à la Paute, au col d’Ornon, à Valbonnais et à Ciévez. Cette route est bonne pour les chevaux ; il faut une grande marche pour la parcourir.

Pour aller encore du Bourg-d’Oysans à la Mure, on passe à la Paute, à Livet, à Gavet, au pont et au village de Saint-Barthélemy, au Sapey, à la croix de Cognez et au Villard-Saint-Christophle.
Cette route est bonne pour les chevaux ; il faut sept bonnes heures.

Pour aller du Bourg-d’Oysans à Place de Valloire, on passe au Mont-de-Lens, à la Grave, au col de Goléon, au Lauzet, à Bonnenuit, à la Ruine, aux Diseurs et à Tigni. Cette route n’est bonne, à cause du mauvais état du col de Goléon (le col de Goléon est surtout mauvais du côté de la Grave. Il semble qu’on monte un degré dont les marches sont de pierre), que pour les gens de pied ; il faut onze heures.

Pour aller du Bourg-d’Oysans à Saint-Jean-de-Maurienne, on passe à Clavans, au col de Bathua, à SaintJean-d’Arve et à Entraigues. Cette route est mauvaise pour les chevaux ; il faut huit heures.

La route qui va du Bourg-d’Oysans dans le vallon de Saint-Christophle finit à la Bérarde ; on dit qu’elle allait autrefois dans la Vallouise. Elle passe par les Gauchoirs, Saint-Christophle et Saumières ; elle est bonne pour les chevaux ; il faut six heures pour aller du Bourg-d’Oysans à la Bérarde.

COMMUNCATIONS PARTICULIÈRES

– On va du Bourg-d’Oysans à la Grave en six heures. Ce chemin passe par le Mont-de-Lens ; bon pour les chevaux.
– On va de la Grave à Place de Valloire en cinq heures. Ce chemin passe par le col de Goléon ; pour les gens de pied.
– On va de la Grave à Saint-Jean-d’Arve en six heures.
Ce chemin passe par le col de Trente-Combes et par celui de la Berche ; mauvais pour les chevaux.
– On va du Bourg-d’Oysans à Saint-Christophle en quatre heures ; pour les chevaux.
– On va de Saint-Christophle à la Chapelle du Valgaudemar en huit heures. Ce chemin passe par le col de la Muande ; pour les gens de pied.
– On va de Venox (SIC) à Jouffrey en six heures. Ce chemin passe par le col de la Muselle; pour les gens de pied.
– On va du Bourg-d’Oysans à Chantelouve en quatre heures. Ce chemin passe à la Paute, au pas de Périment et au col d’Ornon ; pour les chevaux.
– On va du Bourg-d’Oysans à Allemont en deux heures ; pour les chevaux.
– On va d’Allemont à Laval en six heures. Ce chemin passe par le col de la Coche ; pour les chevaux.
– On va du Rivier à la Chambre en sept heures. Ce chemin passe par le col de Cestrières et par le vallon de Saint-Alban ; pour les chevaux.
– On va d’Allemont à Revel en sept heures. Ce chemin passe aux granges de Baton et au col de Grande-Vaudaine ; fort mauvais pour les chevaux.
– On va du Bourg-d’Oysans à Livet en une heure trois quarts. Ce chemin passe au pont de la Venat ; praticable pour les voitures à roues.
– On va de Livet à Revel en cinq heures. Ce chemin passe par le col de l’Escaillon ; pour les gens de pied.
– On va de Livet à Gavet en cinq quarts d’heure ; bon pour les voitures à roues.
– On va de Gavet à Oulle en quatre heures et demie.
Ce chemin passe par le Clot, par le pas de la Barrière, par la Cabane de Vialet et par le col d’Oulle; fort mauvais pour les chevaux.
– On va de Gavet à Séchilienne en une heure. Ce chemin passe par le pas de Séchilienne ; pour les chevaux.
– On va de Séchilienne à Saint-Barthélemy en demi-heure. Ce chemin passe par le hameau appelé l’Isle de Ratier et par le mauvais pont de Saint-Barthélemy; pour les chevaux.
– On va de Saint-Barthélemy au Moulin-Vieux en trois heures. Ce chemin passe au pont des Eissarts ; pour les chevaux. On va de Saint-Barthélemy à la Mure en trois heures. Ce chemin passe par le Sapey et le Villard-Saint-Christophle ; pour les chevaux.
– On va de Séchilienne à Vizille en une heure et demie. Ce chemin passe par la croix du Montet et par le Péage : pour les Voitures à roues.
– On va de Séchilienne à Vaunavey en trois heures. Ce chemin passe par le col du Lutet et par la chartreuse de Prémol ; pour les chevaux.
– On va de Vazmavey à Grenoble d’un côté par le vallon de Sonan et Gières, d’un autre par Briez, Tavernol et Eybins. Il faut deux bonnes heures; pour les chevaux.
– On va de Vaunavey à Vizille en une heure; pour les voitures à roues.
– On va de Vizille à Grenoble en deux heures et demie; pour les voitures à roues.

BRIANÇONNAIS, EMBRUNAIS ET GAPENÇAIS
ROUTES PRINCIPALES

De Briancon à Grenoble, il y a une grande et une petite route. – La grande passe au pont de Saint-Martin, à l’Abessée, a Saint-Creprin, au pont de Saint-Clément, à Châteauroux, à Embrun, : au pont de la Clapière, au pont de Savines, à Chorges, au col de Saint-Guigues, à Brutinel, à Saint-Bonnet, aux Traverses de Corp, à Corp, au Pont-Haut, à la Mure, à Laffrey, au pont et au bourg de Vizille, à Brié, à Tavernolles et à Eybens. Cette grande route est bonne pour les voitures à roues. On la compte de vingt huit lieues. – Quant à la petite, elle passe à Chantemerle, au BRIANÇONNAIS, EMBRUNAIS ET GAPENÇAIS. 497 Monêtier, aux Cassettes, au col de Lautaret, à la Grave, au Dauphin, au Mont-de-Lens, au pont de Sainte Guillerme, au Bourg-d’Oysans, à la Paute, au pont de la Venat à Livet, à Clavaux, à Gavet, au pont de ce nom, à Ratier, au Péage, et vient rejoindre la grande à Vizille ; cette petite route est fort bonne pour les chevaux sur toute sa longueur, mais praticable aux voitures à roues seulement depuis le Bourg-d’Oysans jusqu’à Grenoble.
On la compte de dix-sept lieues.

– On va de Briançon au col du Lautaret en cinq heures.
Ce chemin passe par Saint-Chaffré Chantemerle le Monêtier, les Cassettes, le Lauzet et la Magdeleine ; très bon pour les chevaux.
– On va de la Magdeleine à Place-de-Valloire en cinq heures et demie. Ce chemin passe par le col du Galibier; fort bon pour les chevaux.

Pour aller du pas d’Aspres à Bourg-d’Oysans on passe à Corp, à la Chapelle-Saint-Jean, à Sainte-Luce ; à Ville-Longue, au col de la Cheinalete, aux Engelas, à Entraigues, au pas de la Barrière, à Doren, à Chantelouve, au col d’Ornon, au pas de Périment et à la Paute. Cette route est bonne pour les chevaux ; il faut douze heures.

– On va de Chantelouve au Bourg-d’Oysans en quatre heures. Ce chemin passe par le col d’Ornon et par la Paute ; bon pour les chevaux.

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