Le « Réveillé » Coutume de jadis

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Villar d’Arene vers 1932, carte postale, collection Archives des Hautes-Alpes.

LE « RÉVEILLÉ » COUTUME DE JADIS 

Source : Archives de Mme Louise Pudda
Extrait du Bulletin Paroissial La Grave.
Publication : novembre 1953

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Le  jour des morts à Villar d’Arène en 1849

L’abbé Rey, curé de Villar d’Arène en 1849, a décrit avec une multitude de détails savoureux la célébration des fêtes de la paroisse, dans un registre que nous conservons pieusement. Voici comment il raconte les diverses cérémonies du Jour des Morts.
Nous sommes persuadés que dans toutes les localités du canton on faisait de même, le témoignage des personnes âgées est concordant sur ce point précis. Laissons la parole au curé d’alors :
« À deux heures de l’après-midi, vêpres de la Toussaint suivies immédiatement de la bénédiction du Saint-Sacrement après laquelle suivent les vêpres des morts. Celles-ci terminées, en procession au cimetière.
La procession se met en marche au chant du Miserere et du de Profundis. Arrivés au cimetière, on chante l’absoute, on revient à l’église en chantant les mêmes psaumes.
Conformément à l’habitude, le sacristain est tenu de sonner le glas depuis le moment où la procession se fait jusque vers 11 heures du soir à la volonté de M. le Curé.
Autrefois on sonnait toute la nuit.

À la tombée de la nuit, quelques membres de la confrérie des Pénitents désignés par M. le Recteur à cet effet, revêtus de leurs habits se réunissent pour chanter le “Réveillé” dans toute la paroisse, Villard Pied-du-Col et les Cours. M. le Curé doit être chez lui, au moment où les Pénitents chantant le Réveillé, paraîtront devant sa croisée. L’usage veut qu’il les fasse entrer et leur offre un verre de vin, un morceau de pain et du fromage.

Il n’est pas le seul tenu à cette officieuse invitation. M. le Maire, les dignitaires de la confrérie, les notables de la paroisse se font un devoir et un honneur d’offrir quelque rafraichissement aux Pénitents qui viennent à leur porte, les inviter à penser à la mort et à prier pour les décédés. Avons-nous besoin de dire que souvent des confrères peu sobres et amis de la bouteille comme il s’en trouve toujours dans toutes les paroisses, se laissent entraîner à des excès très répréhensibles surtout dans l’accomplissement d’un acte religieux. Certainement nous nous sommes élevés contre cet abus, mais notre voix n’a pas toujours été écoutée avec cette soumission que nous étions en droit d’attendre…

Les chantres du “Réveillé” ayant parcouru toutes les rues du Villard, partent pour le Pied-du-Col en disant le chapelet pour le repos des morts. En y arrivant, ils se rendent d’abord à la chapelle où les habitants du hameau, tous réunis, prient en les attendant. Après avoir prié, ils passent ensuite devant toutes les maisons en chantant devant chacune quelques versets du “Réveillé”.
Après ils montent aux Cours pour y faire absolument les mêmes cérémonies.
De retour au Villard, le Recteur offre à souper à tous ses coopérateurs. Il est ordinairement minuit ou une heure !… Et on se retire à 4 ou 5 heures du matin.

Et voilà comment les cérémonies les plus impressionnables, les plus propres à éveiller la pensée du salut au fond des cœurs s’accomplissent dans cette paroisse. Elles sont un haut témoignage de la grande piété qui a dû exister autrefois dans ce pays… »

Le Réveillé
Ce chant comprend 21 couplets. Les trois premiers couplets s’adressent à M. le Curé, à M. le Maire, au Recteur des Pénitents. Ensuite le chant s’adresse aux voleurs, aux filles de petite vertu, aux veuves joyeuses, aux mécréants, etc. Nous ne pouvons pas reproduire intégralement ici le « Réveillé », qu’il nous suffise de recopier
quelques couplets :

À M. le Curé :
Éveillez-vous notre pasteur
Très digne prêtre du Seigneur
Venez prier pour le troupeau
Que vous a confié le Très-Haut

À M. le Maire :
Et vous Monsieur le Magistrat
Vrai représentant de l’État
Je vous dis sans vous faire tort,
Il vous faut penser à la mort

Au Recteur :
Réveillez-vous, notre recteur
Réveillez-vous plein de douceur
Pour penser à l’éternité
À cette grande vérité,

17e Filles pleines de vanité
Que deviendra votre beauté
L’infection, la puanteur
Vous rendront des objets d’horreur.

19e Si vous avez des ennemis
Ne pardonnez pas à demi
Puisque le Pater nous apprend
À pardonner entièrement.

20e Si vous avez le bien d’autrui
Restituez-le dès aujourd’hui
Si vous tardez, vous avez tort
Demain vous pouvez être mort.

Pour copie conforme : Abbé BERARD.

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