Population d’ensemble de l’Oisans

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Photographe et promeneuses sur une route d’Oisans, Eugène Charpenay photographe, 1890, source Musée Dauphinois, collection Isère.

POPULATION D’ENSEMBLE DE L’OISANS
Source extrait de la Thèse d’André Allix, chapitre « La Population » (livre III, chapitre I), cette analyse sur « La population d’ensemble ».
Date d’édition : 1929

POPULATION D’ENSEMBLE
Suite de l’article Communes routière et industrielles de l’Oisans

Mais il faut retenir aussi que ces facteurs ont une bien modeste influence sur l’ensemble du mouvement de population.
C’est ce que nous montrera enfin la courbe démographique de l’Oisans entier (fig. 56, III). Assurément, aujourd’hui, grâce au Bourg et surtout à Livet, c’est-à-dire grâce à la route et surtout à l’industrie, la dépopulation est plus nettement freinée que dans les seules communes rurales. Mais jamais encore ces deux facteurs, jamais le caractère urbain, n’ont pris dans l’ensemble de l’Oisans la prépondérance qu’ils marquent si nettement, dès 1856, dans le canton de Vizille. Une seule fois, pendant quinze ans, au lendemain de la construction du tramway, le Bourg-d’Oisans remorque vers le haut la courbe d’ensemble que les communes rurales tirent en bas. À part cette exception passagère, la courbe générale du pays reste toujours parallèle à celle des communes rurales ; elle est même curieusement semblable à celle des communes plutôt agricoles de moyenne et basse altitude (graphique I, courbe 2), qui restent évidemment jusqu’aujourd’hui l’élément essentiel de l’évolution démographique. Et même, si nous examinons de près le mouvement des communes où jouent les données non rurales (graphique fig. 56 II), nous constatons qu’elles n’arrivent pas à masquer la prépondérance campagnarde. Celle-ci ne passe au second plan qu’au Bourg depuis 1896, et ne disparaît qu’à Livet depuis 1866. Partout ailleurs, elle règne. Tous les maxima, sauf ces deux exceptions, correspondent à l’un ou à l’autre des maxima ruraux. Tous les forts déclins correspondent aux crises agricoles et aux dépeuplements ruraux. Le déclin de Livet depuis 1846 n’accompagne pas seulement la ruine des hauts fourneaux, mais aussi la maladie des pommes de terre. Le Mont-de-Lans, si visiblement ravalé en 1811 par l’éloignement de la route, reprend aussitôt après la croissance commune aux communes rurales de son type, et ne cesse plus de suivre leur marche. Le Freney, le Villard-d’Arène, si fortement routiers, commencent à décroître en pleine période de roulage, dès 1851, parce que la baisse agricole les entraîne.
Saint-Christophe, que le tourisme a si longtemps retenue sur la pente, s’y abandonne depuis vingt ans, tandis que tourisme et alpinisme sont plus intenses que jamais. Le Bourg-d’Oisans, presque jusqu’à nos jours, avec son ascension brusque et son déclin foudroyant, ne fait que reproduire en l’exagérant la courbe agricole générale ; il résume et symbolise avant tout les communes de campagne dont il est le centre d’échanges.

Il ne faut pourtant pas sous-estimer à l’excès le rôle des éléments non ruraux. L’ouverture de la route a certainement été pour beaucoup dans les progrès de l’Oisans agricole et pastoral, entre 1755 et 1851. Mais, sous cette forme, elle ne représente en somme qu’un des aspects, non le moindre, de la « révolution agricole » ; à la culture rénovée, à l’élevage plus souple, elle offre des moyens de perfectionnement et des débouchés accrus.

Quand l’évolution est faite, son rôle se renverse : aux anciens Robinsons de la montagne elle ouvre plus vaste le monde des bas pays. Si, comme il est probable, nous allons vers une population étale, peut-être vers une crue nouvelle déterminée surtout par la circulation et par l’industrie, il faut bien dire que les indices commencent à peine à s’en manifester ici ; les facteurs modernes de transformation n’ont encore marqué le pays que d’une empreinte légère, et leur action véritable est toujours dans l’avenir.

On doit enfin noter que, vie rurale ou conditions extérieures, les facteurs de l’évolution démographique agissent ici d’une manière assez spéciale, qui explique la relative brutalité des à-coups. L’équilibre entre mortalité et natalité ne joue qu’un rôle secondaire ; le départ ou l’afflux des adultes a beaucoup plus d’importance. L’Oisans évacue des émigrants autant qu’un vieux pays agricole surchargé ; et de nos jours, par une sorte de compensation automatique, il absorbe en certains endroits des immigrants, autant qu’un pays neuf, avide d’hommes, dont l’industrie est toute jeune.

21 Même les communes purement rurales, après 1891, se ressentent nettement de l’ouverture du tramway du bas Oisans (courbe I).

Figure 56, I
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Figure 56, II 
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Figure 56, IIICliquez-moi !

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