1785, Voyage de Dhellancourt en Oisans

Combe Malaval.

1785, VOYAGE DE DHELLANCOURT EN OISANS
Cahier publié par Paul Guillemin (avec une carte que je n’ai pas retrouvée)
Imprimerie F. Allier Père et Fils Grande-Rue Cour de Chaulnes, 1892

D’autres voyages scientifiques en Oisans : 

 

Première partie
Graphie du texte original respectée.

OBSERVATIONS MINÉRALOGIQUES
Faites dans le Dauphiné, depuis la source de la Romanche jusqu’à la plaine de l’Oisans, en août et septembre 1785 (Nota : la table des matières donne la date de 1786, mais il n’y a là qu’une erreur d’impression puisque le titre du volume porte juillet 1786, et que le voyage a eu lieu en août et septembre.)

Par M. DHELLANCOURT, Ingénieur des Mines.

Nécrologie d’Antoine-Marie LEFEBVRE D’HELLANCOURT (1759-1813)

Avant propos  :
Les sujets d’actualité commencent à manquer à la Rédaction de l’Annuaire ; aussi, donne-t-elle avec empressement l’hospitalité aux manuscrits inédits dus à nos précurseurs dans les Alpes ; toutefois, cette veine est pauvre et sera vite épuisée.
La collection des documents alpins, anciennement imprimés, est, au contraire, très riche en ce qui regarde la province du Dauphiné ; mais la plupart, perdus dans d’épais recueils qu’on ouvre plus, n’ont même jamais été signalés dans les bibliographies modernes spéciales. Il est pour lesquels cet oubli est injuste ; le cours mémoire que nous réimprimons est de ces derniers. Il est extrait de : Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts, avec des planches en taille-douce dédiée à Mgr le comte d’Artois ; juillet 1786, tome XXIX, à Paris, au bureau du « Journal de Physique » M. DCC. LXXXVI.
À côté d’aperçus géologiques qui ont fait leur temps et que nous ne prendrons pas la peine d’annoter, on trouvera, concernant les mines, les coutumes et les mœurs, des observations qui ont gardé toute leur valeur, de curieuses indications de noms de lieux, ainsi que d’intéressants sujets de comparaisons entre l’état ancien de la montagne et celui actuel.
Une réimpression semblable n’étant pas faite pour les écoliers, nous avons été sobres de notes. Il y a d’ailleurs quelque sottise à faire un facile étalage d’érudition en pareille manière ; ceux qui, sur le [la] vu du titre, prendront la peine de lire le mémoire de l’ingénieur Dhellancourt connaissent mieux que nous la région décrite et sauront mettre au point.

Paul Guillemin.


La Romanche prend sa source à environ deux lieues du Villar-d’Arène, village qui se trouve sur la petite route de Grenoble à Briançon. La direction de cette rivière à sa source est du sud-ouest au nord-est ; mais elle change bientôt et tourne vers l’est. Elle n’est à son origine que l’écoulement des glaciers immenses qui enveloppent presque toute la surface élevée des montagnes qui l’environnent. Cette rivière est déjà volumineuse et rapide au Villar-d’Arène, où elle s’est creusé un lit profond dans le schiste argileux qui est appuyé sur la base de la montagne appelée la Sure. (Ce nom, qui se retrouve dans Villars et dans Mutel, n’est plus appliqué à une montagne ; la chaîne de la Sure, que décrit si bien Dhellancourt, est celle de l’Homme. Le plan cadastral indique la Seuire [prononcé Sourre] qui veut dire source : c’est le nom actuel d’un quartier d’Alpages et du ruisseau qui descend du glacier du Bec. Le pic de l’Homme est appelé à Villard-d’Arène, le Bec et à La Grave, l’Homme tout simplement. Les Trois-Hommes sont les petites pointes qui se voient si bien en montant au Lautaret ou à l’Alpe.
Cassini nous donne : le Chat de l’Homme ; montagne de l’Homme et mines de cristal.
Capitaine indique seulement ; Mine de cristal, dans deux publications : 1re Carte générale de Dauphiné levée géométriquement par Order du Roy, dédiée à M. de la Bove, par le Sr Capitaine, 1787, en 4 feuilles ; 2e Carte des Départements de Hautes-Alpes, de l’Isère et de la Drôme, avec la configuration des montagnes et la détermination des plus élevées, etc., par le citoyen Louis Capitaine, vers 1791 en 4 feuilles.
Chanlaire, vers la même époque fournis montagne de l’Homme et mines de Cristal.
La Mine de cuivre décrite par Dhellancourt est désignée sous le nom de mine de bas de pic dans le « Plan général des mines et établissemens de la Compagnie d’Allemont ». Paris Thierry, 1841.

Montagne de la Sure. — Cette montagne s’étend du sud-est au nord-ouest : elle est forte élevée ; sa cime est toujours couverte de neige. Sa surface est presque par tout aride et très escarpée. On n’y rencontre que rarement quelques brins de sapins qui y végètent languissamment ; le genre e pierre qui constitue la masse de cette montagne est la roche feuilletée primitive quartz et mica par couches minces alternatives, le gneiss des Saxons. Les couches de cette montagne sont très irrégulières. On a découvert à sa surface plusieurs filons de cuivre et de plomb.

Filon de Plomb. — L’un d’eux qui est le plus élevés est un filon de mine de plomb à l’état de galène ; dans l’espace de 4 à 5 toises que j’ai pu suivre ce filon a découvert, sa puissance m’a paru varier de 3 à 7 et 8 pouces ; la Pierre de la gangue ou la matrice du minerai est le quartz. Sa direction fait à peu près un angle de 45° avec celle de la montagne. Il coupe perpendiculairement les couches du rocher. Quelques paysans du Villar-d’Arène exploitent ce filon et vont vendre le plomb à Allemont où il est nécessaire pour fondre le minerai d’argent, le la mine des Chalanches.

Filon de cuivre et de plomb. — À quelques toises plus bas, sur la même face de la montagne, est un autre filon. Celui-ci a une direction parallèle à celle de la montagne. Il s’incline de 15° au sud-est. Il fournit de la pyrite cuivreuse, de la chaux de cuivre bleue et verte, et aussi de la mine de plomb à grain d’acier souvent strié. La pierre dominante de la gangue m’a paru être le quartz. J’y ai vu du spath pesant.

Filon de cuivre et d’arsenic. — Des Paysans du villar-d’Arène travaillent encore depuis peu à un autre filon qui s’est trouvé plus bas que le dernier, toujours sur la même face de la montagne ; mais dans un endroit moins escarpé que les précédents. Ce filon paroît aussi, autant qu’on en peut juger à présent, avoir la même direction que la montagne et s’incliner de quelques degrés vers le sud-est. On y trouve de la mine de cuivre jaune, quelques fois chatoyante et approchant pour l’aspect de celle que les Allemands appellent paon schwesel, queue de paon. Ce même filon fournit abondamment une pyrite grise très chargée d’arsenic.
La pierre de la gangue paroît être aussi le quartz ; on y voit en outre une terre ocreuse brune.
J’ai vu encore, en différents endroits de la surface de cette montagne, des indications de filons cuivreux ou au moins pyriteux et quelques tentatives faites par les paysans ; mais filons que je viens de décrire m’ont paru seuls jusqu’à présent mériter quelque attention particulière.

À suivre…

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